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Numéro 5 01/2018 Numéros

Interview croisée de professionnels de l’accompagnement scolaire

Dans cette interview, Amandine Houllier croise les regards de trois coaches spécialisées dans l’accompagnement scolaire : Sandrine Zelinsky, Céline Damon et Laëtitia Charlier. Ensembles, elles abordent des points fondamentaux de l’accompagnement scolaire et définissent d’autant mieux le périmètre d’action du coaching

Laëtitia Charlier, Céline Damon & Sandrine Zelinsky
Interview croisée réalisée par Amandine Houllier – première publication le 06/03/2018


Préambule

Dans cette interview, Amandine Houllier croise les regards de trois coaches spécialisées dans l’accompagnement scolaire : Sandrine Zelinsky, Céline Damon et Laëtitia Charlier. Ensembles, elles abordent des points fondamentaux de l’accompagnement scolaire et définissent d’autant mieux le périmètre d’action du coaching, d’abord aux côtés des autres disciplines d’accompagnement présentes dans le milieu scolaire, ensuite auprès des clients, c’est-à-dire les parents et/ou les étudiants.
Mots-clés : coaching, Orientation, scolarité, coaching scolaire

Abstract

In this cross-interview, Amandine Houllier exchanges views with three coaches, Sandrine Zelinsky, Céline Damon et Laëtitia Charlier, all three specialised in educational coaching. Together, they address fundamental points of educational support and therefore narrow coaching’s sphere of activity, firstable aside other support disciplines, then next to clients, that is parents and/or students.
Keywords : coaching, orientation, education, educational coaching


Le rôle du coaching dans l’accompagnement scolaire

1/ Délaissant le coté pathologique et typologique des approches traditionnelles, le coaching les supplante et amorce un mouvement ou la potentialité et les ressources sont valorisées démultipliant les potentialités, les talents et le développement de l’individualité. Comment expliquer vous cette dynamique ? Pouvez-vous relier cette affirmation à des points d’observation ?
Sandrine ZELINSKY, Coach professionnelle à Toulouse :
Au même titre que le coaching traditionnel de développement personnel de l’adulte, le coaching scolaire, par son approche objective et rationnelle permet au jeune de s’exprimer sans jugement. Le coaching est perçu par le jeune client comme la première opportunité d’être écouté, considéré pour l’individu qu’il est.
L’espace de coaching crée par le rapport collaboratif favorise la prise d’autonomie par le jeune client sur son existence. Il s’agit souvent de sa première expérience en tant qu’individu et non pas uniquement dans sa position d’enfant ou d’élève contraint de respecter des règles qu’il juge parfois injuste.
La relation de confiance qui se construit va l’encourager à se confier et prendre conscience que ses comportements interagissent avec son environnement et que «les autres» ont d’autres modes de fonctionnements, d’autres comportements face aux évènements extérieurs.
L’accompagnement stratégique les amène à libérer leurs émotions, comprendre quelles en sont les sources et repositionner leur comportement face à une situation difficile.
Soumis à de nombreuses sollicitations contradictoires : l’école, les parents, les amis, les premiers amours… Le jeune éprouve parfois une confusion qui ne l’aide pas à se construire sereinement, il n’arrive plus à déterminer ses priorités.
Les outils du coaching scolaire sont fondamentaux pour lui permettre de repositionner ce qui est important pour lui dans son environnement.
J’ai l’occasion d’accompagner des adolescents perçus par les adultes qui les entourent comme laxistes ou fainéants, il s’avère qu’en général le jeune est dans une position d’abandon. Il n’arrive pas à contenter tout le monde.
Le coach, extérieur à l’univers du jeune, va être le support à l’affirmation de son individualité, le guidant ainsi dans la découverte de ses talents, sans jugement, sans pression.
Cet espace lui permet ainsi de construire objectivement un avenir scolaire et professionnel qui lui correspond et pour lequel il est motivé.

Céline DAMON, Coach professionnelle à Paris-Île de France
Parler de pathologie ou de typologie est une approche un peu brutale. Et en même temps, il est vrai que classiquement, on le constate sur le terrain, lorsqu’un élève bénéficie d’un suivi individuel dans le cadre scolaire, que ce soit à l’initiative du CPE ou du professeur principal, ces derniers vont se rapprocher prioritairement des partenaires internes de l’école que sont l’infirmière scolaire ou l’assistante sociale, qui vont elles-mêmes pourquoi pas rediriger vers le psychologue, ou l’orthophoniste. En tous cas, on envisage ici la situation de l’élève d’un point de vue négatif, et souvent en lien avec une problématique de nature exclusivement médicale ou sociale, qu’il s’agisse d’un comportement inapproprié ou d’une baisse de résultats. Le coaching scolaire s’envisage dans une approche positive. On ne se pose pas la question de savoir « pourquoi » ça ne va pas. On va se poser la question de « comment » on va faire pour que ça aille mieux, pour que ça s’arrange. Ça c’est une première chose.
La deuxième chose, c’est que ces actions menées par l’école, aussi pertinentes et efficaces soient-elles, répondent à une problématique rencontrée à un instant T. Elles ont leurs limites sur le long terme. L’intérêt du coaching, c’est la durabilité. Et aujourd’hui, cette durabilité a une visibilité. Le coaching en général, et le coaching scolaire en particulier, existent depuis un moment maintenant. On a donc une lisibilité et un recul sur leurs effets, et on sait que l’accompagnement d’un coach scolaire a un effet positif dans la durée sur la réussite de l’individu.
La troisième raison, c’est qu’il y a une perte de confiance très largement exprimée de la part des familles dans la capacité de l’école à résoudre les difficultés des élèves. Cette réalité est, elle aussi, très médiatisée. L’institution scolaire ne s’en cache pas. On est conscient en France des faiblesses de notre système éducatif. Des tas de choses sont mises en place pour tenter d’y remédier. Les initiatives se multiplient, localement sur le terrain, mais aussi au plus haut niveau, où l’on commence doucement à envisager la possibilité d’introduire le coaching au sein de notre service public d’éducation. Mais la route est longue, et les familles ont tendance désormais à se tourner vers l’extérieur, et notamment, et de plus en plus, vers le coach scolaire, parce qu’elles pensent que l’école est pour le moment dans l’incapacité de les aider. A cela, les raisons sont multiples : il s’agit essentiellement de contingences liées aux moyens, mais pas seulement. Les représentations ont la vie dure, notamment la conception encore très ancrée chez certains de ce que doit être le rôle de l’école, ou encore de la manière d’accompagner un élève. Il est vrai que dans le cadre scolaire, l’élève est considéré relativement à ce qui se rapporte à son métier d’élève. Dans le cadre d’un coaching scolaire, on va s’intéresser à son ressenti, aux émotions liées à son vécu scolaire en tant qu’individu. En réalité, les raisons de l’expansion du coaching scolaire sont nombreuses et multifactorielles, et notamment liées au fait qu’on constate chez les parents un changement majeur dans la représentation de la notion de réussite. La réussite d’un élève, la réussite d’un jeune ne se limite pas à un bulletin de note. Il y a autre chose à travailler, autre chose à réfléchir, autre chose à développer, et à approfondir chez un enfant, chez un adolescent. A commencer par l’estime de soi, formidable levier de réussite. Et en matière d’estime de soi, le coaching scolaire est un outil redoutable. Et ne serait-ce que pour cela, je suis convaincue qu’il a vocation à devenir, de manière officielle, concrète et positivement assumée, un réel partenaire pour l’école.

Laëtitia CHARLIER, Coach professionnelle Paris-Île de France
Rappelons que le coaching trouve ses origines dans les sciences humaines, et de par sa transversalité, il permet d’appréhender l’ensemble des interactions et des comportements individuels et organisationnels.
Ainsi, le travail du coach amène le coaché à se repositionner quant à son objectif, à élaborer des solutions qui lui sont propres, en relation avec la valorisation et la mise en œuvre de ses potentiels.
En effet, le coaching est un accompagnement dans le but d’améliorer les performances, de libérer le potentiel, de permettre l’expression pleine et entière de l’unicité de l’individu. Aussi, les principes du coaching reposent sur l’ouverture d’esprit, la responsabilité et la confiance en soi.
Le coach accompagne le coaché, libre et conscient de son engagement, en délimitant un cadre (espace, temps, déontologie…), en veillant à garder son extériorité cognitive. Il s’engage dans un rapport collaboratif, travaillant ensemble sur la détermination d’un objectif et la mise en œuvre des moyens pour l’atteindre. Ainsi, le coach croit aux ressources encore inexploitées de la personne et la renforce dans la confiance en soi, en l’accompagnant dans ses propres choix et décisions.
Le coaching implique donc pour le coaché un travail sur soi, une prise de conscience de ses représentations, ses valeurs, ses croyances… En définissant un but à atteindre, il donne du sens et identifie les moyens à mettre en œuvre. La question du sens et donc de la finalité est importante, lorsque l’individu a déterminé ce qu’il veut et ce qu’il peut faire, il devra se positionner au centre de la dynamique de changement.

Les parents et l’orientation de l’enfant/élève

2/ Comment percevez-vous les élèves et leurs parents dans leur positionnement face à la question de l’orientation ?
SZ : Globalement, les parents sont inquiets par rapport à l’orientation de leurs enfants. Les jeunes sont très tôt sollicités sur leurs aspirations professionnelles futures.
Il existe une méconnaissance des différentes voies scolaires et professionnelles, de nombreuses croyances sur certaines filières. Les parents et leurs enfants élèves sont perdus et peu autonomes dans la recherche des solutions pour découvrir les voies adaptées à leur profil.
Les parents ont un référentiel encore trop empreint de leurs expériences passées, il existe une réelle rupture de génération dans ce domaine, l’accès à internet (direct ou indirect par les amis) a profondément modifié la perception du monde professionnel. Les informations recueillies sont souvent subjectives et les recherches établies à partir de croyances ou métiers fantasmés.
Le travail structuré du cadre de l’accompagnement implique parents et élèves dans la construction d’un parcours réfléchi et dont les enjeux sont connus et compris.

CD : Ce qui caractérise les parents par rapport à la question de l’orientation, c’est l’anxiété. L’anxiété liée à l’incertitude et à la peur de l’avenir, renforcée par cette avalanche d’informations à laquelle on ne peut pas échapper. Dans la rue, dans le métro, dans la presse, à la radio, sur internet, partout, tout le temps, on nous rappelle qu’il existe des salons, des tests en ligne, des journées portes ouvertes, des sites web spécialisés, des dossiers spéciaux dans tel ou tel magazine, sur l’orientation post-bac notamment. Cette surabondance, loin de rassurer, contribue à générer une pression terrible chez les intéressés. D’autant plus que « Parcoursup », la nouvelle application d’affectation post-bac qui a vu le jour cette année, remplace APB avec la promesse de ne pas commettre les mêmes erreurs. Toujours est-il qu’elle n’a pas encore été éprouvée, et que l’année dernière, nombreux sont les lycéens qui se sont retrouvés sur le carreau sans aucune solution d’orientation en études supérieures. Les parents s’inquiètent énormément, et les jeunes héritent de leurs angoisses. La pression est d’autant plus conséquente que le calendrier est très tendu. Tout se joue entre janvier et mars. On leur demande de prendre une décision très importante dans un délai très court, avec cette représentation très ancrée que ça va déterminer l’avenir, sans possibilité de retour. Le système dans son ensemble leur renvoie l’idée qu’à 17 ans, tout est figé, et que si l’on se plante maintenant, si l’on fait le mauvais choix, tout est perdu. Alors que la vraie question à se poser n’est pas tout de suite « quel métier je veux faire », mais plutôt « dans quel environnement ai-je envie de travailler ». Beaucoup se tournent vers le coach scolaire, complément indispensable pour finaliser, choisir, décider, patienter, relativiser. L’enjeu pour le coach va consister à leur permettre de gérer la pression, à trouver en eux les ressources pour envisager peut-être un changement de regard, et approcher l’échéance autrement. L’appréhension empêche un jeune sur deux de prendre des décisions d’orientation en toute confiance. D’autres s’engagent dans des voies en fonction de choix induits par leurs parents, par l’environnement, ou par l’idée que certains métiers sont rentables, et explosent à l’université. Prendre le temps de se mettre autour d’une table avec un coach scolaire pour comprendre les projets que chaque parent à pour son enfant, et ceux que le jeune a pour lui-même est un exercice salutaire. Cela permet au lycéen de réfléchir sans contrainte, de se poser les bonnes questions, de donner un sens à sa décision d’orientation, de préparer, d’anticiper, et de choisir une voie qui corresponde à ses valeurs personnelles et dans laquelle il souhaite se réaliser. Car contrairement à ce que beaucoup pensent encore, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises voies, il y a celles qui vous conviennent, ou pas.

LC : La France offre aujourd’hui un large panel de formations et les élèves et leurs parents doivent très tôt choisir leurs orientations, d’abord pour leurs études secondaires, puis supérieures. Cependant, ils ne savent pas toujours où chercher toutes ces informations, ou encore comment les traiter.
De plus, les filières générales gardent encore une image plus valorisée que celles de l’apprentissage ou du technologique. Ceci tend, finalement, à réduire les options possibles et donc mener les élèves le plus souvent vers l’Université.
Ainsi, parfois perdus dans leurs choix, certains élèves vont s’orienter vers un baccalauréat général scientifique, dans l’illusion que toutes portes post-bac leur seront ouvertes, mais sans avoir défini au préalable lesquelles…
D’autres, vont suivre leurs amis, ou encore le même cursus qu’un de leurs parents, se sentant ainsi presque obliger à perpétuer une sorte de tradition familiale, mais tellement rassurant…
D’autres encore vont s’en remettre aux avis de certains professeurs, qui pourraient restreindre le choix des filières en raison de leur niveau scolaire. Ainsi, ils se retrouvent dans des voies conseillées, mais peu motivantes.
A ces orientations, s’ajoute ensuite la sélection pour suivre les études supérieures : concours, dossiers et entretien de sélection pour les Grandes Ecoles… Inscription sur la nouvelle plateforme pour l’Université (un nouveau projet de loi réformant cet accès est en cours), ce qui peut susciter une certaine angoisse auprès des familles. En effet, si le choix est enfin déterminé, l’accès n’en est pas garanti, il convient donc d’avoir un plan B.
Je pense que les parents ont besoin d’être rassurés sur la question de l’orientation et que les élèves soient renforcés sur leurs potentiels. A nouveau la question du sens et de la finalité reste centrale quant à cette question, en lien bien évidemment avec la motivation.

Le rôle de l’établissement scolaire

3/ Coach interne à l’établissement, coach externe ? Que pensez-vous de ces deux solutions ? D’ailleurs, selon vous quelles seraient les qualités et compétences fondamentales pour un coach scolaire ? Quels critères de légitimité ?
SZ : Je n’ai jamais envisagé cette possibilité de coach interne dans le cadre scolaire. A mon sens il est fondamental pour le jeune que le coach soit perçu comme extérieur à l’environnement de l’élève. Les sources de ses difficultés provenant de son environnement, il peut être difficile pour lui de se sentir en confiance auprès d’un agent scolaire.
Il existe des conseillers d’orientation qualifiés auxquels les élèves en difficulté font parfois appel sans que cela ne les fasse avancer dans leurs recherches. Le processus de coaching est un préalable indispensable à la découverte de ses potentiels et aspirations individuelles.
Un coach interne pourrait être identifié comme un psychologue scolaire, or ce n’est pas son rôle.
Dans le cas d’un coach scolaire interne, il serait nécessaire pour l’établissement de communiquer précisément sur les prérogatives d’un tel accompagnement. Le coach interne ne devra pas être différent d’un coach extérieur et proposer les mêmes prestations, avec les mêmes qualifications. Les mêmes obligations déontologiques et de supervision.
Les établissements scolaires pourraient être prescripteurs d’un coaching scolaire, qui pourra être effectué en interne ou par un prestataire extérieur. A mon avis, le fait de pouvoir donner la possibilité d’externaliser la prestation donne de la légitimité au coaching scolaire.

CD : Être coach interne aujourd’hui au sein d’un établissement scolaire me semble prématuré. Autant cela paraît être une option imparable pour résoudre une foultitude de problèmes et de difficultés de terrain liés au fonctionnement des établissements scolaires, que ce soit sur un plan structurel, organisationnel, en termes de leadership du chef d’établissement, de choix stratégiques, de révélation des potentiels individuels, et de cohésion d’équipe éducative. Autant je pense que l’institution n’est pas prête. Le coach interne, qu’il soit dédié à l’accompagnement des professionnels de l’enseignement et de l’éducation et/ou à l’accompagnement des élèves et de leurs parents, aurait, selon moi, toute sa place au sein de l’établissement scolaire. Mais actuellement, il se heurterait à la réalité d’un système extrêmement normé qui, à mon sens, n’est pas encore prêt à accueillir un tel changement. A minima, pour que le coach ait une légitimité aux yeux des acteurs du système en place, il faudrait qu’il en soit issu, ce qui rassurerait (peut-être) les esprits, mais aurait pour risque de biaiser sa liberté d’action. Et en même temps, la connaissance du milieu éducatif, de ses valeurs, de ses enjeux, la compréhension de la manière de les appréhender, serait un véritable atout pour le coach interne, et le gage d’une réelle expertise qui lui permettrait d’explorer plus avant les impacts qu’un coaching peut représenter à l’échelle d’un établissement scolaire. Et cette expertise offrirait aussi au coach interne un regard particulier sur le contexte du coaching, et une plus grande finesse d’analyse. Cela suppose de sa part une capacité accrue à questionner sa posture, une capacité à faire le vide en soi, à identifier les savoir-être à mobiliser pour rester dans son rôle de coach, afin d’avoir la certitude d’être dans le juste, et de préserver la qualité du rapport collaboratif. Finalement, dans l’éventualité où ce dernier trouverait effectivement sa place au sein de l’établissement scolaire et l’acceptation de son rôle par ses pairs, il devrait être particulièrement solide sur son positionnement et sa confiance en lui pour faire preuve d’une neutralité totale et d’une extériorité politique à toute épreuve. Et à l’interne, c’est peut-être un peu tôt en l’état. Mais c’est une disposition que le système scolaire devrait envisager parce qu’à terme, je pense qu’on va y venir. Et je le souhaite.

LC : Coach interne vs coach externe, des avantages et des inconvénients.
Si le coach interne est sur place, donc plus facilement disponible, en lien directement avec le corps enseignant, il peut cependant, être assimilé par les élèves comme un « membre » à part entière de la communauté éducative. Cet adulte qui fait aussi figure d’autorité dans l’établissement, pourrait manquer de perspective et d’impartialité, étant lui-même salarié, influencé par une culture liée à la Fonction Publique et plus spécifiquement à l’Education Nationale. En revanche, il peut envisager un accompagnement auprès des professionnels de l’établissement, voir mettre en place un coaching d’équipe.
Quant au coach externe, il intervient dans un lieu et un cadre différent, faisant preuve d’une extériorité politique, mais reconnaissant le rôle central de l’Ecole. Le coaché (élève, parents, professionnels) peut se sentir plus libre, dans le sens où il n’est pas dans cet environnement scolaire, il peut donc s’autoriser plus facilement à s’exprimer.
Dans les deux solutions, le coach doit mettre en œuvre certains principes généraux du coaching, sans tous les rappeler, relevons Protection-Permission-Puissance, non-jugement, confidentialité, respect de la chartre déontologique et surtout vigilance quant à sa posture et son extériorité. Le coach s’engage dans un rapport collaboratif (avec les composantes suivantes : relations empathique, authentique, chaleureuse et professionnalisme), où l’écoute active et le renforcement sont au cœur du processus de coaching.
Le coach scolaire, peu importe son lieu d’intervention, doit se sentir légitime et être reconnu aux yeux de l’élève, de ses parents et de l’établissement scolaire. Au-delà d’une formation (certification professionnelle complétée par une spécialisation au coaching scolaire par exemple), sa légitimité est liée à son approche et à sa capacité à mobiliser le potentiel et à favoriser l’expression de la créativité des coachés et, par conséquent à ouvrir le champ des possibilités.

4/ Quand ce n’est pas l’élève, mais les parents qui sont en difficulté, le coaching parental, et ou familial apporte des bénéfices certains. Accompagner les parents pour favoriser le développement de l’enfant, l’établissement scolaire peut-il, doit-il être un relai ?
SZ : Je suis convaincue des vertus du coaching parental pour l’avoir pratiqué auprès de parents dont les enfants étaient en difficulté scolaire ou personnelles. Je me pose une question sur le diagnostic du coaching à proposer.
« Doit-il être un relais ?» : je me pose la question de l’identification du besoin de coaching parental. Est-il fait par les professeurs à la suite de rencontres scolaires ? par la psychologue scolaire après un rendez-vous avec les parents ? par le conseiller d’orientation ?
« Peut-il être un relais ? » : Je pense évidemment qu’en effet, l’établissement peut communiquer aux parents l’existence de cette méthode d’accompagnement et les encourager à consulter un coach scolaire. L’intervention d’un ou plusieurs coachs lors d’une conférence peut être un excellent moyen d’informer les parents.
La prescription d’un coaching scolaire peut émaner de l’établissement, en revanche la qualification du coaching à proposer est pour moi du ressort du coach professionnel certifié et spécialisé en coaching scolaire.

CD : Être parents d’ado à notre époque, c’est compliqué. Cela suppose de disposer de clés pour les aider à grandir dont tous les parents ne disposent pas, parce qu’elles ne se décrètent pas, parce qu’on n’a pas été élevés dans la même configuration, notamment sociétale. Aujourd’hui, les adultes ne sont plus pour les enfants des exemples d’obéissance. Sans en avoir conscience, loin du modèle des générations de nos grands-parents, on enseigne à nos enfants une culture du refus de la soumission. Il n’y a pas si longtemps que ça, l’employé obéissait à son patron, la femme à son mari, la fille à son père, l’élève au maître. Aujourd’hui, on refuse les discriminations de toute nature, chacun revendique activement son droit à l’équité et à la dignité, ce qui en soi est évidemment très positif. Mais les adultes s’étonnent que les adolescents ne réagissent plus comme les générations précédentes, alors qu’en réalité ils ne font que suivre les modèles qu’ils observent autour d’eux. Ils refusent l’autorité parentale telle que beaucoup d’adultes l’envisagent encore, et cette particularité vient s’ajouter à d’autres contingences liées intrinsèquement à l’adolescence, et à la charge mentale que les parents ont à assumer par ailleurs, et qui complexifie la relation et met de nombreux adultes en difficultés dans l’exercice de leur métier de parent. Et cette difficulté à être parent d’un adolescent, ou à faire preuve de consistance et d’autorité aux yeux de ce dernier, telles que lui les envisage, peut déstabiliser l’ensemble de la structure familiale. L’intérêt du coaching parental, ou familial, dans une approche systémique, va permettre à chacun de prendre conscience de ses propres valeurs, de ses besoins, et de ses limites, et de trouver, ou retrouver, une communauté de langage, une cohésion, pour rendre possible un dialogue indispensable à l’épanouissement du jeune. Et l’épanouissement personnel de l’individu étant l’un des objectifs fondamentaux assignés à l’école, on peut tout à fait l’imaginer entrevoir le coaching scolaire comme un relais de son action éducative, lui permettant d’aller au bout de sa mission, à savoir « l’épanouissement personnel et la réussite scolaire des élèves ». En allant plus loin, on pourrait tout à fait imaginer, dans le cadre d’un partenariat avec l’Education nationale, ou d’autres instances liées à la jeunesse et à la parentalité, la mise en place d’un accompagnement ciblé sous la forme d’un coaching parental et/ou familial recommandé, voire prescrit, réalisé par un coach professionnel spécialisé et s’imposant comme complémentaire au travail effectué au sein de l’école.

LC : Le coaching parental et/ou systémique familial intervient dans un triptyque individu-environnement social-école.
Effectivement, l’établissement scolaire peut-être un relai pour favoriser le développement de l’enfant, sans toutefois y être un substitut. Leurs rôles doivent être complémentaires, œuvrant vers un objectif commun : assurer un environnement stable où l’enfant puisse s’exprimer librement, développer son potentiel et être valorisé.
Le coaching permet de rassembler conjointement les aides apportées par différents acteurs : professeur principal, équipe enseignante, proviseur… Il convient de coordonner leurs actions, formaliser la part prise par chacun de ces intervenants (pédagogiques ou spécialisés, internes ou externes…). Le coaching permet donc un suivi dans la durée et facilite les prises de décisions.

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