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Numéro 8 09/2019 Numéros

Passer d’une vision « il faut » à une vision « je veux » : un cheminement vers le vrai soi

Commencer une phrase par « je veux » plutôt qu’« il faut » est le marqueur d’une philosophie de vie bien différente ; c’est ce que cet article se propose de montrer.

Anaïs Hartmann
Première publication le 24/09/2019 – Article de recherche


Résumé

Commencer une phrase par « je veux » plutôt qu’« il faut » est le marqueur d’une philosophie de vie bien différente ; c’est ce que cet article se propose de montrer. La vision « je veux » est celle de l’écoute de soi, quand celui qui dit « il faut » subit des règles qu’il s’impose à lui-même sans les remettre en question. Par l’alignement de soi et le sens donné à la vie, la première permet d’être plus heureux, motivé et en meilleure santé. Elle permet aussi de se libérer de l’emprise du regard des autres, et de mieux accepter l’unicité de chacun. Si la vision « il faut » alloue un certain confort par la déresponsabilisation, l’assurance d’être accepté par ses pairs et la simplification des choix, cela peut se payer au prix d’un hypercontrôle de ses désirs que l’inconscient tente de contourner au travers de déséquilibres psychiques, et de relations affadies avec son entourage.
Mots clés : langage, norme, injonction, conditionnement, désirs, besoins, valeurs, alignement, faux-soi, vrai-soi, identité profonde, authenticité, congruence, sens, conscientisation


Introduction

Dans une société en profonde mutation, caractérisée par des changements rapides et une incroyable complexité, il peut être difficile de savoir ce que l’on veut, ce qui fait sens, puis de garder le cap sur ce qui nous tient à cœur. Face à ce contexte, on observe d’ailleurs l’émergence d’une quête de sens. Pour Sylvia Hewlett, le phénomène remonte aux baby-boomers[1], qui ont commencé à rechercher plus de finalité. Pour cette écrivaine, baby-boomers et génération Y[2]« redéfinissent la réussite [et] sont prêtes à accepter un ensemble de récompenses radicalement remixé », parmi lesquelles la qualité de l’équipe de travail et la capacité à rendre son dû à la société par le travail[3]. Cela s’explique notamment par le fait qu’auparavant, notre contexte sociétal et familial décidaient énormément de paramètres dans notre vie. On ne quittait que rarement son village, on faisait souvent la même chose que ses parents, on trouvait époux(se) proche de chez soi… Les perspectives se multiplient, et la complexité des choix à faire avec.
Parallèlement à cela, un phénomène plus intemporel concerne l’humain depuis toujours : celui d’être soumis continuellement aux influences extérieures qui nous dictent nos comportements et nos pensées (les modes, les diktats, les dogmes, les normes, les courants de pensée…). On se dit alors « il faut … », « je dois… » ou « c’est comme ça » .
Du parent qui s’épuise à passer continuellement derrière ses enfants pour ranger, à la connaissance qui rend l’invitation juste pour être poli, du voisin parfait qui se dévoue constamment pour faire les choses alors qu’il déteste ça, au collègue irréprochable qui ne refuse aucune tâche malgré sa charge de travail, les problématiques concernées sont diverses et variées. Ces influences extérieures sont parfois complètement intériorisées, et il est alors difficile de faire le tri entre ce que nous voulons vraiment et ce qui ne nous convient pas. Nos choix de vie, familiaux, professionnels, amoureux, seront d’autant plus justes qu’ils sont d’abord et surtout les nôtres, au sens où ils n’obéissent pas à des normes, à des injonctions – même s’ils peuvent tout à fait aller dans le sens de ces dernières. Ces choix sont l’expression de notre voix personnelle, une voix qui, pour se faire entendre, devra résister à la tentation des voies tracées d’avance. On dira alors « je veux… » ou « j’ai envie de… ». Subtil changement de formulation, mais qui a toute son importance, comme nous allons essayer de le démontrer.
Après avoir défini les principaux concepts et envisagé les possibles provenances des visions « il faut » (partie 1) et « je veux » (partie 2), nous aborderons les conséquences de ces deux paradigmes pour ceux qui les adoptent (parties 3 et 4). Pour terminer, nous évoquerons brièvement les pistes de travail pour accompagner, par le coaching, un changement de vision désiré (partie 5).

1      Définition des concepts clés

Cette première partie présente ce qu’on entend dans cet article par les visions « il faut » et « je veux », au travers de divers courants de la psychologie (analyse transactionnelle, logothérapie, thérapie ACT[4], psychanalyse, …) mais aussi d’autres sciences humaines telles que la sociologie ou la philosophie.

1.1     Ce que traduit le « Il faut »

Analyse de l’expression
Le verbe falloir a un statut particulier. On ne peut mettre de pronom personnel comme « je » devant le verbe falloir ; il ne se conjugue qu’à la 3èmepersonne du singulier. « Il faut » traduit un impératif absolu, dont l’origine de la contrainte n’est pas explicitée.
En programmation neuro-linguistique (PNL), « il faut » est un opérateur modal de nécessité cité dans le méta-modèle. Il existe d’autres opérateurs modaux, comme « pouvoir » et « devoir ». Ceux-ci  permettent de mettre en évidence les frontières psychologiques de la carte de la réalité de la personne. Ces verbes expriment des contraintes qui semblent imposées par une autorité supérieure dogmatique.
Dans la thérapie ACT, « il faut » fait partie des « mots prisons[5] ». Ce sont des mots qui enferment son utilisateur dans  une vision généralisante et simplifiée d’une situation.
Présentation de la vision « il faut »
La vision « il faut » est celle d’une personne conditionnée et dirigée par son environnement – au sens de ce qui est extérieur à elle et entre en interaction avec elle – et des règles qu’elle a intériorisées sans jamais les questionner ; ou bien, si elle les a questionnées, elle fait inconsciemment en sorte de ne pas être au contact de ses propres réponses, en niant ses valeurs et ses besoins. La personne est alors en quelque sorte un « spectateur de sa vie », comme s’il n’était pas réellement moteur des choix scénaristiques pris dans le film de sa vie.
Dans le présent article, il est donc question de traiter d’un « il faut » tout à fait accepté, mais seulement en apparence. On restera dans le domaine de contradictions non conscientisées clairement. Il ne sera pas question de personnes qui subissent des contraintes en en ayant parfaitement conscience, et qui trouvent des stratégies pour « faire avec », tout en gardant en tête que cela ne correspond pas à leurs valeurs.
Un acte est normalement l’aboutissement du désir ou besoin qui, après avoir été reconnu dans son contexte et confronté à la réalité, a fait l’objet d’un choix. Ici, la notion de choix est floue car il n’y a pas vraiment identification qu’un choix peut être opéré.
Cependant, pour opérer un choix, il est plus facile de savoir ce que l’on ne veut pas plutôt que ce que l’on veut. Dans une vision « il faut », il est probable que la personne opère ses choix selon les règles, mais également ce qu’elle ne veut pas. Quid de ce qu’elle veut à la place de ce « je ne veux pas » ! Sa démarche ne sera pas active pour tendre vers son propre idéal. Elle tendra vers un idéal normatif en premier lieu, et par élimination de la souffrance si cela n’entre pas en contradiction.
Les différents types de « il faut »
Le soi s’exprime par de multiples canaux. Je fais dans cet article la simplification suivante, en distinguant deux principaux canaux :

  • Le canal intellectuel : les pensées du « vrai-soi », qui émanent de l’identité profonde et se rattachent donc à des valeurs et au sens de notre vie– y compris les rêves
  • Le canal corporel : le corps, via les émotions (qui, in fine, se traduisent par des sensations corporelles) et les sensations. Les émotions traduisent des besoins psychologiques, quand les sensations traduisent des besoins physiologiques.

Etre dans le « il faut » nous coupe de soi et donc de l’écoute de nos vraies valeurs et/ou de notre corps. Il est à noter que certaines personnes peuvent être à l’écoute de l’un mais pas de l’autre. Il est par exemple fréquent de rencontrer des personnes très attentives à leurs pensées et se connaissant bien, mais complètement tournées vers le mental au détriment des signaux envoyés par leur corps. Ainsi, des personnes utilisant la locution « il faut » très fréquemment peuvent avoir pris le temps d’interroger leurs valeurs et être au clair sur le sens de leur vie. Seulement, cette connaissance de soi n’interroge qu’une partie de l’être.
Ainsi, l’hypothèse prise dans cet article est que nous pouvons classer les « il faut » en 3 catégories en fonction de ce que les injonctions empêchent d’écouter :

  1. Ne pas se poser de questions sur le sens de sa vie, ses valeurs; ex : il faut être gentil – quitte à se laisser faire et en pâtir ; il faut avoir une profession valorisée socialement – même si aucune d’entre elles ne nous convient
  2. Ne pas écouter ses besoins physiologiques. A ce propos, Christophe André relate[6]que, plus jeune, il n’écoutait pas ses sensations : issu d’une famille d’agriculteurs, qui travaillaient chaque jour coûte que coûte, il a intégré qu’il faut travailler en dépit de la maladie et de la tempête. Par la suite, lui-même a fait du rugby, le sport par excellence où il ne faut pas écouter les douleurs de son corps.
  3. Ne pas écouter ses besoins psychologiques; ex : il faut voir du monde – même si nous avons besoin de solitude.

De plus, certaines personnes ont des règles dans certains pans de leur vie seulement, dits « domaine de vie ». Par exemple, un homme pourra avoir su s’écouter pour former un couple heureux, mais faire un métier qui ne lui convient pas car il répond sans le savoir aux attentes de ses parents. Un jour ou l’autre, cela finira peut-être par lui sauter aux yeux, mais en attendant, il n’est pas aussi épanoui que ce qu’il pourrait l’être…
Ces « il faut » peuvent provenir par exemple de la société, de l’éducation ou de croyances limitantes que la personne a ancrées de par son expérience de vie. Les paragraphes qui suivent permettent d’en faire la distinction.
Normes sociales
Une norme sociale est une règle implicite (non dite) qui nous fait penser et agir sans pour autant qu’elle ait un quelconque critère de vérité. Elle est l’expression d’une collectivité, en permettant de distinguer ce qui est désirable ou non selon celle-ci. Elle fait l’objet d’un apprentissage et d’une transmission. Elle reflète des valeurs intériorisées par le groupe. Moscovici[7]décrit que les normes sociales permettent l’évitement du conflit.
Les normes sociales portent sur :

  • des comportements, des conduites (Normes de comportement).
  • des jugements, des attitudes, des opinions, des croyances (Normes de jugement).

Elles sont :

  • soit formelles, comme les lois et règlements,
  • soit informelles, comme les habitudes, mœurs, …

La norme, comme nos valeurs, fait partie des repères qui nous permettent de nous situer et de faire nos choix. La norme est notre premier repère fonctionnel, avant même que nos propres valeurs ne se soient mises en place. La norme est pratique, car connue et reconnue de tous, mais elle ne laisse pas de place à la spécificité et à l’unicité de chacun.
Au-delà de la normalisation, l’influence sociale peut se manifester au travers de différentes modalités qui pousseront à avoir une vision « il faut », comme :

  • L’uniformité : se fondre dans la masse en étant similaire aux autres, afin de ne pas être rejeté
  • La comparaison sociale : l’individu se compare et parfois s’ajuste à autrui
  • Le conformisme : sous la pression d’un groupe dominant, l’individu adopte les comportements privilégiés par le groupe, parfois inconsciemment.
  • La soumission à l’autorité : obéissance à une figure d’autorité. Cette forme d’influence peut faire l’objet d’une résistance, auquel cas elle ne s’inscrira pas dans la vision « il faut ».

Principes
Les principes sont des règles de vie qui nous aident à étayer nos choix et nos comportements. Ils sont issus de nos valeurs, qui sont propres à chacun. Les valeurs sont nos critères (référence qui nous servent à évaluer) les plus élevés. Elles déterminent le sens que nous donnons à notre vie. Des valeurs nous sont d’abord transmises par les personnes qui nous éduquent, puis nos propres valeurs se mettent progressivement en place, sur la base de nos expériences de vie.
Dans le cas d’une vision « il faut », les principes sont basés sur des valeurs qui ne sont pas les nôtres et qui pourtant exercent une emprise sur notre existence.
Injonctions et programmes
Pour Eric Berne (1910-1970), psychiatre américain fondateur de l’analyse transactionnelle (AT), les messages reçus dans l’enfance renforcent les décisions prises à cette période, et nous poussent à reproduire des situations répétitives durant le reste de notre vie : ce sont les scénarios de vie. E. Berne distingue 3 types de messages[8] :

  • Les contre-injonctions: des commandements verbaux, des définitions de la réussite, du monde, et de ce qui est important ou non, … – messages de type Parent -. Ces préceptes guident notre vie mais peuvent la contraindre ou la limiter.
  • Les messages concernant les comportements observables à adopter, comme par exemple « regarde comme le travail c’est épuisant ». Cela peut être verbalisé, ou passer par l’observation des figures d’autorité. Ils servent de modèles au programme, notion définie comme « information pratique qui est donnée et qui est indispensable pour mettre en œuvre des injonctions et des contre-injonctions »[9]. – messages de type Adulte
  • Les injonctions: messages majoritairement non verbalisés, reflet des émotions des figures d’autorité, et reproduction de messages que ceux-ci ont eux-mêmes reçu. – message de type Enfant

Ce sont les injonctionsqu’E. Berne juge les plus influentes. Mary et Robert Goulding ont travaillé à distinguer 12 types d’injonctions formulées comme des interdictions[10] : 1. N’existe pas – 2. Ne sois pas toi-même – 3. Ne sois pas un enfant – 3. Ne grandis pas – 4. Ne réussis pas – 5. Ne fais pas – 6. Ne sois pas important – 7. N’aie pas d’attache – 8. Ne sois pas proche – 9. Ne sois pas sain – 10. Ne pense pas – 11. Ne ressens pas.
Les « il faut » nécessaires
La réflexion que nous avons eue précédemment sur les normes sociales amène à un questionnement philosophique plus global, car pour vivre en société, il est bien entendu nécessaire que chacun respecte les règles qui permettent la vie en groupe. L’individu pourra requestionner à son échelle les règles/les lois, mais tant qu’elles ne sont pas collectivement requestionnées et modifiées, il est de l’intérêt de la cohabitation des êtres humains vivant en collectivité de se soumettre aux normes sociales. C’est le principe de cohésion sociale, que nous pouvons étendre à la cohésion globale si on prend en compte l’ensemble de notre environnement (animaux, plantes, …).
On pourrait aussi aborder les « il faut » du point de vue scientifique : notre environnement est régi par des lois physiques qu’il s’agit de respecter, sous peine d’en pâtir ou même d’en mourir. Par exemple, « il faut » que j’aie des apports en eau régulièrement pour rester en vie.
Ce sont des « il faut » qui sont nécessaires, que ce soit en fonction de ce que « je peux » ou non faire, au profit de la cohésion globale, ou également car cette contrainte que je m’impose est au service d’un objectif supérieur pour moi ; par exemple, « il faut » que je gagne de l’argent pour pouvoir subvenir à mes besoins. Pour ceux-là, il ne s’agit pas de les remettre en question. On pourrait dire que c’est là où s’arrête le « je veux », la limite avant de tomber dans l’égoïsme, l’illégalité, la mise en danger de soi-même et d’autrui, etc.

1.2     Ce que traduit le « Je veux »

Ce qui guide la vision « je veux »
La vision « je veux » est celle des désirs et besoins[11] : assumer ses désirs, s’assumer comme sujet désirant. Un désir est constitué d’une partie consciente et d’une partie inconsciente. Il a une intensité et une direction, de la même manière qu’une force physique. Il est lui-même la résultante d’un certain nombre d’autres désirs, d’intensités et de directions variées (on pense aux additions de vecteurs en mathématiques). En confrontant le désir à la réalité, on crée une intention d’action. La rencontre entre le désir/besoin intérieur et l’extérieur crée l’émotion. Dans cette vision, je suis donc à l’écoute de mes émotions.
La vision « je veux » est aussi celle des valeurs. Les valeurs sont nos critères d’évaluation les plus élevés. Ce sont nos étendards, nos leitmotivs, nos moteurs et nos guides. Elles nous font vibrer et donnent du sens à nos vies. De nos valeurs découlent nos besoins et nos aspirations.
Attention, dans la vision « Je veux », il n’est pas question de « faire tout ce que je veux ». Il est question d’identifier ses désirs et valeurs, de les confronter à la réalité, et de faire des choix en conscience des conséquences.
Eudémonie
Pour Aristote, les individus vivent plus ou moins en accord avec leur « vrai soi », leur « daimon ». C’est le daimon qui donne l’orientation ainsi que le sens aux actions d’une personne ; si elle vit en accord avec celui-ci, elle connaît l’Eudémonie.
Waterman (1993) développe, à partir de la notion d’eudémonie, le concept « d’expressivité personnelle » qui se retrouve essentiellement chez les individus à l’identité réalisée et qui correspond au sentiment de vivre une vie en accord avec qui on est vraiment. Les valeurs, objectifs et croyances qui entrent en résonance avec ce « vrai soi » procurent un sentiment d’expressivité personnelle et contribuent à faire progresser la recherche identitaire. Pour lui, vivre en accord avec ce « vrai soi » produit un fonctionnement psychologique optimal et l’expressivité personnelle permet de découvrir ce qui nous satisfait profondément et nous rend heureux. De plus, elle donne un sens et une direction à nos vies.
Cette notion de « Vrai soi » permet de mettre en lumière la différence entre :

  • « je veux », mais en fait ce que je crois vouloir, car j’ai vraiment bien intériorisé les impératifs des autres, de la société, de mon environnement… et que je ne suis même pas conscient que je souhaite autre chose
  • « je veux » car cela correspond à mon « vrai moi » ; pour cela, il a fallu que je me pose des questions sur ce qui provient de moi ou non, et que je sois à l’écoute de mes besoins et de mes valeurs.

Authenticité et congruence
La vision « je veux » est aussi en lien fort avec les notions d’authenticité et de congruence.
L’authenticitéest pour Heidegger (philosophe, 1889-1976) « la possibilité du Dasein (l’existant) d’être ce qu’il est »[12]. Selon Bo Jacobsen[13], une vie authentique est la vie d’une personne coordonnée avec son système de valeurs, compatible avec ses aspirations, reliée à sa façon d’être : identité profonde, rôles, habitudes, attitudes et comportements sont en cohérence.
Wood et al.[14]ont élaboré un modèle d’échelle de l’authenticité qui est considéré comme l’un des mieux fondés. Ils distinguent trois composantes :

  • L’aliénation de soi, qui est en fait la méconnaissance de soi[15]
  • La vie authentique pour mesurer la conformité des comportements avec l’état psychologique, les émotions et les croyances[16]
  • L’influence des autres, liée à la suggestibilité[17]

La congruence est un concept décrit par Carl Rogers[18]pour désigner l’équilibre parfait entre notre prise de conscience et notre expérience : »J’entends par ce mot que mon attitude ou le sentiment que j‘éprouve, quels qu’ils soient, seraient en accord avec la conscience que j’en ai. Quand tel est le cas je deviens intégré et unifié et c’est alors que je puis être ce que je suis au plus profond de moi-même« .
La difficulté de la congruence réside dans l’agilité mentale qu’il faut développer pour être conscient « en direct » de mon ressenti face aux différents stimulis, avant toute réaction. La congruence semble donc être une porte d’entrée vers l’authenticité.
Opérer un choix conscient
Dire un « je veux » traduisant l’expression de mon identité profonde et qui s’inscrit dans l’action, c’est opérer un choix. Mais pour opérer un choix, encore faut-il avoir conscience de l’existence d’alternatives. Et pour connaitre ces alternatives, encore faut-il se poser la question de leur existence ! C’est pourquoi il est question de choixconscient, dont le processus complet peut s’avérer quelque peu énergivore puisqu’il consiste en [19] :

  1. Désir : Mettre un espace entre le désir et l’acte, Donner du sens à ses désirs, en ne perdant pas le cap
  2. Tri : Différer, déplacer, sublimer, renoncer, fixer les priorités
  3. Négociation : Demander, Sortir de la rigidité et de la binarité, Trouver des médiations
  4. Doute : Séquencer le temps de la réflexion, le temps du doute, et le temps pour décider
  5. Décision : Lâcher prise, Renoncer à certains désirs
  6. Acte : S’engager, Se mettre en mouvement
  7. Evaluation : Regarder le chemin parcouru avec un œil critique et bienveillant, Eviter les comparaisons

Par mes choix, je donne un sens à ma vie
Les caractéristiques du sens identifiées par la psychologue Tatjana Schnell[20]sont les suivantes :

  • Signifiance = Ce que nous faisons est important, pour nous et pour les autres
  • Appartenance = Sentiment d’avoir sa place dans le monde
  • Cohérence = Sensation d’ordre et d’harmonie concernant ce qui arrive dans notre vie
  • Orientation = Savoir quelles valeurs on défend et quels buts on poursuit

D’après cette définition et parmi ces caractéristiques de sens, on voit bien le lien du « je veux » avec en particulier l’orientation, mais aussi partiellement la signifiance et la cohérence. Si je sais ce que « je veux » :

  • je connais mes valeurs et mes objectifs = orientation
  • ce que je fais est significatif à mes yeux (mais pas forcément aux yeux des autres) = signifiance pour moi
  • ce que je fais a une cohérence pour moi, mais ce qui est indépendant de ma volonté ne prend pas forcément de sens = cohérence pour ce qui est sous mon contrôle

Pour ce qui est du sentiment d’appartenance, il n’est pas forcément favorisé par le fait de savoir ce que « je veux » dans l’absolu, sans pour autant y être antagoniste. Je peux très bien vouloir favoriser mon degré de pouvoir, l’accroissement de mes performances, ma liberté et mon autonomie ; le sentiment d’appartenance n’est pas recherché mais pour autant je suis dans la situation où je sais ce que « je veux ».
De plus, cette théorie du sens indique que la force du sens est aussi corrélée au fait d’avoir des sources de sens variées, réparties parmi 5 grandes dimensions[21] : autotranscendance horizontale (lien avec la nature, engagement social, santé, …), autotranscendance verticale (spiritualité, religiosité explicite), autoréalisation, ordre, sentiment de bien-être et d’appartenance. Dans l’exemple cité, le degré de sens de ma vie ne sera alors pas très haut car ma seule source de sens sera ma propre réalisation.
On en déduit donc que savoir ce que « Je veux » permet de donner du sens à ma vie, même s’il n’en recouvre pas toutes les caractéristiques. A l’inverse, travailler sur le sens de ma vie est hautement bénéfique pour savoir ce que « je veux ».
Liberté et responsabilité
La différence fondamentale entre la vision « il faut » et la vision « je veux », c’est que choisir permet d’être libre (« je veux »), quand ne pas choisir permet de ne pas prendre ses responsabilités (« il faut »). Cette problématique est un socle pour la condition humaine et a été à l’origine de nombreux événements dans l’histoire, l’humain cherchant régulièrement à se libérer du pouvoir que les autres peuvent exercer sur lui. Pourtant le monde des humains est fait de règles, d’obligations, d’injonctions et de conventions. Tout l’enjeu consiste à construire sa propre liberté à l’intérieur de ce monde. Une étude scientifique[22] menée sur des américains et des japonais entre 1981 et 2011 a d’ailleurs permis de déterminer que le sentiment de liberté est un des plus forts prédicateurs de bien-être.
Si la liberté est bien sûr limitée par nos moyens et l’environnement[23], il s’agit d’assumer ce qui est objectivement dans le spectre de nos possibilités, prendre notre responsabilité et notre liberté de se construire avec notre héritage, car je suis le seul à pouvoir évaluer avec justesse mes actions, leur signification et leur utilité. Jean-Paul Sartre[24]développe une réflexion majeure sur ce sujet : « Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que je veux dire quand je dis l’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et encore néanmoins la liberté, et à partir du moment où il est jeté dans ce monde il est responsable de tout ce qu’il fait». A noter qu’ « Être libre » dans la pensée de Sartre ne signifie donc pas « obtenir ce que l’on souhaite », mais bien « déterminer par soi-même ce que l’on souhaite », donc être libre de ses choix et ne plus subir. Pour Sartre, les personnes qui se trouvent tout un tas de raisons pour ne pas choisir sont de « mauvaise foi ».

1.3     Phases intermédiaires entre la vision « il faut » et la vision « je veux »

Carl Rogers[25]décrit en ces termes le processus de passage de la rigidité à la fluidité, que l’on peut vraisemblablement imaginer correspondre aux phases traversées par la personne passant de la vision « il faut » à la vision « je veux » :

  • « 1er stade : la communication porte sur des sujets extérieurs à la personne, laquelle ne reconnaît pas ses sentiments et opinions personnels. Elle n’exprime pas de désir de changement. Ses schèmes de référence sont ceux de son passé ;
  • 2ème stade : elle communique sur les autres de façon moins superficielle. Pour autant, les problèmes restent perçus comme extérieurs à soi, sans responsabilité sur ce qui lui arrive. L’expression des sentiments demeure globale et les contradictions sont peu reconnues ;
  • 3ème stade : le discours sur le « moi » devient plus aisé, mais elle en parle encore comme un objet dont l’image lui serait renvoyée par les autres. Elle décrit longuement sentiments et intentions mais sans qu’ils soient actuels, ni acceptés. Les contradictions de l’expérience immédiate sont reconnus et les choix personnels considérés comme inefficaces.
  • 4ème stade : Les sentiments sont plus intenses, toujours décrits comme des objets mais dans le présent. Une certaine acceptation apparaît. Des schèmes personnels sont identifiés et leur validité commence à être mise en doute ;
  • 5ème stade : les sentiments sont exprimés librement, se réfèrent peu à peu à une expérience intime, et commencent à être éprouvés. Les découvertes originales sur les schèmes personnels, les contradictions et incohérences, augmentent. Le dialogue intérieur se fait plus libre et le sujet accepte de plus en plus sa responsabilité ;
  • 6ème stade : les sentiments inhibés s’éprouvent immédiatement. Les sentiments présents sont ressentis dans toute leur richesse et spontanément. Une détente physiologique l’accompagne : larmes, soupirs, relaxation musculaire…La communication entre toutes les parts du moi n’est plus utile, la personne les ayant intégrées et étant devenue une. Elle ne traite pas un problème : elle vit une phase de son problème en le connaissant et en l’acceptant ;
  • 7ème stade : l’acceptation de soi dans ses sentiments changeants croît sans cesse, avec une confiance dans sa propre évolution. La situation est vécue dans sa nouveauté, en tant que processus, non en tant que passé. Le choix de nouvelles manières d’être est expérimenté et nourrit la refonte en continu des schèmes personnels. Le changement, dans le mouvement, devient une caractéristique de la personne. »

1.4     Eclairage de la spirale dynamique

La spirale dynamique est un modèle créé par Clare Graves, professeur de Psychologie à Union College (1914-1986). Il en définit ainsi le concept « ce que je propose, c’est que la psychologie de l’être humain mature est un processus en spirale, qui oscille, émerge et se déploie, marqué par la subordination progressive de systèmes de comportement plus anciens, d’ordre inférieur, à des systèmes plus récents, d’ordre supérieur, à mesure que les problèmes existentiels de l’homme évoluent »[26].
La spirale dynamique est enrichie régulièrement et elle détaille à l’heure actuelle neuf couleurs, Vmèmes ou paradigmes. Dans le processus qui nous intéresse ici, on reconnait :

  • Le Vmème bleu pour le « il faut ». Ce paradigme prône le contrôle des impulsions, par l’obéissance, la discipline, la culpabilité et la soumission. La notion de sacrifice y est forte. Il faut suivre les règles et inciter les autres à faire de même. La place de chacun est désignée et il s’agit de l’accepter. Une vérité ultime contrôle le monde, récompense ou punit, et c’est ce qui justifie le sacrifice. Malgré les côtés dogmatique, intolérant et autoritaire, ce Vmème incite à la loyauté, à la justice et à la fiabilité.
  • Le Vmème orange pour le « je veux ». Dans ce paradigme, l’objectif est d’être heureux et accompli, notamment au travers de la liberté individuelle. Chacun est autonome, s’exprime et se réalise. L’apprentissage se fait en expérimentant par soi-même. La créativité est mise en avant. Ces aspects de prise en compte de l’unicité de chacun, de performance et de réalisation de soi sont contrebalancés à l’extrême par l’égoïsme, un risque d’éclatement du lien social et l’opportunisme.

A titre d’exemple, on observe à l’échelle sociétale qu’un vent de « mon épanouissement personnel avant tout » souffle en France dans le monde professionnel. La recherche de souplesse, d’horaires réduits ou adaptables, de sens dans le travail, … tout cela relève du Vmème orange de la spirale.
D’après le modèle de la spirale, pour passer à un Vmème supérieur, il est nécessaire que celui-ci soit directement au-dessus du Vmème dans lequel on se trouve. A l’inverse, lorsque l’on a atteint un niveau de Vmème, tous les niveaux inférieurs restent disponibles. Or il se trouve que le Vmème orange se trouve directement au-dessus du Vmème bleu. Pour ce modèle, il est donc tout à fait possible de passer directement de « il faut » à « je veux ». Cependant, ce modèle insiste sur le fait que le changement de Vmème doit s’avérer nécessaire. Ainsi, certaines personnes peuvent être dans le « il faut » et s’y trouver tout à fait bien. Le modèle de la spirale permet donc de mettre en lumière qu’il est absolument nécessaire que la demande de changement émane de la personne concernée, et de ne pas chercher à lui imposer de force car cela pourrait relever pour elle d’une forme de trahison de son paradigme.
Dans le cas où la personne changerait de Vmème pour aller vers le orange, certaines mises en garde de la spirale sont intéressantes afin de ne pas tomber dans les travers du Vmème orange : le « je veux » doit être modéré par la prise en compte des autres, de la société et du lien social, et il doit être en cohérence avec toutes les valeurs de la personne afin de prévenir l’opportunisme.

2      Construction identitaire

Cette partie présente quelques modèles de construction identitaires éclairants afin de comprendre comment se construisent notre identité profonde, base de la vision « je veux », et la vision « il faut » à partir des injonctions des autres et de notre environnement.

2.1     Théorie freudienne[27]

Pour Sigmund Freud (1856-1939), le créateur de la psychanalyse, la psyché est ainsi constituée :

  • Idéal du moi (inconscient) : « tu dois », « tu devrais »
  • Surmoi (partiellement inconscient) : « tu ne dois pas ». Ce sont les interdits, la loi, les limites…
  • Ça (inconscient) : pôle pulsionnel. Besoin de satisfaire immédiatement les pulsions. Principe de plaisir.
  • Moi (conscient et inconscient) : pôle défensif de la personnalité construit avec les exigences du ça et les interdits du Surmoi face au réel

Le Surmoi est une partie de l’appareil psychique qui émerge chez l’enfant vers 4 ans. Le Surmoi est l’intériorisation des interdits et des exigences parentales et sociales. Il joue le rôle de censeur du futur adulte. Une fois formé, le Surmoi remplace les parents dans la vie sociale. Il s’oppose aux pulsions (Ça), et entraîne la culpabilité. Il prend sa source dans la fonction du père qui sépare l’enfant de sa mère, puis dans la découverte des règles sociales.
Le Moi se compare et se construit par rapport à un idéal (nommé « Idéal du moi »). Cette référence permet à la personne de se dépasser. Cet idéal très personnel se forme au cours de l’enfance par identification aux personnes proches aimées et admirées. Cette partie est également portée sur les injonctions, mais par une tension vers un idéal.
L’Idéal du moi se constitue comme un : « Tu dois être ainsi comme ton parent », alors que le Surmoi se constitue comme un : « Tu ne dois pas faire ce que ton parent t’as interdit de faire. » Le « il faut » prend certainement racine dans ces deux parties de l’inconscient que sont le surmoi et l’idéal du moi. Certaines injonctions et contre-injonctions ont été intériorisées sans remise en question et créent des « il faut ». Le travail vers le « je veux » permet de porter à la conscience ces deux aspects, vers le Moi conscient qui pourra choisir.

2.2     Théorie de Winnicott[28]

Donald Winnicott (1896-1971) reprend la notion freudienned’un Moi qui est gouverné d’une part par des pulsions internes,et d’autre part qui établit des rapports avec le monde en se tournant vers l’extérieur (relations d’objet). Il distingue en plus :

  • le Vrai-Self, quand la personne a intégré les exigences internes et peut donc se montrer spontanée dans la relation, ayant suffisamment confiance en elle et en l’environnement pour s’accepter elle-même, et se montrer tel qu’elle est. Elle sait dire « je veux ».
  • le Faux-Self est un état marquant la dissociation entre pulsion versus pensée/comportement à travers une certaine réserve, une attitude sociale toujours polie, de bonnes manières dans les rapports aux autres… L’individu se construit prioritairement comme adaptation à l’environnement  et protége son Moi derrière un écran social rigide. C’est un « il faut » très centré sur la conformité sociale.

Pour Winnicott, c’est l’attitude de la mère dans la petite enfance qui favorise l’un ou l’autre de ces états. La mère aide le bébé à établir pleinement son Vrai-Self lorsqu’elle anticipe ses tout-premiers besoins, avant même qu’il n’ait pris conscience de ceux-ci et n’ait ressenti la nécessité de les exprimer : elle entretient l’illusion d’une toute-puissance de l’enfant, à l’origine de futurs gestes spontanés caractéristiques d’un Vrai-Self non-bridé. L’enfant est encouragé à conserver sa spontanéité car les événements extérieurs s’y accordent. A l’inverse, l’organisation de Faux-Self est favorisée très tôt par une mère qui, incapable de répondre aux manifestations spontanées de son bébé, lui imposera ses choix et le contraindra à s’y soumettre.

2.3     Théorie Eriksonnienne[29]

Erikson (1902-1994) définit 8 phases de développement de la personnalité ou stades du développement psychosocial (il prend en compte les caractéristiques du contexte social, institutionnel et culturel dans le développement) :

  1. confiance versus méfiance fondamentale (0 -18 mois)
  2. autonomie versus la honte et le doute (18 mois -3 ans)
  3. initiative versus culpabilité (3 -6 ans)
  4. travail versus infériorité (6 -12 ans)
  5. identité versus confusion ou diffusion des rôles (12 -20 ans)
  6. intimité versus isolation (20 -45 ans)
  7. générativité versus stagnation (45 -65 ans)
  8. intégrité versus désespoir (65 -…)

Erikson précise que ces phases ne restent qu’indicatives et ne s’appliquent pas forcément à tous, ni à ces âges, ni dans cet ordre.
Au vu de notre problématique, il me semble que les phases les plus importantes sont :

  • La phase 3 (3-6 ans), durant laquelle l’enfant devient de plus en plus capable d’accomplir des tâches dans un but précis. Il commence à faire des choix. Le soutien de l’entourage en cette phase permet de développer une prise d’initiative, mais à défaut il développera un sentiment de culpabilité envers ses besoins et ses désirs. Dès ce stade semble donc déjà pouvoir commencer à s’installer la vision « il faut ».
  • La phase 4 (6-12 ans) où l’enfant commence à donner forme à certaines valeurs morales
  • La phase 5 (12-20 ans), phase centrale de la construction identitaire d’après Erikson. C’est la fameuse « crise d’adolescence ». L’identité émerge des allers-retours entre les questionnements « Qu’est-ce que je veux ? » et « Qu’est-ce ce que je vais faire avec ? ». Cette seconde question prend en compte le cadre social. Erikson indique que l’adolescent reste idéaliste et très influençable. Cependant, s’il parvient à traverser cette étape correctement, il se construit une identité solide autour d’un ensemble unifié de valeurs, base du « je veux ». A défaut, il essaiera de devenir ce qu’il n’est pas.

2.4     Théorie de Marcia[30]

Selon James Marcia (1993), deux dimensions concourent au développement identitaire, notamment chez les adolescents :

  • L’exploration: par un comportement d’exploration, il s’agit de faire émerger de l’information à propos de soi ou de son environnement.Elle permet de faire ses choix.
  • L’engagement: l’adhésion à des buts, valeurs, et croyances.

A défaut d’engagement (moratoire identitaire), l’individu sait dégager des alternatives mais ne se prononce pas, et en l’absence d’exploration (forclusion identitaire), l’individu est peu assuré et s’identifie toujours aux modèles parentaux.

2.5     Théorie de Kunnen et Bosma[31]

Kunnen et Bosma (2003) voient le développement identitaire comme un progrès continu. Au fur et à mesure, la personne opère une redéfinition de ses propres engagements en relation avec une conscience plus aigue de soi. Pour eux, le modèle de Marcia ne donne qu’une indication très inexacte et incomplète de la complexité des processus en jeu. L’identité se façonne dans des transactions continuelles avec le contexte, avec une succession d’états de stabilité et de perturbations.
Ce modèle sous-tend donc que la personne peut continuellement tendre vers le « je veux »tout au long de sa vie, mais aussi connaître des régressions.

2.6     Théorie de Waterman[32]

Waterman, reprenant la philosophie eudémoniste d’Aristote, considère l’expressivité personnelle comme la 3e dimension du développement identitaire, avec l’exploration et l’engagement identifiées par Marcia. De sa théorie, on en tire que la réalisation identitaire propice au « je veux » ne peut intervenir sans exploration, engagement et une vie en accord avec son « vrai soi ».

2.7     Synthèse

De toutes ces théories on en tire que la construction identitaire est vue comme susceptible d’importantes variations dans le temps et que l’idée qu’on puisse atteindre une « identité achevée » apparaît sérieusement remise en cause.
Par ailleurs, elles mettent en évidence l’importance du stade de la petite enfance où le soutien de l’entourage est décisif pour permettre à l’enfant d’affirmer ses besoins et désirs, ainsi que le stade de l’adolescence afin de consolider un système de valeurs indispensable à la vision « je veux ».

3      Les conséquences de la vision « il faut »

3.1     Bénéfices de la vision « Il faut »

Comme évoqué précédemment, la norme sociale est très pratique car elle est acceptée de tous. Pour un individu sensible au regard des autres, être dans la norme, « rentrer dans le moule », permet de se sentir accepté d’emblée, et pour une personne dont les parents véhiculent des valeurs centrées sur la norme, il est probable que la norme constitue un repère interne très ancré. Dans les deux cas, l’attention sera davantage focalisée sur le fait de plaire que sur l’écouter de soi.
Au-delà de l’éducation, le philosophe Martin Heidegger (1889-1976) parle lui de la notion de « dévalement »[33]. Nous dévalons nos vies car cela évite de se poser des questions existentielles qui pourraient tout remettre en perspective, remettre en question nos choix passés et provoquer la sensation d’être perdu. De plus, le rythme rapide de nos vies contemporaines, permet de ne pas laisser de moments propices à la prise de recul. Il est donc aisé de se laisser porter. Comme le disait Pascal, « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas se tenir au repos dans une chambre ».
Au-delà du rythme rapide, la forte quantité d’informations – d’ailleurs à l’origine d’un phénomène nouveau nommé infobésité[34]–auxquelles nous sommes exposés quotidiennement peut donner l’illusion de journées bien remplies, comblant ainsi facticement le besoin d’avoir un sens à sa vie. Le fait de trier ces informations et de leur donner un sens pour soi est un traitement cognitif énergivore, qu’il est difficile de mettre en place systématiquement au vu de l’impressionnante quantité d’informations (c’est pourtant une des pistes préconisées afin de guérir de l’infobésité).
Aussi, une croyance limitante peut être à l’origine de cette non-introspection : il est possible de craindre de devenir égoïste en suivant son désir, d’être inconséquent ou capricieux, voire d’être dangereux.
De plus, avec ces règles que je ne remets pas en question, j’ai plus d’assurance, je doute moins. C’est donc particulièrement confortable. Irvin Yalom[35]évoque 3 types d’échappatoires afin d’éviter de prendre ses responsabilités, qui sont :

  • En déléguant la responsabilité à un tiers, donc un déplacement de responsabilité
  • Agir par compulsion, sous l’emprise de forces externes irrésistibles (ou soi-disant irrésistibles) de nature émotionnelle
  • Le déni de responsabilité qui équivaut au fait de se trouver des excuses pour ne pas avoir à assumer ses choix, et qui correspond à ce qui est utilisé dans la vision « il faut » en faisant porter la responsabilité sur la règle et en ne se posant pas plus de questions. Qui est d’ailleurs ce « il » qui décide qu’ « il faut » ?

S’engager envers ce qui nous tient à cœur, c’est aussi prendre le risque d’être désillusionné. Si je n’essaie pas, je peux toujours rêver que si je le faisais, je réussirais. C’est une autre affaire que de s’y atteler réellement… Cela rejoint la peur de faire de mauvais choix, car choisir c’est renoncer et éventuellement se tromper.
Enfin, rappelons qu’il n’est pas de tout repos de sortir de la passivité, de la répétition, de l’habitude, du conformisme, … Il peut donc arriver que l’on se rattache à cette vision du monde…par flemme !

3.2     Inconvénients de la vision « Il faut »

Incidences personnelles
Les conséquences de la vision « il faut » pour une personne seront variables selon l’intensité avec laquelle elle adhère à cette vision. L’étendue des incidences présentées ici sera bien entendu corrélée à cette importance. Mais quelle que soit la nature du « il faut », il se traduira par une dissonance existentielle, fossé entre le soi exprimé et le « vrai soi ». Cette dissonance existentielle pourra se révéler au travers d’une dissonance cognitive[36]. Cette dernière désigne « le malaise éprouvé par un être humain quand ses idées, croyances, valeurs ou ses réactions émotionnelles se trouvent dans une contradiction manifeste, ou quand elles ne s’accordent pas avec ses actions, voire avec un fait extérieur »[37]. Ces dissonances internes entrainent frustration, culpabilité, embarras, anxiété et autres émotions négatives. Ce malaise pousse la personne qui en est victime à générer de nouvelles croyances, ou à minimiser l’importance des éléments dissonants (biais de confirmation).
Souvent, de cette vision « il faut » émane aussi un hypercontrôle. L’écoute des désirs n’étant alors pas la règle, il est naturel de les juguler car ces désirs entrent en contradiction avec le « il faut ». Cela mène à l’hypercontrôle afin de s’éloigner de cette menace que représente le désir.
Le conscient exprime alors l’envie et la prétention de maîtriser l’inconscient. Puisque l’inconscient n’est pas écouté, des messages auront tendance à remonter par des moyens détournés, de façon de plus en plus insistante :

  • Actes manqués (oublis, erreurs, lapsus, …), qui sont des actes dévoyés de leur intentionnalité initiale par l’inconscient qui vient troubler l’organisation du conscient.
  • Apparition de pulsions, désirs venant de l’inconscient, émergeant dans le champ de la conscience avec plus ou moins de force selon la nature et l’intensité du manque qu’il vient combler. Ces pulsions peuvent mener à des échecs répétés.
  • Les désirs non reconnus et refoulés peuvent se transformer en angoisse, à une forme de tension sans résolution à l’origine de somatisations.
  • Pour remplir la sensation de vide, toutes sortes de dépendances peuvent éclore. Le cerveau détourne des besoins pour solutionner une souffrance.
  • Dans la souffrance et la non-reconnaissance de ces désirs, il est possible que les désirs se raréfient. L’absence de désirs, c’est l’absence de pression, aussi appelée dépression.

Pour la logothérapie, le caractère contradictoire entre « il faut » et ce que « je veux » provoque une ambivalence à l’origine d’un contexte « noogène » (c’est-à-dire qui frustre la quête de sens). Or les études scientifiques identifient que les crises de sens augmentent le risque d’anxiété et de dépression, parfois jusqu’au suicide. Sans parler de crise spécifique, le fait de passer à côté de ses désirs présente tout simplement le risque de passer à côté de sa vie, et que cela resurgisse un jour sous la forme de regrets amères.
Incidences relationnelles
Carl Rogers[38]a pour conviction intime qu’il est inutile, à long terme, d’agir différemment de ce que je suis dans la relation à l’autre. En adoptant un comportement en décalage avec ce que je ressens, je resterai à un niveau d’échange superficiel. Ainsi, il dit « L’expérience m’a montré que, par exemple, pratiquer une acceptation conséquente, alors qu’en fait je m’ennuie ou suis septique, ou je ressens un autre sentiment non acceptant, est à coup sûr perçu à la longue comme inconséquent et indigne de confiance».
De plus, avec des « il faut » correspondant aux règles sociales, la personne sera très prévisible et peut être perçue comme lisse. Il est possible qu’elle suscite alors peu l’intérêt des autres. « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris »»scandait l’écrivain Oscar Wilde.
Le caractère forcé véhiculé par le « il faut » pourra être perçu par l’entourage. Cela pourra entrainer une confusion et un malaise, en particulier chez ceux qui prennent en modèle ladite personne (on pense par exemple au cas d’un parent « il faut » qui désorientera ses enfants inconsciemment).
Cela peut aussi donner l’impression à l’entourage que cette personne fonctionne comme un robot, qu’elle n’est pas animée de désirs. Peut alors se poser la question de la raison qui fait qu’elle passe du temps avec les autres et s’intéresse à eux : est-ce parce qu’il faut ? Ou est-ce par une sincère affection ? Ces questions déstabilisantes créent de la distance dans la relation du fait d’un sentiment de manque d’authenticité.
Incidences sociales
Plus sensationnaliste, Jean-Luc Bernaud, président de l’association française de psychologie existentielle, parle de « sens prêt à l’emploi » concernant les organisations terroristes qui « fournissent des clés d’interprétation à la fois simples et totalisantes du monde et de l’existence. » Nier notre besoin viscéral de sens, c’est donc aussi s’exposer à être happé par des organisations mal intentionnées vis-à-vis de nous-mêmes, d’autres personnes ou de la société (on pense aussi aux sectes).
Tous ces aspects laissent présager de la gravité de la question du sens et de l’authenticité dans la vie humaine.

4      Les conséquences de la vision « je veux»

4.1     Sortir de la dépendance aux autres

La vision « je veux » est une vision résolument tournée vers l’intérieur, et non plus vers l’extérieur. Le regard des autres est parfaitement secondaire. En fonctionnant ainsi, on s’affranchit des jugements, et de la dépendance aux autres « Que pensera-t-on si je fais ci ou ça ? ». Or, lorsque l’on cherche à satisfaire les autres, il est fort probable de décevoir, car au contraire de soi qui n’est qu’un (avec des désirs parfois contradictoires, certes, et c’est déjà bien assez à gérer !), les autres sont multiples et ont chacun leur façon de voir les choses. Il y aura forcément quelqu’un pour dire que l’on n’a pas fait comme « il faut ».
En assumant ses désirs, c’est « qui m’aime me suive », et en ce sens on se libère de la dépendance. Ceux ayant des désirs similaires aux miens se joindront à moi, et s’ils sont dans la même démarche sincère, on s’affranchira des relations basées sur la dépendance.

4.2     Une vision bénéfique pour la santé et le bien-être

Vivre selon ce que l’on veut et non pas ce que nous dicte l’extérieur, c’est s’écouter et savoir ce vers quoi on souhaite tendre, jour après jour, et sur une durée de projection plus ou moins longue. Cela donne du sens à notre vie, or cet aspect a de nombreux bénéfices.
En effet, du côté de la recherche scientifique, il est maintenant prouvé que la perception d’un sens dans l’existence a un impact profond sur notre quotidien (satisfaction, optimisme, insertion sociale, résistance au stress, diminution du risque de mortalité[39]). D’après une étude réalisée par le psychologue Jinhyung Kim en 2014, il est préférable pour notre bien-être et notre santé de chercher le sens de notre vie que de poursuivre le bonheur. La logothérapie ajoute que le bonheur est un effet probable de la quête de sens. De plus, avoir un sens dans sa vie permettrait aussi de plus facilement traverser les épreuves et endurer la souffrance. Tatjana Schnell[40]nuance ces constats, ayant observé des personnes « existentiellement indifférentes ». Celles-ci n’ont pas besoin de trouver de sens dans leur vie pour aller bien. A noter que cette posture se raréfie avec l’âge.
Sans même rentrer dans des considérations de sens, les sentiments de force, d’harmonie intérieure et de liberté qui se dégagent de la vision « je veux » sont source d’un grand bien-être. Que cela réussisse ou pas, on se sent mieux d’avoir essayé que d’être resté au bord de ses envies, et donc de sa vie.

4.3     Une vision source de motivation

Toujours sur cette idée de sens, des études scientifiques sur la motivation mettent en avant l’intérêt du sens qu’une personne met dans une tâche vis-à-vis de sa motivation à la réaliser. Daniel Pink[41], journaliste et auteur américain né en 1964, s’intéresse aux motivations intrinsèques en constatant que des singes résolvent des casses-têtes sans avoir d’autre récompense que le plaisir de réussir cette tâche. Les motivations intrinsèques prennent leur source dans des environnements qui encouragent l’autonomie (savoir ce qu’il faut faire et comment le faire), la maîtrise des compétences, et la finalité (agir pour quelque chose de plus grand et plus permanent que soi).
Il cite un exemple très parlant concernant la motivation : la différence de réponse qu’il y aura entre une entreprise qui veut instaurer de la discrimination positive en portant haut ces valeurs, et une autre entreprise qui pour ce faire crée une liste d’exigences auxquels elle doit se plier. Dans le premier cas, la motivation du personnel est intrinsèque et efficace. Dans le second cas, la motivation est extrinsèque et contraignante, peu entrainante. Cet exemple illustre bien la différence de motivation qu’il peut y avoir entre la vision « je veux » (intrinsèque) et la vision « il faut » (extrinsèque intériorisé).
Ainsi, si je fais les choses car je le veux et non car « il » a décidé qu’il « faut », elles ont davantage de sens et la motivation viendra plus facilement. Par ailleurs, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, mais en reconnaissant ce qui m’anime, je perdrai moins de temps et/ou de force à lutter contre mes élans profonds.

4.4     Des bienfaits qui rayonnent

Carl Rogers[42]soutient qu’une vie pleine (vision « je veux ») donne libre cours à une créativité très grande qui permet une adaptation souple aux variations des conditions de vie. En ce sens, une personne vivant une vie pleine fera partie de celles qui seront à l’avant-garde de l’évolution de l’humanité. « Ne vous demandez pas ce dont le monde a besoin mais ce qui vous éveille à la vie. Puis faites-le. Car ce dont le monde a besoin c’est d’êtres qui s’éveillent à la vie » a dit le philosophe Howard Thurman (1899-1981).
Sans entrer forcément dans des considérations si vastes, le fait de savoir précisément ce que « je veux » et où je vais dans la vie est de nature à fédérer autour de moi des personnes ayant le même cap… voire à forcer le respect parfois ! Citons à ce titre Martin Luther King qui a inspiré et guidé des millions de personne avec son discours du 28 août 1963 où il affirme « I have a dream » (« Je fais un rêve »). Ainsi, avec une volonté claire et affirmée, on est davantage assuré de s’attirer le soutien d’autres personnes. Dans un mouvement de cercle vertueux, ce phénomène peut constituer une aide précieuse dans la réalisation de ce que « je veux ». Par exemple, cela peut s’avérer bénéfique dans la sphère professionnelle pour faciliter l’obtention ou la création d’un emploi.
Enfin, une conséquence notable de la meilleure congruence d’une personne est que, en se sentant pleinement elle-même, en se connaissant et en s’acceptant, elle est plus à même de laisser tomber certaines attitudes défensives issues de tensions internes. Cela va même plus loin : en ayant fait le chemin de découvrir qui elle est, la personne perçoit plus clairement ce qui la distingue des autres, et peut les comprendre et les accepter davantage.

5      Accompagner le processus par le coaching

Le processus de coaching est particulièrement adapté pour aider une personne à tendre vers plus d’alignement, vers la vision « je veux ». En effet, rien que par l’écoute active reçue, le client devient peu à peu capable de s’écouter lui-même, y compris dans ses sentiments jusqu’ici refoulés, et il apprend à s’accepter tel qu’il est. De façon plus ciblée, le coach pourra travailler en parallèle la mise en évidence des règles et injonctions que le client s’impose, et l’émergence de l’identité profonde du client. Ce processus fera ressortir le fossé qui sépare les deux, afin de le combler.
Voici les thématiques qui pourront être abordées dans le travail de diminution de l’emprise des injonctions :

  • Prise de conscience des règles dysfonctionnelles pour les assouplir ou les abandonner
  • Atténuer les pollutions des drivers (certains messages inconscients qui dictent sa conduite)
  • Prendre conscience et travailler sur les mini-scénarios nuisibles qui se rejouent en boucle sous différentes formes dans son existence : les scénarios de vie
  • Travailler sur les peurs et croyances limitantes à la source du sentiment de contrainte
  • Travail sur l’affirmation de soi et les limites dans les relations interpersonnelles

Dans le travail sur le développement du « vrai soi », le coach pourra accompagner le client pour qu’il puisse :

  • Connaitre son identité profonde avec un travail sur ses besoins, ses valeurs et le sens de sa vie
  • Effectuer un choix conscient qui soit conforme à son « vrai soi »
  • Expérimenter de nouveaux comportements pour ouvrir son champ des possibles et se découvrir encore
  • Interroger l’écoute de lui-même en termes de quantité et de qualité d’écoute et écouter ses « messagers internes »
  • Repérer quand il s’éloigne de son « vrai soi » (messages d’alarme)

Conclusion

Peut-être qu’après avoir lu cet article, les phrases commençant par « il faut » ou « je dois » auront pris pour vous une autre dimension. C’est justement en portant attention à cette formule langagière peu anodine que débute le cheminement présenté ici. Cela permet de se rendre compte que, bien souvent, on s’impose des choses qui ne nous correspondent pas : faut-il vraiment? est-ce ce que je souhaite ? ou est-ce par habitude ? juste pour faire bonne figure ?
Dans cette transformation vers le « vrai soi », certaines personnes ressentiront le besoin d’être accompagnées, d’autres pas. Cet article fait état de l’intérêt que peut représenter le coaching dans ce processus, mais c’est loin d’être la seule approche qui peut être employée. L’important, et ce que je vous souhaite, c’est de parvenir à rester aligné un maximum tout au long de votre vie et ainsi pouvoir bénéficier de tous les bienfaits de la vision « je veux » évoqués dans cet article.


Notes

[1]Cette génération regroupe, en Occident, l’ensemble des personnes nées après la Seconde Guerre mondiale. On considère généralement comme baby boomer une personne née entre 1946 et 1964.
[2]Cette génération regroupe, en Occident, l’ensemble des personnes nées entre 1980 et l’an 2000.
[3]Sylvia Hewlett, « The Me » Generation Gives Way to the « We » generation », Financial Times, 19 juin 2009
[4]La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) a été développée par le psychologue américain Steven C. Hayes, elle appartient au courant de la thérapie cognitive et comportementale. Elle figure parmi les thérapies récentes dites contextuelles, aussi appelées thérapies de troisième vague. Elle vise à développer la flexibilité psychologique. Elle est qualifiée d’espace d’apprentissage plutôt que de thérapie.
[5]Expression créée par Kelly G Wilson – University of Mississippi
[6]Christophe André est un psychiatre et psychothérapeute français né en 1956 spécialisé dans le traitement et la prévention des troubles émotionnels et promouvant activement la méditation. Propos issu de la conférence de Marc des Smedt le 14 novembre à Paris en présence de Christophe André, Aurélie Godefroy, Marie de Hennezel, Patrice van Eersel et Bertrand Vergely. « Notre corps, une exploration de l’infini » au Théâtre Saint-Georges à Paris.
[7]Serge Moscovici (1925-2014), psychologue social, notamment l’auteur de Introduction à la psychologie sociale, tome 1. Les phénomènes de base. Paris : Librairie Larousse, 1972, Collection : Sciences humaines et sociales.
[8]Dans l’analyse transactionnelle, le système parent est celui de la norme/moralité/jugement, le système adulte est celui de la réflexion/logique/indépendance et le système enfant est celui de la créativité/spontanéité/pulsions/émotions.
[9]Daniel Chernet (2009), Coacher avec l’analyse transactionnelle, Editions Eyrolles, Collection le métier de Coach, p. 143
[10]Mary Goulding et Robert Goulding, messages inhibiteurs, décisions et redécisions, Les classiques de l’analyse transactionnelle n°2, Editions d’analyse transactionnelle
[11]Dans le coaching, la notion de besoin englobe les désirs, quand la psychologie les cantonne généralement aux nécessités biologiques.
[12]Heidegger (1927), Etre et temps, éditions Gallimard
[13]Bo Jacobsen (2007), Invitation to existential psychology. Chichester : Jon Wiley
[14]Wood et al. (2008), The authentic personality : a theoretical and empirical conceptualization and the development of the authenticity scale. Journal of Counseling Psychology, 55, 385-399
[15]J’ai l’impression que je ne me connais pas très bien, je ne me sens pas en contact avec le « vrai moi », je me sens déconnecté de moi-même, je ne sais pas comment je me sens réellement à l’intérieur
[16]Je suis fidèle à moi-même dans la plupart des situations, je défends toujours ce en quoi je crois, je vis en accord avec mes valeurs et mes croyances, je pense que c’est mieux d’être soi-même que d’être populaire
[17]Les autres m’influencent énormément, je suis fortement influencé par les opinions des autres, j’ai toujours l’impression que je dois faire ce que les autres attendent de moi, habituellement je fais ce que les autres me disent de faire
[18]Carl Rogers (2005, version originale 1966), Le développement de la personne, éditions Dunod
[19]Philippe Lefèvre (2001) Choisir sa vie, vivre ses choix, Edition Chronique Sociale, Collection comprendre les personnes
[20]Joachim Retzbach (2019). Comment trouver un sens à sa vie. Cerveau & psycho n°106. P40-59
[21]5 domaines de source de sens ont été recensés, regroupant 26 composantes. Source : Joachim Retzbach (2019). Comment trouver un sens à sa vie. Cerveau & psycho n°106. P40-59
[22]The Importance of Freedom in the East and the West Over Time: A Meta-analytic Study of Predictors of Well-Being, Nakazato, N., Nakashima, K., & Morinaga, Y., 2017
[23]Cette latitude peut aussi varier en fonction d’autres paramètres, par exemple la croyance en l’auto-détermination. Effectivement, si je pense que tout est déterminé à l’avance et qu’une personne m’a donné mon avenir, j’aurai la sensation d’une liberté très limitée.
[24]L’existentialisme est un humanisme (1996), Editions Folio
[25]Carl Rogers (2005, version originale 1966), Le développement de la personne, éditions Dunod
[26]Clare Grave, issu du cours Linkup Coaching DCP p287
[27]Formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique du site Psychiatrie Infirmière – cours de Mr Giffard, INSTANCES  PSYCHIQUES, le  surmoi et l’idéal du moi, http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/instances/surmoi_ideal-du-moi.htm
[28]Intervention orale de Mme Huguet, nov. 86. Écrit et mis en forme par Mr D. Giffard, pour le site « Psychiatrie Infirmière »: http://psychiatriinfirmiere.free.fr/
[29]L’orientation scolaire et professionnelle (OSP), Article de Valérie Cohen-Scali and Jean Guichard, L’identité : perspectives développementales, https://journals.openedition.org/osp/1716
[30]L’orientation scolaire et professionnelle (OSP), Article de Valérie Cohen-Scali and Jean Guichard, L’identité : perspectives développementales, https://journals.openedition.org/osp/1716
[31]L’orientation scolaire et professionnelle (OSP), Article de Valérie Cohen-Scali and Jean Guichard, L’identité : perspectives développementales, https://journals.openedition.org/osp/1716
[32]Idem 31
[33]Vie facticiellequi se dissout et s’aliène dans la multiplicité et l’affairement, mouvement auquel tente de s’opposer un contre mouvement de retenue et de retour à l’unité
[34]La surcharge informationnelle, surinformation ou infobésité (terme francisé d’invention québécoise, issu de l’anglais, information overload) est un concept désignant l’excès d’informations reçues par une personne qu’elle ne peut traiter ou supporter sans porter préjudice à elle-même ou à son activité.
[35]Thérapie existentielle (2017), éditions le livre de Poche
[36]Cette notion a été théorisée par Festinger dans son ouvrage « l’échec d’une prophétie » paru en 1956. Elle nait de l’observation d’une secte qui, ne voyant pas les extraterrestres débarquer sur Terre pour détruire l’humanité à la date prévue, en déduisent que la force spirituelle de leur groupe a permis de sauver le monde.
[37]Daniela Ovadia (2016). Festinger et la psychologie de l’incohérence. Cerveau & psycho n°106. P40
[38]Carl Rogers (2005, version originale 1966), Le développement de la personne, éditions Dunod
[39]D’après une étude réalisée par Randy Cohen et Alan Rozanski en 2015, et une étude réalisée par Eric Kim en 2013, le risque de mortalité par infarctus diminue proportionnellement au sentiment d’avoir un sens à sa vie. Le même phénomène a été constaté par Patricia Boyle et Aron Buchman concernant le risque de maladies neurodégénératives et de démences. Burrow et Will, d’après une expérimentation menée en 2013, tendent à dire que d’avoir un sentiment de sens dans sa vie pourrait aider à combattre le stress. Or le stress favorise les maladies.
[40]Joachim Retzbach (2019). Comment trouver un sens à sa vie. Cerveau & psycho n°106. P40-59
[41]Voir La vérité sur ce qui nous motive collection Clés des Champs aux éditions Flammarion
[42]Carl Rogers (2005, version originale 1966), Le développement de la personne, éditions Dunod

Références

Chernet, D. (2009), Coacher avec l’analyse transactionnelle, Eyrolles, coll. « Le métier de Coach »
Jackson Brown, F. (2014) Oser vivre sa vie, La Martinière
Lefèvre, P. (2001) Choisir sa vie, vivre ses choix, Chronique Sociale, coll. « Comprendre les personnes »
Rogers, C. (2005[1966]), Le développement de la personne, Dunod
Sites internet (consultés en avril 2019)
Formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique du site Psychiatrie Infirmière – cours de Mr Giffard, INSTANCES PSYCHIQUES, le surmoi et l’idéal du moi [en ligne]. Disponible sur : http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/instances/surmoi_ideal-du-moi.htm
Formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique du site Psychiatrie Infirmière – Intervention orale de Mme Huguet, nov. 86. Écrit et mis en forme par Mr D. Giffard, INSTANCES PSYCHIQUES, le self, le VRAI-self et le faux-self [en ligne]. Disponible sur : http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/instances/self_faux-self.htm
L’orientation scolaire et professionnelle (OSP), Article de Valérie Cohen-Scali and Jean Guichard, L’identité : perspectives développementales, [en ligne]. Disponible sur : https://journals.openedition.org/osp/1716
Article de la Psychologie sociale, Les normes sociales, [en ligne]. Disponible sur : https://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/theories/normes/21-les-normes-sociales
Psychoweb, Article de Stephane Desbrosses, introduction à l’influence sociale, [en ligne]. Disponible sur : http://psychoweb.fr/articles/psychologie-sociale/158-introduction-a-l-influence-sociale.html

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