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Numéro 17 12/2023 Numéros

Le coaching dans l’appréhension de la paternité chez les futurs pères

En quoi le coaching, discipline favorisant les prises de conscience sur des potentiels et compétences, pourrait-il permettre, avant l’arrivée d’un nouveau-né, d’appréhender ce qu’est la paternité et la meilleure façon de la vivre ? On en parle dans cet article.

Rémi Pageard
Article de recherche, première parution le 14/12/2023

Rémi est coach professionnel certifié issu du milieu de la psychologie et du management. Passionné par l’humain, il accompagne les pères et les couples sur des problématiques personnelles et les individus sur le plan professionnel grâce au coaching et bilan de compétences.


INTRODUCTION

 

« La paternité traditionnelle est dans l’impasse. La paternité moderne se cherche »

Christine Catelain-Meunier

 

Aujourd’hui plus que jamais, être parent représente un challenge quotidien. Deux parties doivent faire face à un véritable bouleversement d’habitudes. En plus d’appréhender une nouvelle vie à plusieurs, ils doivent aussi faire face à de nombreuses injonctions culturelles ou sociales (deuil d’une forme de vie à deux, vivre avec les conseils répétés (et parfois non demandés) de leurs proches ou des autorités compétentes et s’adapter à des situations inédites). Autant de changements auxquels peu de parents sont prêts et pouvant provoquer un ébranlement des valeurs et de nouvelles angoisses. Ce manque de préparation se constate par divers troubles qui apparaissent généralement quelques mois ou années après la naissance. Baby Blues, dépression post-partum, remise en question, doutes, crise identitaire, etc… Des désordres qui s’ajoutent aux perturbations déjà ressenties et à une adaptation nécessaire après l’arrivée d’un enfant.

Cette adaptation semble ne pas être perçu de la même façon vis-à-vis du second parent. Même s’il tend à être peu à peu désacraliser, l’instinct maternel prime encore. La mère possède cette image de seule responsable de bien-être et de santé de ses enfants et sera majoritairement sollicitée à leurs sujets. Mais quid des pères ?

La plupart des études sur la parentalité sont réalisées via le prisme de la mère, laissant en suspend les ressentis du père. Lors d’une grossesse, la future mère est souvent le centre de l’attention, estimée comme la seule sujette aux inquiétudes face à l’arrivée du bébé et la seule pouvant assurer sa protection. Mais, le futur père, qui ressent les mêmes inquiétudes que sa partenaire, se retrouve confronté à un flot d’attentes, rôle à tenir, attitudes et façons de faire souvent héritées de sa propre éducation. Voilà pourquoi l’on assiste parfois à un paradoxe entre les émotions ressenties et ces attentes. Les conséquences pourraient alors être l’émergence de troubles.

Existe-t-il des moyens qui permettraient d’éviter l’apparition de tels troubles, ou au moins d’en réduire les effets ? En quoi le coaching, discipline favorisant les prises de conscience sur des potentiels et compétences, pourrait-il permettre, avant l’arrivée d’un nouveau-né, d’appréhender ce qu’est la paternité et la meilleure façon de la vivre ? Voilà les questions abordées ici.

 

1       LA PARENTALITE ET SON EVOLUTION

 

« En naissant, un enfant transforme deux adultes en parents. On peut dire ainsi que c’est l’enfant qui fait les parents. »

Françoise Dolto

 

Depuis plusieurs années maintenant, la parentalité est au centre de nombreux débats, discutant de la définition que l’on peut accorder à cette notion ou de la manière dont elle s’exprime au sein de la société actuelle. Qu’en est-il réellement et comment la définir en y incluant ses nombreuses évolutions ?

 

1.1     Qu’est-ce que la parentalité ?

Pour le dictionnaire Larousse, la parentalité est « la fonction de parent, notamment sur les plans juridiques, moral et socioculturel » 1. Difficile donc, sur la base de cette simple description, d’en comprendre le sens profond. Il est aussi possible de citer le Comité National du soutien à la parentalité pour qui « La parentalité désigne l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait d’être parent. C’est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la fonction parentale, matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le lien entre un adulte et un enfant {…} dans le but d’assurer le soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations {…} exercés dans l’intérêt supérieur de l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit ». 2

 

1.1.1    De la parentalité d’hier…

Initialement, le concept était évoqué comme parenté, notion qui regroupait les principes de lignages, mariage et héritage. A cette époque, la question de la responsabilité envers son enfant se joue avec le principe d’échange, au travers de mariages arrangés, de biens, d’échanges sexuels ou culturels. Pour Claude Lévi-Strauss, « que ce soit sous une forme directe ou indirecte, globale ou spéciale, {…} concrète ou symbolique, c’est l’échange {…} qui ressort comme la base fondamentale et commune de toutes les modalités de l’institution matrimoniale ». 3 La loi sur la prohibition de l’inceste permet aussi une évolution de cette parenté, obligeant les individus à ne pas uniquement baser l’éducation sur un modèle de simple transmission génétique et d’héritage. Petit à petit, cette notion de parenté évolue et celle de puissance paternelle prédomine. Si l’on s’en réfère au code Napoléon, la puissance paternelle autorise le père à décider de tout ce qui implique ses enfants. Il est le seul être physique à pouvoir agir et choisir pour ses enfants.

Il faudra attendre la loi du 4 juin 1970 pour voir la notion de parenté et de puissance paternelle disparaître au profit de l’autorité parentale. Cette loi explique :

  • L’obligation légale envers ses enfants. Les parents se doivent « de nourrir, vêtir, loger et élever leur enfant, même majeur, s’il n’est pas en mesure de subvenir lui-même à ses besoins » 4. Ces actions, bien que nécessaires, ancre un peu plus les individus dans des normes parentales et voit s’effacer les normes individuelles.
  • Elle implique dorénavant la mère dans l’éducation et la protection de l’enfant. Deux parents sont désormais garant de la sécurité et de la santé de l’enfant. De plus, l’autorité parentale s’exerce à égalité entre les deux parents, dès lors qu’ils sont mariés.

D’autres lois sont venues compléter la notion de parentalité et ont pris en compte son évolution. Ici, nous retiendrons surtout les lois de 1993 et 2002 qui définissent le principe de coparentalité.

Outre les lois présentées jusqu’ici qui montrent que la notion de parentalité était surtout liée à la filiation légitime et au mariage, il est intéressant de parler de la structure familiale prédominante de l’époque. La plupart des familles se composaient d’un homme et d’une femme avec des rôles ancrés dans les mœurs de chacun, la femme assurant l’éducation des enfants en assumant son rôle de mère au foyer et le père subvenant aux besoins des siens en travaillant à l’extérieur de sa maison. Fonder une famille est un objectif qui intervient comme l’étape suivante après le mariage. Ce modèle est devenu tellement dominant qu’il en est devenu naturel et a longtemps été présenté comme le seul véritable. Ici peut aussi se poser la question de l’influence de la religion catholique, dominante à l’époque et qui ne reconnaît la légitimité d’un nouveau-né que s’il est conçu après le mariage ou qui proscrit la contraception artificielle. 5 C’est aussi cette même absence de contraception qui voit la natalité augmenter, les individus n’ayant pas toujours le contrôle sur le fait d’avoir des enfants et se voient ce nouveau rôle imposé à eux. Enfin, l’on remarque que les modèles hérités à l’époque sont tels que la transmission au travers d’une lignée semble plus importante que la notion de couple, effaçant les sentiments amoureux au profit de l’organisation et de l’intérêt de la famille.

Les lois mentionnées plus tôt mettent l’accent sur la filiation comme obligation. La plupart des articles lus pour la rédaction de cet article mettent l’accent sur les couples hétérosexuels, laissant apparaître un constat assez clair sur les études de l’époque qui ne prenaient pas en compte l’évolution des familles et des ménages. De plus, la question peut se poser quant à savoir pourquoi décrire la parentalité et son histoire majoritairement au travers des lois adoptées et non pas grâce à des témoignages de parents. Ce choix a été fait car il semblait intéressant de montrer que ce sont les lois qui ont longtemps encadrées cette parentalité, parfois loin du ressenti des individus ou des rôles que peuvent tenir les personnes.

 

1.1.2    A la parentalité d’aujourd’hui.

Au fur et à mesure des époques, la notion de parentalité a évolué pour sortir du rôle prépondérant du père et de l’obligation de mariage nécessaire à sa bonne application. Aujourd’hui, l’évolution de la famille, l’âge de procréer plus précoce, l’envie respectée des femmes qui ne veulent pas d’enfant, le pluri-amour, la contraception, le travail des femmes ou le choix d’individus de rester célibataire (entre autres) montrent bien que la parentalité est un phénomène pluridisciplinaire, sa définition se rapprochant ainsi de celle du Comité Nationale de soutien à la parentalité.

Être parent n’implique plus nécessairement un homme et une femme au sein d’un même foyer. Selon l’INSEE en 2020, 24,7% des familles sont monoparentales et 9% sont issus de familles recomposées.

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C’est le même institut qui en 2018, recensait environ 260 000 familles homoparentales. 7 Depuis la loi sur « Le Mariage pour Tous » en 2013, l’adoption par un couple de personnes de même sexe est autorisée. Au même titre, une personne célibataire (hétérosexuel ou homosexuel8) peut choisir d’adopter un enfant. Notons aussi l’existence des familles d’accueil, qui cassent avec le schéma classique d’éducation connu depuis toujours et les nombreux débats sur la PMA encore existant à l’époque actuelle. Autant d’exemples qui montrent bien que la parentalité ne s’aborde plus sous les mêmes aspects que ceux connus de nos propres parents. A notre époque, on accorde autant d’importance à la filiation légitime que naturelle (loi de 1972), le nombre de naissance hors mariage augmente, l’âge avant la naissance d’un premier enfant aussi et les principes d’éducation d’une famille à une autre diffère, signe que les piliers éducatifs de l’époque sont révolus et en constante évolution pour y intégrer plus de principes.

Au-delà de la structure familiale qui a changé, les évolutions culturelles, médicales et légales sont aussi à prendre en compte car elles permettent de choisir ou non d’avoir un enfant et à quel moment. La démocratisation des moyens de contraceptions, tout comme la légalisation de l’avortement (1975) inclut la notion de choix à la parentalité et permet aux couples de contrôler le nombre de naissance désirée dans leur foyer ou encore l’âge auquel ils souhaitent accéder à la parentalité. Les êtres humains d’aujourd’hui, hommes comme femmes, refusent de suivre les modèles définis et prédominants de l’époque. En témoigne ce chiffre : 48% des pères souhaitent donner une éducation à leurs enfants complètement différentes, presque à l’opposé de celle qu’ils ont reçu9. L’on peut intégrer dans la notion de parentalité est la relation de couple et les sentiments amoureux. L’enfant seul n’est plus le centre d’intérêt dans la parentalité mais presque une issue ; pour que l’enfant aille bien et que son éducation se déroule de la meilleure façon qui soit, ses parents doivent pouvoir pleinement s’épanouir. On quitte alors les normes parentales pour tendre vers une alliance avec les normes conjugales.

Enfin de nos jours, la notion de parentalité est étroitement liée à l’équilibre vie privée et vie professionnelle. L’investissement familial et professionnel ne sont pas incompatibles. Notons aussi l’une des différences majeures avec la perception de l’époque au sein du cadre professionnelle : la femme travaille plus facilement, tout autant qu’un homme et n’est plus cantonnée au rôle de femme au foyer. D’ailleurs, il faut noter que ce rôle de « parent au foyer » se partage aussi désormais avec le père dont le nombre augmente ces dernières années.10

 

Tous ces changements ont ainsi obligé les parents à s’adapter et à ne plus suivre les idées préconçues qu’ils ont connus avec leurs propres parents. Ils font leur propre choix, en fonction de leurs besoins et leurs valeurs et plus par respect pour une lignée déjà prédéfinie. Le mariage n’est plus le point névralgique de ce qui fait la parentalité, tout comme la lignée et la filiation directe, qui ont laissé place à la complémentarité de diverses sphères (culturelles amoureuse, professionnelle, etc…). La parentalité n’est plus simplement « la fonction de parent » mais englobe aussi les besoins de ceux qui la font, lesquels diffèrent des générations précédentes.

 

1.1.3    Injonctions.

Longtemps donc l’image de la parentalité et de la famille a prédominée sur le reste. Une famille unie au travers d’un couple tout aussi uni a représenté un but à atteindre, synonyme de bonheur. Les normes conjugales ou individuelles se sont effacées au profit des normes parentales, permettant, au travers du mariage et de la conception d’enfants, de trouver un statut social. De nos jours, la tendance semble s’être inversée. L’ère est à la complémentarité entre ces valeurs individuelles ou de couples et ces valeurs parentales. L’un ne s’efface plus au détriment de l’autre. Chaque individu au sein d’un foyer souhaite pouvoir assouvir ses besoins, s’octroyer des moments et ne plus être à 100% au service de ses enfants. Il est pourtant difficile « d’articuler les exigences de vivre ensemble et celles inhérentes au souci de réalisation de soi »11.

Bien que la première partie de cet article semble parler d’une époque révolue et lointaine, en réalité il n’en est rien. La loi qui définit l’autorité parentale ne date que de 1970, soit une période encore connue par certains de nos parents ou grands- parents, parfois modèles et piliers de notre construction. Nombreuses sont donc les personnes qui ne souhaitent pas simplement être « parents » mais aussi personne en tant que telle et qui se retrouvent donc bercées entre l’envie d’évoluer et les traditions persistances. Un décalage qui peut remettre en cause certaines valeurs et croyances des personnes et les empêcher de se positionner dans le rôle souhaité.

Enfin, reste la prépondérance des images, clichés ou façon de faire qui ne prennent pas en compte les évolutions familiales connues ou les désirs des parents. Les publicités, médias, affiches, photos officielles représentent souvent des couples ou familles normalisées du passé (une nuance est à apporter ici, de réels changements apportant plus de diversités semblant de plus en plus s’opérer). Outre ces images, cette prédominance semble aussi exister au sein de toutes les institutions que nous connaissons, éducatives comme professionnelles. « La norme des institutions éducatives en France s’appuie plus ou moins explicitement sur une représentation de la famille occidentale, issue de la classe moyenne, composée d’un couple parental, hétérosexuel. Et la norme théorique conjointe qui façonne les pratiques professionnelles est le primat de la théorie de l’attachement maternel. Le lien mère-enfant y est primordial pour le bon développement de l’enfant (Bowlby, 1951 ; Winnicott, 1975). Il entraîne une assignation des rôles parentaux, survalorise le rôle maternel, sous-estime le rôle paternel. Ces allants-de-soi, ces stéréotypes sociaux, demandent à être lâchés pour pouvoir s’ouvrir sur une réelle prise en compte de la diversité. » 12

Comment donc réussir à trouver une place épanouissante au sein d’une structure familiale et parmi des rôles imposés ? Difficile d’allier cette volonté individuelle à son rôle de parent lorsque, malgré les évolutions logiques rencontrées au fil des ans, l’image et parfois même les valeurs affichées sont celles du passé.

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1.2     Images et rôle du « père ».

A ce stade, il est important de préciser que dans la suite de cet article, le choix a été fait de se concentrer sur le « père » au sein de la structure familiale et d’aborder son rôle avant l’arrivée d’un nouveau-né. Or, il serait paradoxal de nier ce qui a été évoqué plus tôt en ce qui concerne les changements familiaux rencontrés de nos jours : un rôle de père qui peut aujourd’hui être associé à un rôle d’accompagnant, de tuteur ou mentor, pouvant tout à fait être tenu par une femme dans le cas d’un couple homosexuel par exemple ou par un beau-parent dans le cas d’une famille recomposée. Mais ce qui était ici intéressant, c’était la prévention des divers troubles qui peuvent intervenir avant la naissance de l’enfant et comment les diverses injonctions et images pouvaient les générer.

 

1.2.1    Qu’est-ce qu’être père ?

Trouver une définition scientifique à ce qu’est être père n’est pas simple. Pour le dictionnaire Larousse un père est un « homme qui a engendré ou qui a adopté un ou plusieurs enfants » ou « homme qui agit en père » 14, cette dernière laissant déjà sous-entendre qu’être père serait jouer un rôle, sans pour autant en développer les fonctions. Comme expliqué précédemment, le père au sein de la structure familiale est passé de chef incontesté et décisionnaire à un rôle et des responsabilités équitablement partagées avec sa compagne.

Et si, la meilleure définition que l’on pouvait donner au terme « père » était donnée par des pères eux-mêmes : « Être père, c’est donner autant d’amour que possible à ses enfants, afin de faire grandir la confiance en soi de chacun d’entre eux. Être père, c’est savoir les écouter {…}. Être père, c’est également donner l’exemple {…} préciser les règles de vie et montrer les différentes voies possibles du bonheur, en s’efforçant de l’illustrer à la maison aussi souvent que possible. {…} C’est essayé d’épargner à mes enfants certains pièges dans lesquels je suis tombé à leur âge. C’est s’efforcer d’inculquer à ses enfants les valeurs qui semblent primordiales pour s’épanouir dans la vie {…} dans la plus grande complicité possible avec son épouse, afin de proposer une cohérence de couple à ses enfants et être avec le temps d’autant plus crédible lorsque nous parvenons à préserver une certaine harmonie familiale, fondée notamment sur des valeurs communes. Être père, c’est parfois galère, mais c’est avant toute chose un immense bonheur ! » 15

Le peu d’étude qui vienne appuyer ses propos traduisent surtout que peu de pères parlent de leur vision des choses et de la façon dont ils se perçoivent ou de la place qu’ils prennent. On sait globalement que cette place et ces rôles attribués aux pères dépendent de facteurs politiques, sociaux, culturels et économiques. « Dans les années 1980, les pères se sont vus octroyés un nouveau-rôle : celui d’être « paternant ». Ainsi, des « nouveaux pères » apparaissent affectueux, prodiguant des soins, participant à l’éducation de leur enfant et présents auprès de leur compagne » 16

Arnaud Marine, dans une étude réalisée en 201817 et après avoir interrogé plusieurs pères, note aussi que l’apparition du sentiment de devenir père n’intervient pas à la même période pour tous les individus.

Au final, il est aujourd’hui possible de résumer la définition qu’on accorde à ce terme de père en précisant qu’il existerait trois types de père :

–           Le papa poule qui adopte des comportements relevant traditionnellement de la mère : donner le biberon, le bain, changer la couche, câliner…

–           Le père libéré qui recherche avant tout dans la parentalité son propre accomplissement individuel.

–           Le père présent : investi, disponible, participant, consistant, responsable. 18

L’idée principale à retenir ici est que l’on ne naît pas père mais que l’on se sent investi de ce rôle au fur et à mesure des étapes liées à l’arrivée d’un enfant. Il est important, voire nécessaire, d’allouer une place aux sentiments, émotions et ressentis dans la définition de ce qu’est « être un père aujourd’hui ».

 

1.2.2    Problématiques et Inquiétudes rencontrées.

Si avant l’arrivée d’un nouveau-né (ou même après) les questions sont multiples chez la femme, elles restent équivalentes au nombre de questions que se pose un homme dans son rôle de père. « Serai-je un bon père ? », « Mon bébé sera-t-il en bonne santé ? », « Comment vais-je gérer mon couple, ma vie de famille, mon travail ? », « Qu’est-ce que je vais faire pendant l’accouchement ? » … Rajoutant du stress à un terrain déjà fragilisé.

Il est intéressant de noter que les angoisses ressenties par les pères interviennent généralement lors de tous les processus d’une naissance : grossesse (restant abstraite pour les hommes), accouchement (moment anxiogène pour les pères durant lequel ils restent témoins avec peu de participations possibles), retour à domicile, les soins. 19

En 2019, on estimait que 4 à 16% des pères étaient touchés par un trouble anxieux durant la grossesse de leur partenaire et 2 à 18% après la naissance. On estime aussi que 10 à 14% des pères étaient touchés par une dépression pendant la grossesse. 20 Enfin « Plus d’1 parent sur 2 se considère plus stressé que ses parents à l’époque (53%). De même, 39% des parents estiment qu’il est plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque de leurs parents de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ». 21

Comment faire pour réussir sa paternité, alors même qu’on ignore comment faire ? Si une mère semble savoir instinctivement comment réagir face à un nouveau-né et supporte la souffrance de l’accouchement, comment un père peut-il se permettre de ne pas être présent et réussir, lui qui est plus passif dans les premières phases de la naissance ?22 Cette phrase volontairement provocatrice regroupe de nombreux clichés auxquels le père croit et lui laisse entendre qu’il ne serait pas à la hauteur. Ces craintes seraient majoritairement dû à un rôle de l’entourage et à l’influence que ce dernier aurait, même inconsciemment, sur le père. Des problèmes de communication ou de préparation dans le couple, liés à une hypersensibilité chez la mère suite à la naissance et un lien naturel avec bébé23 peuvent générer un manque de confiance suite aux hésitations du père (dans les soins apportés à bébé par exemple), l’impression (à tort) d’être jugé, trop guidé ou rabaissé face à l’apprentissage d’une façon de faire ou un besoin d’approbation constant des professionnels. Il faut ajouter à cela certaines remarques, conseils parfois non désirés de l’entourage et de la famille proche, qui questionne encore plus le père sur son rôle et sur sa façon de faire.

Juste après la naissance, pères et mères se voient ébranler dans de nombreuses convictions et bouleversés dans leurs quotidiens. Au-delà du rôle de l’entourage qui peut parfois être source d’angoisse, il convient d’y rajouter des éléments. Nombreux sont les pères qui se comparent dans leur façon de faire à leur propre parent avec la volonté de faire différemment, quitte à questionner ce qui fait le fondement de leur identité. Il faut ajouter à cela le fait que le père soit tout autant sujet que la mère à ce lien unique qui le lie à bébé et qui fragilise son assurance et son identité personnelle ; à cela près que le père l’exprime moins. 24

 

 

Manque de communication, place à trouver et perte de repères, bouleversements identitaires et manque de confiance en soi ; voilà certaines problématiques que peuvent rencontrer les futurs pères, avant même la naissance de leur enfant. Il semble important de rajouter à cela la pression sociétale que le père peut ressentir. A une époque où l’on demande aux pères de s’impliquer plus encore dans la parentalité ou de s’éloigner des images de la paternité du passé, de nombreuses entreprises acceptent difficilement les demandes de leurs employés dès qu’elles touchent à la famille, comme le congés paternité par exemple. Cela signifie que l’on n’accorderait pas complètement aux pères leur place réelle, tout en les invitant à profiter des solutions qui leur sont offertes pour tirer avantage de leur famille. Il est aussi ici possible de parler du congés paternité, passé de 11 à 25 jours depuis le 01 juillet 2021 et qui est à prendre selon de nombreuses conditions et dans des délais impartis25, empêchant en quelque sorte le père de s’accomplir tout autant que la mère. Le nouveau père peut donc se sentir comme contraint de devoir choisir entre sa famille et tous les à-côtés nécessaires, comme s’il devait choisir quelle priorité avoir. On peut aussi rajouter à cela la crainte de la perte du couple, l’éloignement où là encore, les normes parentales prendraient le dessus sur les normes individuelles et sentimentales et empêcheraient les parents de s’épanouir amoureusement au profit de l’éducation de l’enfant.

Aujourd’hui encore, les pères souffrent de l’héritage patriarcal dont ils ont hérité et qu’il est difficile de faire oublier. Ils restent aussi, dans l’imaginaire de beaucoup, un personnage de second plan dans l’éducation d’un enfant, négligeant le lien qui existe entre un père et son enfant et valorisant celui entre la mère et son nouveau-né. Pourtant, l’évolution de la paternité est constante et les pères d’aujourd’hui s’affichent comme des personnes assumant équitablement leurs responsabilités auprès de leur compagne et soucieux de transmettre des valeurs et modèles sains à leurs enfants.

Les divers paradoxes entre ce qui est proposé et la façon dont les choses sont évaluées par autrui montrent bien que l’image du père telle qu’elle était présentée il y a plusieurs années est encore bien présente dans les mémoires collectives et fondent en quelque sorte la façon dont on perçoit ce que devrait faire les pères.

Tous les pères ne ressentent pas les inquiétudes évoquées. La société parfois culpabilisante envers les pères, l’image et le rôle qu’il est obligé de tenir mais qui ne correspond pas toujours à ce qu’il souhaiterait, les changements identitaires dus au lien qui se crée avec son enfant, trouble de la confiance en soi… Autant d’éléments qui participent à la montée d’angoisse, de stress, de fatigue et d’autres symptômes qui peuvent déclencher, à terme, des pathologies nécessitant une thérapie.

 

La question se pose toutefois de savoir si les mêmes problématiques ressenties et rencontrées par le père apparaîtraient s’il parvenait à les prévenir en amont, et s’il réussissait par exemple, à trouver sa place et à comprendre qui il est et sera en tant que père.

 

 

2       L’ACCOMPAGNEMENT DU PERE

 

« La difficulté de la parentalité contemporaine tient

notamment au fait qu’il faut improviser »

Christine Castelain-Meunier

 

Coaching et Thérapie ont toujours été complémentaire. Là où le second va se pencher vers des traumas passés, le premier se concentre sur le « Ici, Maintenant et Demain » et sur la façon qu’a l’individu de s’épanouir en assumant ses choix. Ce qui nous intéresse ici, c’est bien un travail d’anticipation pour tenter d’atténuer certains problèmes et ressentis qui peuvent toucher les pères. « « Comment être parent ? » se double d’une autre, devenue essentielle dans notre société de performance : « Comment être un bon parent ? ». Les parents culpabilisent de ne pas faire tout ce qu’il faut pour l’épanouissement de leur enfant, qui semble la clé de voûte d’une éducation réussie. Ils sentent aussi qu’il faut l’armer, pour affronter une société qui s’est durcie. Désormais, il y a urgence à être soi, en mieux et en plus efficace. Face à cette pression, la tentation est forte de s’adresser à ceux qui savent : les experts, les psys, mais aussi les coachs. » 26 Cette citation d’Anne Lamy reprend plusieurs problématiques que peuvent rencontrer les pères et nous permet de dire que le coaching semble être un accompagnement tout à fait approprié pour permettre à un futur père d’atteindre ses objectifs.

 

2.1     Discussion sur le coaching dans ce contexte.

Peut-on vraiment envisager la possibilité d’accompagner des pères dans leur préparation à la naissance ? Sachant que tous les pères ne sont pas nécessairement touchés par ces inquiétudes et questionnements qui peuvent les perturber, il serait possible de simplement attendre et de laisser intervenir les thérapeutes ou médecins. Mais on sait aujourd’hui qu’un trouble tel que la dépression Post Partum toucherait presque autant les pères (10%) que les mères (10 à 15%)27. Il existe aussi de nombreuses échelles d’évaluation pour mesurer la gravité de ce trouble (EPDS, Gotland Male Depression Scale, etc…) afin de définir le niveau de « souffrance » du patient (ces échelles ne seront pas plus développées ici puisqu’elles entrent directement dans le champ de la psychologie). Au-delà de la psychologie, il est intéressant de se questionner s’il ne serait pas utile d’accompagner les pères avant la naissance dans le but, par exemple, de ne pas laisser survenir les problèmes.

 

2.1.1    Le coaching.

Il apparaît que le coaching est une discipline complexe qui puise certains de ses fondements dans les sciences humaines, mais qui reste ouverte à de nombreux autres courants. Un processus de coaching vise à l’accompagnement d’un individu dans l’accomplissement de ses objectifs, avec pour finalité un état harmonieux et une congruence entre ce qu’il est, ce qu’il ressent et ce qu’il peut accomplir. Là où « la psychologie est une science de la guérison » 28 le coaching est un procédé qui assure une durabilité, tourné vers l’action, sans promesse de résultats mais bien de moyens. Au-delà de l’accomplissement d’un objectif défini, le but d’un processus de coaching est de permettre à un individu de trouver en lui les clés de la réussite.

La qualité et le bon fonctionnement d’un processus de coaching repose sur plusieurs points (liste non exhaustive) :

  • La règle des 3P (Protections, Permissions, Puissances). Premières bases de la relation entre le coach et le coaché, cette règle permet au client de se sentir libre de répondre aux questions du coach, libre de dire ou de ne pas dire, libre d’arrêter le processus, libre de s’y impliquer autant qu’il le souhaite, etc… Pour le coach, cette règle l’oblige, entre autres, à assurer la sécurité ontologique de la personne.
  • La relation entre le coach et le coaché. Résumé sous l’appellation du Rapport Collaboratif, cette relation est de nature à ce que le coach et le coaché travaillent ensemble dans l’élaboration et l’accomplissement d’un objectif. Elle repose sur une relation empathique, authentique, chaleureuse et une dimension professionnelle de la part du
  • Le principe de l’Écoute Active. Pensé par Carl Rogers, ce mode de communication met en lumière la capacité du coach à écouter par le biais des canaux digitaux (les mots) et analogique (communication non verbale). C’est l’entièreté de la personne qui se doit d’être écoutée, de ses réactions à ce qu’elle dit et ne dit Cette Écoute Active permet de faire sentir au client qu’il possède toute notre attention, que sa parole compte et que son message est compris. Au travers de 4 niveaux d’écoutes (fonctionnelle, empathique, systémique et flottante) et dans le but de maintenir et consolider le rapport collaboratif, le coach va utiliser des outils qui lui sont propres (synchronisation, reformulation, calibration, observation des mouvements oculaires) et qui lui permettront de créer un climat de confiance avec son client.

 

Comme vu dans la première partie de cet article, les questionnements, incertitudes et inquiétudes du père sont souvent passées sous silence, soit pour coller à une image d’homme viril encore partiellement imposée par la société ou par peur d’être jugé. La qualité de la relation naturelle qu’un futur père va entretenir avec son coach est donc primordiale pour qu’il réussisse à se confier le plus naturellement possible, sans craindre quoi que ce soit.

 

2.1.2    Rôle, vigilance et intentionnalité du coach.

L’intentionnalité que le coach met dans son questionnement ou dans les outils qu’il utilise est aussi cruciale pour le bon déroulement du processus. Sans jamais conseiller, le coach va réguler, ou légèrement provoquer son client afin d’améliorer le lien qui se bâtit ou provoquer des prises de conscience. C’est cette intentionnalité qui donne un but aux séances. Lorsque le coach pose une question, il la pose parce qu’il souhaite ouvrir un champ spécial, et il s’attend, en toute logique, à une réponse du client qui s’inscrirait dans le même champ. Cette intentionnalité est le reflet du professionnalisme du coach dont le but premier n’est pas simplement de poser des questions mais de permettre au client de réfléchir sur des points auxquels il n’est pas habitué à réfléchir, pour le pousser à une restructuration cognitive à son simple service et bénéfice.

Il convient aussi de la part du coach de rester vigilant sur certains points qui assurent la sécurité ontologique de son client :

  • Garder une posture basse lors des séances. Un père venant par exemple avec une problématique de crainte de ne pas savoir comment faire ou trouver sa place à l’arrivée d’un enfant et dont le coach garderait une posture haute (attitude plus directive, de professeur à élève) pourrait se sentir ignoré, douter de sa demande et ses besoins ou attendre des conseils sans réfléchir par lui-même à une solution adéquate. Garder cette posture basse est l’un des meilleurs moyens pour obtenir une parole vraie, garder la confiance du client et éviter toute réactance.
  • Dans le cas d’un père coaché par un coach homme, ce dernier doit rester attentif à l’apparition du phénomène de contre-transfert. Celui-ci, qui « désigne le sentiment conscient qu’éprouve le coach au regard du vécu et du comportement du client. Le coach réagit alors en résonance par rapport à son histoire personnelle et cesse d’accompagner son patient sur l’histoire qui est la sienne ».29 Dans le cas présent, ce phénomène de contre-transfert ferait écho aux inquiétudes du coach et non à celles de son client et l’intentionnalité mise dans le questionnement ne serait objectivement pas approprié.
  • La teneur de la demande. Comme déjà évoqué, tous les futurs pères ne sont pas soumis aux mêmes interrogations et certains ne vont pas rencontrer les mêmes angoisses ou à des degrés différents. Il faut donc que le coach ne cherche pas désespérément, par égo, quête de clients ou volonté de suivre un protocole, à voir une demande là où il n’y en a pas et ainsi créer une « non-demande ».
  • Le coach doit rester vigilant à la non apparition d’un triangle de Karpman ou s’il apparaît, à ne pas l’alimenter. L’une des principales problématiques possibles ici étant un problème de communication entre le père et son entourage, voir ce client tomber dans ce jeu et l’y laisser ne serait pas bénéfique. Par exemple un futur père qui viendrait en processus de coaching pour réussir à plus s’impliquer dans les préparatifs de la naissance de son enfant. Au fil du questionnement, il avoue ne pas savoir comment faire pour plus s’impliquer, mais que ce sont là des reproches quotidiens que lui fait sa compagne, qui ne cesse de le rabaisser parce qu’il n’est pas capable de gérer les choses. Le père serait en position de victime et sa compagne adopterait le rôle de persécutrice. On peut aussi imaginer que le père passerait du rôle de victime à persécuteur en faisant culpabiliser sa compagne et en la rendant responsable de son malheur.

Le coach doit accompagner le père (voire sa compagne) pour sortir de ce triangle néfaste qui ne permettrait pas de répondre à la demande initiale du père, mais qui risquerait de rendre la future paternité plus compliquée encore. Enfin le coach doit veiller à pas s’inclure malgré lui dans ce triangle et y jouer le rôle du sauveur !

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Au-delà de ces points de vigilance, ce qui ressort des points abordés, c’est l’importance de l’intentionnalité du coach lors des séances. Elle dicte en partie le déroulé d’une séance et façonne l’attitude du coach. Cette intentionnalité a-t-elle le même sens et est-elle identique en fonction de la demande initiale du client et l’étape à laquelle il arrive dans le processus de coaching ?

 

2.2         Vers l’accompagnement des pères.

Le choix a été fait, dans les paragraphes qui suivent, de présenter des outils opérationnels liés aux problématiques d’un futur père qui se présenterait en processus avec la volonté d’appréhender la naissance à venir de son enfant. Pour chacun de ces outils, l’intentionnalité du coach qui y est liée et ce que ces outils vont apporter au client seront présentés.

2.2.1    Détermination de l’objectif.

  1. a) Rappel du cadre, éthique et déontologie.

Aucun père ne se pose pas les mêmes questions au même moment. Il ne faut donc pas s’imaginer le processus de coaching comme quelque chose à mener de façon identique d’un client à un autre. C’est la demande initiale qui déterminera les axes de travail qui régiront le processus de coaching et l’intentionnalité du coach. Par exemple, un père peut se présenter face à un coach avec la volonté d’équilibrer ses domaines de vie et sa vie professionnelle et privée ; on peut aussi imaginer un père venir afin d’améliorer la communication avec sa compagne à qui il n’ose pas dire ce qu’il ressent sur l’arrivée du bébé, etc… Chaque processus de coaching se définie donc comme individuel et unique, avec certes des étapes clés, mais la nécessité de jongler d’un moment à un autre en fonction de la demande du client.

Dans le cas présent, dès le premier entretien avec le client, il est très important de mettre l’accent sur les notions de Protections et de Permissions intégrées dans la règle des 3P. Mettre l’accent sur les possibilités pour lui de discuter de ce dont il souhaite, d’être certain que ses propos ne seront ni jugés, déformés ou répétés est déjà un plus pour que le client accepte de s’investir pleinement dans le processus de coaching. Il comprend qu’il peut être lui-même et peut commencer à faire tomber certaines barrières qu’il s’imaginait et le retenaient jusqu’ici.

Le coach, dans son intentionnalité d’instaurer le rapport collaboratif et d’expliquer le coaching, autorise le client à être à l’aise et à créer un lieu de parole unique et bienfaiteur.

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  1. b) Vers un objectif souhaité.

S’il existe plusieurs méthodes pour arriver à déterminer un objectif, dans le cadre d’un tel accompagnement, l’outil du SCORE semble approprié à une telle détermination.

L’intentionnalité de cet outil est de clarifier une demande initiale en brossant l’espace présent, les symptômes du client, ce qui l’emmène à ce processus. Il permet aussi une formulation positive de l’objectif, autorisant le client à réaliser les effets qu’il souhaiterait à l’atteinte de cet objectif. En passant de l’état présent à un futur désirable, le père peut commencer à réfléchir sur les ressources (internes comme externes), les talents et capacités qu’il possède déjà ou qu’il a sa disposition pour l’aider à l’atteinte de son but. Cela lui permet aussi de commencer un travail sur ses croyances (limitantes ou non), ses Drivers majoritaires ou les limites qu’il peut entrevoir à l’accomplissement de son objectif.

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En invitant son client à passer d’une case à une autre, le coach montre son intentionnalité et prouve qu’il ne pose aucune question par hasard. Par exemple, lorsqu’il invite le client sur la case méta, après avoir dessiné les contours de l’objectif et les moyens qu’il perçoit à sa réalisation, il lui permet de prendre du recul sur son vécu, le décentre de la situation et permet une libération de la parole.

Grâce à cet outil, le coach permet à son client, lors d’une exploration contextuelle, de clarifier son objectif et d’amorcer un travail identitaire. Pour le père, il lui permet de déjà mettre à mal certaines injonctions qu’il peut subir comme le sentiment de ne pas pouvoir parler de ce qui lui arrive, la pression qu’il peut ressentir ou les besoins nécessaires à son accomplissement. Il peut encore verbaliser plus facilement ses émotions jusqu’alors gardées, pour nourrir cet outil et dévoiler ses ressentis.

 

2.2.2    Accepter le changement.

Il est possible de « résumer » un processus de changement par une « fin » en deux temps. Un premier synonyme de désengagement et qui provoque chez le client une perte de repère et de son identité. (« Qui suis-je maintenant que je vais devenir père ? », « Suis-je le même qu’avant ? »). Un second temps, qualifié de désorientation/désenchantement, vient marquer l’acceptation pour l’individu à voir une version différence de son avenir mais sans pour autant savoir dans quoi il s’engage.

 

  1. c) Changements et transitions.

Entrer dans la parentalité est synonyme de changements que les futurs parents choisissent plus ou moins. A ces changements s’accompagnent des transitions qui font passer un futur père, de ce qu’il était, à ce qu’il est et ce qu’il souhaite devenir. Le coach peut recevoir un futur père qui, même s’il désire les changements inhérents à sa paternité, ne soit pas à même de les gérer et n’arrive pas à accepter ou à admettre ce que sa nouvelle situation va lui apporter.

Le coach doit accompagner son client à identifier les changements externes qui le touchent afin qu’il sache où se situer dans une réalité concrète et accepter cette nouvelle réalité dans laquelle il a sa place et avec laquelle il va devoir interagir. Et là où les transitions semblent plus propres à la personne, la notion de changement intervient plus d’une source extérieure. Lorsque le coach questionne son client, il peut percevoir trois types de changement :

  • Le changement de type 0 qui n’oblige pas à un travail, le plus anodin.
  • Le changement de type 1 qui oblige à une adaptation comportementale, l’apprentissage obligatoire d’une nouveauté ou l’adaptation à une évolution.
  • Le changement de type 2 qui est considéré comme le plus difficile et le plus brutal. C’est ce changement qui bouleverse le plus l’identité de la personne car il l’oblige à un repositionnement et à se questionner sur ses valeurs.

Le coach doit identifier quel type de changement touche un père qui se présenterait à lui, le 1 et le 2 étant les plus risqués car source d’angoisses, laissant ce père dans un vide où il ne sait se situer, ne pouvant plus se fier à ses habitudes passées et ignorant tout de celles qu’il va devoir adopter.

Au travers son questionnement et ses outils, l’intentionnalité du coach est claire : laisser un temps d’introspection à son client pour qu’il amorce un processus de restructuration. Il accompagne son client dans toutes les successions d’étapes qui font une transition. Au-delà de permettre ce temps de réflexion, il replace aussi le père à venir dans l’action et l’émotion en lui permettant de passer d’un état actuel à un état désiré, en se focalisant sur ses valeurs et le sens qu’il donne à sa vie ainsi que sur ce qu’il attend de l’avenir.

Identifier les changements et se situer dans ces transitions est un moyen d’accepter cette nouveauté que sera la naissance/l’arrivée de son enfant et de commencer à y entrevoir la place qu’il pourra y occuper.

 

  1. d) Courbe du deuil.

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Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre, compare le changement à un processus de deuil, avec des étapes par lesquelles le client va passer. Dans le cadre de l’accompagnement des pères, le coach peut utiliser cette courbe du deuil pour que son client accepte la fin de la situation qu’il vit en se présentant au processus de coaching et pour qu’il évolue vers l’intégration complète de sa nouvelle situation. Par exemple :

  • Les phases de sidération et de déni correspondraient à ce moment où le client se présente. Il a connaissance de l’arrivée future de son enfant mais refuse les changements qu’une telle nouvelle implique.
  • Les phases de colère et dépression correspondraient à cette étape de fragilité pour ce père qui commence à remettre en cause son modèle de vie pour en façonner un autre, plus adapté à sa situation à venir. Ces étapes entrent clairement dans les instants d’introspections, de réflexions et d’adaptations qui incombent à la bonne gestion des transitions.
  • La phase de tristesse marque ici la fin de la phase descendante et le début de l’acceptation, la bonne gestion de la situation à venir. Cette étape est cruciale pour le père qui commence à accepter les changements qui le touchent. Il se fait désormais à l’idée que son rythme de vie, ses habitudes et son rôle vont changer.
  • Les phases d’acceptation et de changement qui marquent l’appréhension complète de la nouvelle situation du père. Cette situation idéale, l’atteinte de ce qu’il souhaite devenir, est désormais une situation courante.

Travailler sur cette courbe du deuil avec son client est un moyen idéal pour le coach de permettre un nouvel apprentissage sur des situations à venir ou pour une prise de conscience de certaines ressources qu’il possède déjà et qui peuvent l’aider dans l’acceptation de ces changements.

 

 

  1. e) Modèle de Hudson et les cycles de vie.

Le coach et philosophe Frédéric Hudson considère le changement comme un phénomène à la fois continu et perpétuel favorisé par l’apprentissage. C’est cet apprentissage qui va permettre à l’individu de faire face à ce changement. Il soutient l’idée que la vie fonctionne par cycle et favorise à la fois un coaching de transition pour « accompagner le changement en favorisant la pro-activité »34 et un coaching ayant pour objectif la réalisation d’un projet de vie.

Ces différents cycles de vie par lesquels passent un individu et les transitions auxquelles il fait face ont été représentés sous la forme d’une roue des cycles de vie. Pour Hudson, chaque individu rencontre successivement (avec des allers et retours possibles dans l’une ou l’autre des phases) ces phases, en fonction de la façon dont nous vivons le changement. Pour ce père qui se présente en processus de coaching, la phase I d’alignement correspondrait à l’acceptation de l’arrivée de ce bébé, sans réelle question stressante ou doute sur l’organisation qu’il va devoir adopter. Tout semble parfait. L’expérience est positive pour ce père qui ne peut alors chercher qu’un challenge, un but supérieur à atteindre. Il connait ses valeurs et sait l’éducation qu’il veut transmettre à son enfant.

Un client présent dans la phase II de désynchronisation laisserait apparaître des insatisfactions. « Je n’y avais pas pensé mais comment je vais pouvoir continuer à aller à la salle de sport après le travail avec un bébé à récupérer ? » ou encore « Mon patron m’avait promis des aménagements d’horaires pour que je puisse passer plus de temps avec ma famille mais en fait il ne va pas le faire ! ». Ces nouvelles imperfections vont plonger ce père dans une sorte de malaise dans lequel il va se plaindre de la situation à venir mais sans chercher de solution pour en sortir. Il peut par exemple déléguer et négliger son travail sans s’y confronter pour se concentrer sur son enfant ou à l’inverse, laisser complètement la mère s’en occuper pour lui pouvoir profiter d’instants pour lui qu’il souhaite conserver à tout prix. Soit le client est ici à même d’assurer certains aménagements logiques qui lui permettent de revenir en phase I à l’énergie très positive et optimiste, soit il tombe dans la phase III de désengagement.

Cette phase est celle qui va permettre à ce père de remettre en cause tout le système qu’il connaît déjà pour en élaborer un nouveau et accepter les changements qui interviennent avec l’arrivée d’un enfant. Il procède à un véritable changement systémique (type 2), comprenant que ce qu’il vit actuellement ne lui convient plus et qu’il doit trouver des solutions pour aller de l’avant et repartir plus positivement. Par exemple, il comprend la nécessité de devoir s’organiser dans son emploi du temps pour continuer son sport. Pour poursuivre cet exemple, il peut aussi complètement repenser son travail en profondeur pour revisiter ses priorités ou analyser sa façon de faire jusqu’ici et l’améliorer pour y intégrer de nouveaux systèmes. C’est lors de cette étape qu’il intègre, sans se fier aux images transmises d’une certaine paternité, sa propre vision de ce qu’il sera en tant que père et de comment il fera face aux imprévus.

Enfin la dernière phase correspond à une phase d’amorce, un nouveau départ en lien avec les valeurs et les priorités qui le construisent. C’est lors de cette étape qu’il peut tester les changements qu’il a précédemment mit en place pour voir s’ils peuvent devenir pérennes. C’est ici que la communication entre le père et la mère est importante car c’est là, en testant l’application de ces changements (personnels ou externes) dans sa vie courante qu’il peut témoigner auprès de sa compagne le stress ressenti, les angoisses et les problèmes qu’il a peur de rencontrer. Favoriser la communication du couple dans cette phase permet au père de réaliser qu’il n’est pas seul et qu’il a des appuis pour regagner en énergie positive et ainsi repasser en phase I, où tous les changements sont acceptés et ancrés.

Travailler sur le modèle de Hudson et les cycles de vie permet au coach de situer son client, de prendre conscience des étapes déjà traversées et de celles qu’il va devoir encore franchir pour accepter les divers changements qui touchent sa vie. Cela permet aussi au coach d’amorcer un travail sur les émotions et besoins de son client, chaque cycle étant rattaché à une émotion particulière (Phase I : la joie, phase II : l’insatisfaction ou colère, phase III : mélancolie et phase IV : sérénité). L’intentionnalité du coach est de permettre à ce père de trouver un équilibre dans ce changement, de lui faire entrevoir un futur réalisable grâce à une stabilité émotionnelle et comportementale acquise dans l’apprentissage.

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  1. f) Les Domaines de vie.

L’exercice des Domaines de vie est un outil qui peut aider à trouver un équilibre dans ce qu’impose les changements. Le coach invite son client à représenter sa vie telle qu’il la vit et à la représenter aussi sous une forme idéale. Au travers un tel atelier, le client compare deux plans d’action et peut réfléchir aux moyens d’atteindre l’idéal que représente le plan B.

Un père qui se retrouve en pleine phase de transition peut travailler sur ses domaines de vie pour entrevoir les possibles. En interrogeant la part de vie qu’il souhaite allouer à chaque domaine, il va être en mesure de se projeter dans les milieux où il s’épanouie le plus. Avec son coach, il va explorer les diverses façons d’équilibrer ces domaines et voir qu’il possède les ressources parfois nécessaires à l’élaboration de cet équilibre. Passer d’un « état A » à un « état B ». Réussir à équilibrer ses envies et ses besoins dans le cadre des domaines de vie serait un facilitateur d’acceptation au changement. Cela permet aussi à cet homme de comprendre qu’il peut ne pas être qu’un père dans ce futur idéal mais aussi rester un homme professionnellement actif, un compagnon, etc…

Là encore, l’intentionnalité du coach est d’accompagner ce père pour le voir continuer à forger son identité et prendre conscience que le changement est possible. Il souhaite que son client parvienne à différencier les domaines dans lequel il s’épanouie, ceux pouvant représenter une force et un atout, et les domaines plus néfastes pour lui, ceux qui pourraient l’empêcher d’avancer.

 

Rappelons ici que les changements ne sont pas systématiquement inattendus et non souhaités. Rappelons aussi que tous les pères peuvent faire une demande de coaching à tout instant, à n’importe quel stade de la grossesse à la naissance et même après. Certains pères ont déjà bien conscience des paradigmes nouveaux qu’ils vont devoir appliquer pour réussir à garder un état serein dans la paternité. Cela ne signifie en revanche pas qu’ils sont tous aptes à les gérer.

Ces étapes de transitions et changements sont très importantes lors d’un processus car au-delà de l’apprentissage que l’acceptation apporte, elles permettent aussi le passage du père d’un système enfant à un système adulte et mature. Et une fois ce père adulte et mature obtenu, il est possible de travailler plus efficacement sur les injonctions ressenties en lien avec l’identité du père et qui empêcherait son épanouissement complet dans sa paternité.

Dans la première partie de cet article, nous avons vu que l’une des inquiétudes rencontrées dans la cadre de la paternité chez le futur père était l’impression de passivité qu’il pouvait ressentir ; ce sentiment de ne pas savoir faire et ce presque besoin de comparaison à des modèles déjà existant pour se rassurer dans les rôles à adopter. Pour un coach, accompagner ce père lors de cette période délicate de changement et de transition vers l’acceptation d’un nouveau statut et vers de nouvelles opportunités, c’est l’accompagner dans la compréhension de qui il est réellement et l’autoriser à l’être ! C’est lui permettre de comprendre quelles sont ses valeurs réelles, pas celles qu’il mime en suivant ses modèles mais celles qui l’animent vraiment. C’est lui permettre d’assumer son rôle de père de la façon dont il l’entend.

En résumé, les modèles ici utilisés par le coach ainsi que son questionnement lors de l’utilisation de ces modèles permettent au père de commencer un travail de déconstruction des injonctions rencontrées et qui l’empêcherait de bien vivre sa paternité.

 

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2.2.3    Travail identitaire et congruence.

Maintenant que ce père semble être à même de gérer les implications de cette période de changement et transition, il est possible de s’intéresser à une recherche identitaire plus poussée. C’est dans cette démarche que l’accompagnement du coach permettra à son client de comprendre qui il est et ce qu’il veut faire et de se confronter aux problématiques qu’il rencontre et qui pèsent sur la réalisation de son objectif.

 

  1. g) Croyances et Valeurs.

« Je ne pourrais jamais être un bon père ? », « Je ne saurais jamais faire ! », « sa mère est plus à même que moi de gérer ça ! ». Ce type de phrases, qui relèvent de la croyance, auquel un père peut être régulièrement confronté, figent l’idée qu’il se fait de la paternité. Elles définissent sa perception de la réalité, guident ses actions et influencent ses comportements. Le coach doit inviter ce père à identifier les croyances positives dont il peut se servir pour renforcer sa motivation ou sa confiance en lui mais surtout les croyances limitantes, qui peuvent complètement parasiter sa façon de réagir face à une situation nouvelle.

Les principaux vecteurs de transmission de ces croyances sont les mêmes qui peuvent, chez le père, provoquer ce sentiment de ne pas être à la hauteur dans son futur rôle. La répétition d’un modèle éducatif reçu, l’expérience de ce futur père ou les étiquettes dictées par notre environnement sont déterminantes car elles constituent les attentes et l’image qu’un futur père se fait de son rôle.

Le coach doit interroger ce futur père sur ces croyances limitantes afin qu’il sorte des images préconçues qu’il peut avoir sur la paternité et qu’il ne craigne plus de ne pas être à la hauteur ou qu’il mette la barrière trop haute sur les attentes qu’il a de lui-même. L’utilisation de l’outil Méta-modèle par le coach semble approprié car il va permettre au client de prendre conscience de la portée réelle de ses propos, en les expliquant plus longuement et précisément et va ainsi être à même de « détecter toutes les imprécisions dans le langage, les croyances, les généralisations, les raccourcis, les propos non fondés ».37 L’intentionnalité du coach est de permettre à ce futur père une prise de conscience que la réalité qu’il perçoit au travers ses croyances n’est pas nécessairement la même réalité que celle perçue par autrui ou par d’autres pères. Accepter de remettre en cause ses croyances, c’est accepter l’existence d’autres réalités que celles qu’il connait et donc d’autres façon de procéder que celles attendues. C’est laisser l’occasion à ce père d’être réellement lui- même.

 

Au-delà des croyances qu’à ce père et qu’il établit en fonction de son vécu, il est important qu’il soit aligné avec ses valeurs. Ces valeurs représentent le sens qu’il souhaite donner à sa vie. Elles régissent la plupart de ses décisions. Par exemple, si la valeur vie de famille est prédominante chez lui, il semble logique de croire qu’il privilégiera sa vie de famille à son travail et qu’il s’impliquera plus dans la première qu’il n’accordera d’importance à la seconde. Ces valeurs influencent les attitudes, les comportements et les façons d’agir et donc définissent une identité propre. Être en mesure de nourrir ses valeurs et de vivre avec, c’est réussir à être cohérent. Toujours dans le cas de l’accompagnement de ce père, l’accompagner dans la détection de ses valeurs et dans la façon dont il peut les nourrir lui permet de mettre en place un plan d’action qui vise à le voir adopter les comportements correspondant à ce qu’il est vraiment.

En ce qui concerne les valeurs, il est aussi possible d’évoquer la Spirale dynamique de Clare Graves.

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Ce professeur de psychologie dresse le constat qu’il existerait plusieurs niveaux d’existence successifs. Des valeurs sont attribuées à chacun de ces niveaux. Lorsqu’un groupe ou un individu connaît ce que Graves définit comme une crise existentielle, un changement important pouvant mettre sa sécurité en danger, le groupe ou l’individu en question va changer de niveau d’existence pour en créer un nouveau, basé à la fois sur des valeurs nouvelles adéquates à la période présente mais qui puisent aussi un sens sur des valeurs des groupes d’existences passées. Chaque individu évoluant et se questionnant à son rythme, il est important de pouvoir aller piocher dans ses systèmes passés tout en restant ancré dans le présent et le maintenant. Par exemple, ce père qui se présente en processus de coaching avec des questions sur l’éducation à apporter à son enfant va pouvoir se référer à certaines valeurs collectives d’un niveau d’existence passé, tout en les modelant pour répondre aux exigences du temps présent. Il crée ainsi son propre nouveau système de valeurs.

Plus un père sera en mesure d’analyser ses croyances ou de percevoir qu’elles peuvent être réductrices et plus il vivra aligné avec les valeurs qu’il prône et plus il mettra en place certaines habitudes et comportements qui seront le reflet de ce qu’il est vraiment. Faire en sorte qu’il comprenne qui il est et qu’il se sente aligné avec lui-même lui permet de ne plus se sentir fragilisé dans son identité et de trouver sa place ; de regagner une estime de soi.

 

  1. h) Besoins et Émotions.

 

 

 

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Le fait de nourrir ces valeurs et ces croyances résulte d’une nécessité d’accomplir ses besoins. Un besoin s’assouvit dans le but d’éprouver une satisfaction et tourné vers la personne elle-même, vers ses valeurs et ses croyances. En extrapolant le modèle de Virginia Henderson sur l’approche systémique des besoins, il est possible de reconnaître trois types de besoin liés les uns aux autres : les besoins fondamentaux qui correspondent aux besoins de sens, les secondaires qui ne sont pas vitaux et les primaires qui correspondent aux besoins élémentaires de la personne. Le but est de garder en parfait équilibre ces besoins afin de ne créer aucun malaise chez le père. Plus un père sera à même d’assouvir ses besoins et plus il restera aligné avec ce qu’il est vraiment. A noter qu’un déséquilibre dans l’accomplissement de ses besoins peut entraîner chez ce père, un manque de reconnaissance, d’estime de soi ou encore d’accomplissement personnel. Un besoin qui n’est pas satisfait « affecte la personne dans sa totalité »40, car la personne « est un tout avec ses besoins fondamentaux »41.

 

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Face à ce père qui parle peu mais qui ressent les mêmes choses qu’une mère, il est important pour le coach de lui permettre d’exprimer ses émotions. Elles sont la clé de ses comportements et sont bien souvent associées aux représentations qu’il se fait de sa réalité. Un futur père qui a conscience de ses émotions et qui sait qu’il peut les exprimer librement, avant qu’elles ne s’imprègnent des croyances qu’elles sont censées traduire, est un père qui s’autorise à demander de l’aide, qui ne répond plus aux stéréotypes de cet homme infaillible et qui accepte que la paternité s’apprenne.

 

  1. i) Les Drivers.

Les Drivers sont des consignes internes, mélange de croyances et de valeurs, qui dictent les comportements. Rarement conscientisés, ils répondent à une logique éducative et visent à alimenter le besoin de reconnaissance d’un individu en le poussant à se comporter de la façon dont il était attendu et sont au nombre de 5.

Reprenons une fois de plus l’exemple du père qui requiert l’accompagnement d’un coach dans le but d’appréhender sa paternité à venir.

  • Chez ce père, la prédominance d’un Driver Sois Parfait (basé sur la notion de peux mieux faire) l’obligerait à savoir comment bien réagir face à toutes les situations qui se présentent. Il alimenterait malgré lui l’idée qu’il peut avoir que l’instinct maternel rend sa compagne plus à même de gérer l’éducation de l’enfant. Cette mère qui sait instinctivement tout est donc déjà parfaite et le père se doit de l’égaler.
  • Chez ce père, la prédominance d’un Driver Sois Fort (basé sur la notion de dure réalité) le pousserait à garder sous silence la plupart de ses émotions et craintes. Ne parlant pas, il nourrit son stress et ses angoisses et accentue le manque de communication. Ce déni d’émotion et cette aversion pour la demande d’aide fragiliserait son égo.
  • Chez ce père, la prédominance d’un Driver Fais des efforts (basé sur la notion de mérite) complexifie les relations qu’il entretient avec son entourage. Ce n’est pas la façon dont il gérera l’enfant qui compte mais la logistique à mettre en place autour de son accueil, afin de mériter ce qui lui arrive. Ce père va donc se lancer dans de multiples préparations (faire des achats pour bébé, monter les meubles de la chambre, etc…) sans pour autant en terminer une. L’essentiel est que tout soit fait pour que son arrivée soit prête, qu’importe le reste. Cela peut donner une impression de manque d’intérêt pour l’enfant à venir et créer des tensions avec son environnement.
  • Chez ce père, la prédominance d’un Driver Fais Plaisir (basé sur la notion de sacrifice et de prendre soin des autres) l’empêcherait de dire non, de poser des limites et ainsi ne pas assouvir ses besoins. Les difficultés à choisir ou à décider par exemple, peuvent générer, là encore, des problèmes de communication, de ne pas pouvoir être soi-même car soumis au bon vouloir des demandes d’autrui.
  • Chez ce père, la prédominance d’un Driver Dépêche-toi (basé sur la notion de vitesse d’action) le pousserait à agir de façon précipitée, sans réflexion particulière et au détriment de la qualité. Peu soigneux, ce père est vite surmené et a une tendance à la procrastination. Des comportements qui peuvent engendrer un stress supplémentaire ou une impression de désintérêt pour la future naissance.

Faire travailler les Drivers à un père relève d’une intentionnalité particulière. Il ne peut se faire que lorsque la calibration est effective et l’objectif du processus parfaitement défini. L’idée est de permettre au client de découvrir des choses sur lui-même mais aussi de prendre conscience des strokes (échange de reconnaissance qui peut être positif ou négatif) qui interviennent dans la démonstration du Driver dominant. Si ce père a conscience de son objectif et qu’il a conscience qu’il doit changer certains de ses comportements pour réussir à appréhender sa future paternité, le coach l’accompagne dans l’exploration des permissions qui peuvent faire taire les points négatifs liés à ce Driver dominant (s’autoriser à se tromper, à demander de l’aide, à faire simple, à dire non et prendre soin de soi, à se reposer, etc…). L’analyse de ces permissions permet au client de visualiser précisément ce qu’il va faire, où, avec qui et dans quel contexte, bouleverse les croyances qui fondaient son Driver dominant et lui permet, en plus de comprendre qui il est, de gagner en autonomie et en action.

 

  1. j) Analyse Transactionnelle.

Bien qu’étant au départ une forme de psychothérapie, l’Analyse Transactionnelle (initiée par Eric Berne) est aujourd’hui utilisée en coaching comme une grille de lecture qui permet à un client de comprendre comment il s’est construit, de mieux se connaître dans un état présent ou encore de comprendre comment il communique avec autrui et d’en saisir les dysfonctionnements possibles. Pour le coach, il s’agit d’accompagner son client à « prendre conscience de ses comportements, revoir dans quel contexte {…} les attitudes problématiques ont été adoptées, prendre la décision de se reconstituer des frontières interpersonnelles saines et organiser de façon intégrante les divers éléments de sa vie émotionnelle, intellectuelle et relationnelle, pour avoir une existence plus satisfaisante dans le présent. »43

Il est important de comprendre que les interactions de ce futur père qui se présente en processus de coaching dépendent de l’État du Moi dans lequel il se trouve :

  • L’Etat Parent : montre un individu responsable et protecteur, critique ou nourricier, mais qui intervient toujours sous respect de la norme, de la morale et des croyances.
  • L’Etat Enfant : montre un individu plus spontané, impulsif et dans l’émotionnel. Siège de la créativité, des pulsions et de l’interdépendance.
  • L’Etat Adulte : qui montre un individu rationnel, gardien de l’équilibre et de la sécurité entre le système Parent et le système Enfant. Autonome et indépendant, il est logique, objectif et déconnecté des émotions.

Idéalement, les trois systèmes s’équilibrent et l’individu est inconsciemment en mesure de prendre la bonne posture en fonction de la situation ou de la personne qu’il a en face de lui. En revanche, il existe des déséquilibres dans ces systèmes et ces États du Moi, des contaminations qui provoquent, entre autres, des troubles de communication.

  • On parle de contamination par le haut lorsque l’Adulte est contaminé par le Parent. Cela conduit à une altération de la méconnaissance de soi. Par exemple, un père qui dirait « Je ne suis pas là pour juger mais je n’aurais pas éduqué mon enfant comme ça ! ». Même sans en avoir l’impression, ce père émet un jugement de valeurs.
  • On parle de contamination par le bas lorsque l’Enfant contamine l’Adulte et génère ainsi une méconnaissance de la réalité. Par exemple, un père se répétant qu’il pourrait être amusant d’installer un trampoline sans filet pour que son enfant puisse jouer à l’intérieur ! Ici, c’est l’Enfant qui parlerait d’un phénomène amusant, au détriment de l’aspect sécurité que lui aurait apporté l’Etat Adulte.

Le travail du coach est de pousser son client à être un Adulte conscient de son Parent et de son Enfant, et de ne pas se laisser berner par des contaminations quelconques ; d’être à même de rester objectif en toutes circonstances et situations en restant aligné avec ce qu’il est réellement.

Il existe aussi de nombreuses interactions possibles dans les échanges quotidiens qui pourraient justifier les problèmes de communication ou de place non trouvée dans un couple face à l’arrivée d’un futur nouveau-né.

  • Transactions croisées dans lesquelles l’état du moi sollicité ne répond pas. Les deux interlocuteurs ne sont alors plus sur la même longueur d’onde et la communication est alors interrompue.
  • Transactions cachées dans lesquelles les phrases prononcées en apparence cachent en réalité un autre message, souvent estimé jugeant ou dévalorisant. Dans le cas du coaching du père qui nous intéresse ici, ce type de transactions cachées pourraient se traduire de la sorte :

« Mère : ça fait longtemps que tu es dans la chambre, tu veux de l’aide pour changer la couche de bébé ? (Message caché : il est vraiment incapable de le faire, il prend trop de temps !).

Père : non c’est bon c’est terminé merci ! (Message caché : pour qui se prend-t-elle, je peux très bien réussir !) »

Les transactions croisées et/ou cachées sont nombreuses et provoquent malentendus, frustration, non-dit, etc… C’est ce type de transaction qui peuvent, chez le père en attente d’une future naissance, creuser le fossé qu’il peut ressentir avec son entourage, en ayant l’impression de ne pas être compris.

Lors des séances, le coach doit permettre à ce père de connaître l’Adulte qui peut être, pour garder son équilibre et être en mesure de communiquer de façon la plus claire qui soit (on parle de transaction complémentaire). L’importance est de responsabiliser ce père dans ce qu’il dit et dans le fait d’assumer ses propos.

 

2.2.4    Gestion du stress.

  1. k) Échelle du stress.

Comme chaque père peut se présenter à différents stades personnels et internes dans le processus de coaching, la première étape pour le coach est de définir le sens du stress pour son client, ce qu’il entend par l’utilisation de ce mot (la définition guidant l’intention du coach). Dès lors que le coach a connaissance de ce qui se cache derrière ce stress pour ce père, il peut l’évaluer, grâce à l’échelle d’évaluation du stress.

Cette échelle, basée de 0 à 10 permet au client de se situer par rapport à son stress ressenti sur l’instant et à combien il aimerait être sur cette même échelle (à partir de combien il ne se sentirait plus stressé). Cela va aider le client à se fixer un objectif à atteindre, à lui donner un cap. Au-delà de ce cap à atteindre et de l’état des lieux émotionnels dressés, le coach, grâce à cette évaluation, va permettre à son client de mettre le doigt sur les domaines qui le stress. C’est grâce à une telle évaluation que le client va aussi pouvoir définir des sous objectifs, des paliers à atteindre dans la réalisation de son objectif global. Elle va aussi permettre au coach de mesurer les attentes de son client.

C’est essentiellement en questionnant ce père sur ses croyances et ses valeurs que le coach va lui permettre de travailler sur son stress, de lui faire prendre conscience de ses stresseurs réels et de leurs origines. Trois types de stresseurs sont ici retenus :

  • Internes (intégré à l’individu comme par exemple le stress de réussir à créer un lien avec son enfant) ou Externes (qui ne dépendent pas de l’individu comme par exemple le stress de savoir si le bébé sera en bonne santé).
  • Positif (challengeant) ou Négatifs (contre-productif et handicapant).
  • Aigu (de courte durée) ou Chronique (qui se prolonge dans la durée chez l’individu).

Attention toutefois à ne pas laisser le client confondre stress et stresseurs, la source réelle et le contexte. Le coach doit prendre le temps d’explorer les situations avec son client pour ne pas le laisser s’enfermer dans sa confusion. Par exemple, si le titre que donne le père à son stress est « ma compagne », bien creuser les domaines dans lesquels cette dite compagne pourrait stresser les clients, dans quelles situations, sous quelle parole ou action afin de ne pas généraliser le problème à une seule personne.

En évaluant son stress et les domaines qui le touchent, ce futur père va pouvoir se projeter dans la réalisation d’actions à mettre en place pour en diminuer les effets néfastes.

 

  1. l) Impact et Hors Impact.

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Utiliser l’outil de l’Impact ou Hors Impact peut permettre au père de prendre conscience de ce sur quoi il peut agir et ce sur quoi il va devoir trouver des alternatives pour en réduire les conséquences négatives. En proposant cet outil à son client, le coach le replace dans l’action et lui donne la possibilité de décider comment agir sur son stress. Il permet au père de trouver des solutions pour être plus à même de gérer ce stress qu’il peut ressentir face à sa future paternité.

Travailler sur les Zones Impact et Hors Impact, c’est balayer le champ des stresseurs de ce père et l’accompagner vers l’atteinte de son niveau de stress optimal, en lui faisant prendre conscience des clés de ce qu’il peut gérer.

 

  1. m) Balance du Stress.

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Si l’on retient qu’une situation stressante pouvant questionner le père dans sa future paternité provient d’un déséquilibre entre lui et son environnement, il est intéressant de chercher à comprendre comment rééquilibrer les choses afin de trouver un état stable.

En représentant ce déséquilibre sous la forme d’une balance, le coach autorise son client à mettre en lien la perception de ce dont il est capable avec la perception de ce que l’on attend de lui, des exigences qu’il pressent. Au travers de son questionnement, le coach demande plus de détails sur les perceptions de son client, qu’il s’agisse des ressources qu’il a à celles qu’il estime que son environnement attend. En demandant de plus en plus de précisions sur ces soi-disant exigences, le coach va les rendre plus accessibles à son client, moins insurmontables et va lui permettre de comprendre qu’il possède déjà de nombreuses ressources pouvant y répondre. Le père va ainsi mettre en place des actions visant à rééquilibrer cette balance et à trouver un état de stase dans lequel le stress négatif ne sera plus moteur.

Par exemple dans le cas du père qui nous intéresse ici, si pour lui, son environnement lui impose l’exigence de réussir à s’occuper de son foyer et de tous les domaines de vie qui y sont liés pendant que sa compagne se repose, le coach va questionner ces exigences en invitant le client à détailler les domaines de vie dont il parle, qu’est-ce que s’occuper de son foyer, comment le gérait-il déjà avant l’annonce de la grossesse ? Etc… Le but est ici que le client comprenne que les ressources, les capacités et savoirs qu’il a déjà en lui sont utiles à son équilibre, et que les exigences ressenties sont majoritairement affaire de perception.

 

Un père qui serait à même de travailler sur les éléments d’Impacts et Hors Impacts par exemple ou sur les ressources mises en avant grâce à la balance du stress lui permettrait de réagir pour que l’arrivée d’une nouvelle situation stressante le soit moins et qu’il atteigne moins rapidement le niveau optimal de ce qu’il peut gérer.  Et si la finalité d’un processus de coaching est l’autonomie quasi complète du client, il est logique de se demander s’il existe un outil qui pourrait permettre à ce père de conserver cette autonomie face à une situation nouvelle de stress. En cela, connaître et utiliser la capacité maximale d’absorption du stress semble approprié.

Le but à la fin du processus de coaching n’est évidemment pas de voir le client cocher toutes les cases de compréhension et résolutions des problématiques qu’il rencontre, mais qu’il dispose des clés nécessaires pour se comprendre, savoir comment réagir et accueillir cette paternité nouvelle de la façon la plus agréable qui soit.

 

2.3     Renforcement en fin de processus.

Il existe plusieurs stratégies applicables par le coach pour renforcer la motivation et la positivité du père, afin qu’il ne se laisse moins envahir par la négativité de certaines situations rencontrées, ou qu’il soit moins soumis à un stress permanent. Si l’on s’accorde sur le fait que « les renforcements s’appuient sur les ressources du client, les perspectives constructives, les progrès dans l’apprentissage, les compétences du client, les réussites par la mise en mouvement, les avancées par les déclenchements »46, il semble intéressant pour le coach de travailler sur ces renforcements en toute fin de processus afin de valider les acquis de se père perdu en début d’accompagnement et de lui rappeler qu’il est désormais pleinement lui-même, aligné avec ses valeurs, besoins et envies et qu’il peut faire face à toutes les situations que la paternité va lui imposer.

 

  1. o) La ligne de vie.

Si le coach souhaite faire travailler le père qu’il a en face de lui à une meilleure prise de conscience de ce qui a été accompli durant tout le processus, à une projection sur son parcours en tenant compte des hauts et des bas rencontrées et avoir une meilleure idée de qui il est et de la situation qu’il vit, il peut proposer l’outil de la ligne de vie à son client.

Si le tracé de la ligne de vie par le client lui permet de réaliser le chemin parcouru, les périodes de développements au sommet et les périodes de doute qu’il a déjà rencontré, elle permet d’aller encore plus loin. En questionnant chaque sommet sur l’environnement dans lequel il s’est accompli, les émotions, visions, valeurs et comportements associés, le coach permet à son client de mieux connaître encore ses compétences et ses envies. C’est un excellent outil de transition pour que ce père puisse penser à demain et trouver en lui les ressources pour toujours rebondir et garder sa motivation intacte.

 

  1. p) Les domaines de conscience de Bateson.

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Utilisable ici par le coach comme un outil servant à développer et renforcer l’autonomie et la motivation du client tout en en saisissant la profondeur, les domaines de conscience de G. Bateson permettent au client de nourrir ce sentiment de congruence qui le fait être lui-même. Elle permet au père de comprendre comment il fonctionne et comment il évolue, toujours en alignement avec ce qu’il est.

En parcourant le chemin que représente les 6 cases qui fondent les domaines de conscience, le coach invite ce père à se projeter à une date précise (naissance de l’enfant par exemple, premier jour de retour à la maison, son premier anniversaire, etc…) en se connectant à ses émotions et à décrire ce qu’il y voit, ses attitudes, ses ressentis et en récapitulant toutes les ressources, compétences, savoir et savoir-faire qu’il a acquis.

Comprendre, pour ce père, son appartenance à un environnement spécifique, savoir expliquer sa vision de cette projection est un excellent moyen pour lui de se remémorer son rôle, sa place en tant que père et la façon dont il va positivement interagir avec autrui.

Cet outil renforce la cohérence identitaire de ce père qui ne remet ainsi plus en cause son estime de soi.

 

  1. q) Effet boule de neige.

Comme cela a déjà été expliqué, croyances, valeurs, émotions et comportements sont liés. Si l’on retient aussi que tout est question de perception, il est possible de résumer nos pensées de la sorte :

  • « Tu penses en fonction de ce que tu crois vrai et acceptable.
  • Tu ressens les choses en fonction de ce que tu te dis et de tes interprétations.
  • Tu agis en fonction de ce que tu ressens.

En tout ce processus Mental, Émotionnel puis Comportemental, aboutit à un résultat qui aura tendance à venir confirmer tes pensées, entretenir tes émotions et renforcer tes croyances ».48

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En utilisant la méthode rétrograde dans son questionnement, le coach va chercher à alimenter les croyances positives futures de son client une fois son objectif atteint. Il va demander au père face à lui de se projeter dans un futur à objectif atteint pour en faire un présent réel. Puis de ce présent réel, le coach va aussi questionner le point anciennement présent devenu passé. Il va ainsi pouvoir demander, maintenant que l’objectif est atteint, ce qui a changé pour ce père dans sa paternité, comment les choses se déroulent, ressent-il toujours autant de stress, arrive-t-il à équilibrer ses domaines de vies qui pouvait être perçu comme une crainte, etc… En regardant ce passé, le coach va aussi pouvoir demander à ce père une explication sur les ressentis et les étapes par lesquelles il est passé pour parvenir à son changement et aux résultats qu’il observe dans ce futur devenu présent. Ce père alimente ici ses croyances positives et nouvelles sur la parentalité, celles qu’il a adopté lors de ses phases de changements, transitions et quêtes identitaires et va les nourrir de motivations fortes et pensées tout aussi positives pour améliorer la force de ses pensées, de ses émotions et de ses comportements. L’obtention d’un résultat, s’il correspond à ce qui était souhaité, viendra à son tour alimenter de nouveaux et plus intensément les croyances déjà établies. C’est ici un cercle vertueux que le coach peut alimenter en renforcement pour que son client père puisse garder sa motivation et son autonomie intacte.

Il existe une approche psychosociologique à cet effet boule de neige qui le considère comme un moteur important du comportement et presque contagieux. Si un père se met à agir et à alimenter positivement son cercle vertueux et que son entourage en voit les effets, comme une éducation plus positive par exemple, moins d’énervement face à l’inconnu que représente un enfant, moins de fatigue, plus d’énergie, une meilleure communication, etc… l’entourage en question peut être amené à inconsciemment reproduire les mêmes schémas. L’ampleur du phénomène augmenterait donc et se rependrait de plus en plus vite.

 

 

CONCLUSION

 

« Que représente la paternité face à ce poids, cette certitude qu’est la maternité ? » Cette citation de Shashi Deshpande vise à montrer l’une des problématiques les plus présentes dans ce que peux ressentir un père face à une paternité. Il n’est pas question ici de mettre en rivalité les hommes et les femmes sur leurs rôles et leurs fonctions dans la parentalité et le but n’est pas de les comparer. À l’inverse, il est possible de constater que beaucoup de visions et de croyances sur la paternité sont encore tournées vers le passé. Ce père qui au regard de la loi ne détient plus la majorité des pouvoirs sur ses enfants et son foyer, montre aujourd’hui une motivation de plus en plus forte à s’investir dans ce rôle paternel. Comment faire pour concilier image préconçues et persistantes sur ce que devrait être un père, et les envies ou besoins réels de la personne ? Ce qui ressort des lectures, c’est que beaucoup de pères ont constaté l’apparition de troubles après la naissance. La plupart de ces témoignages montrent le décalage existant entre les attentes d’un père, la gestion de ses craintes et ce qu’il en est réellement. Mais prévenir les craintes du père face à la grossesse ne permettrait-il pas de mieux les gérer, de mener au mieux la naissance et les chamboulements qui en découlent ?

La prévention dans ce que peut être la paternité semble ici importantes. La nécessité de prendre médicalement en charge des hommes et des femmes après la naissance d’un enfant grandit. Ainsi, prendre en compte le père dans l’arrivée du bébé semble être une solution appropriée pour harmoniser des situations familiales parfois compliquées. L’inclure dans les nouveautés, le replacer à égalité avec la mère comme il le souhaiterait, lui permettre de s’éloigner des images inculquées et dont il hérite concernant la paternité, accepter de suivre son instinct, avoir confiance en soi et s’écouter sont des clés pouvant alléger les troubles ressentis par ce père qui se présenterait dans le but d’être accompagné par un coach.

 

Pour ce coach, il est important de garder à l’esprit l’individualité de son client et la problématique qui peut varier en fonction de son stade de réflexion sur ses attentes. Il est aussi nécessaire qu’il n’oublie pas les difficultés à faire librement parler ce père. L’idée au sein d’un tel processus est de permettre à ce père d’accepter les changements parfois conséquents qu’il peut vivre, de retrouver un rôle et une place en accord avec ses besoins, de trouver une réponse à la fameuse question « qui suis-je ? » et de gérer le stress qu’il peut ressentir pour accueillir cette paternité avec un maximum de sérénité.

S’autoriser à aller bien dans le but d’accueillir son enfant plus sereinement représente une force qui peut soit empêcher l’apparition de ou tout du moins d’en réduire les effets. Au-delà du père, c’est la quiétude du couple qui peut se voir améliorer et ainsi créer une meilleure harmonie familiale pour une meilleure éducation. Un père en « bonne santé », serait aussi l’occasion pour lui de soulager une future mère, majoritairement soumis aux mêmes questionnements que lui.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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Manuels

LINKUP COACHING (2021), « Devenir Coach Professionnel »

 

 

 

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2 https://www.reseau-parents-aveyron.fr/vie-du-reseau/la-parentalite-de-quoi-parle-t-on/

3 LÉVI-STRAUSS (1947), p. 548

4 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10435

5 https://afhrc.hypotheses.org/4561

6 https://www.insee.fr/fr/statistiques/5422681#figure1_radio1

7 https://www.parents.fr/envie-de-bebe/pma/homoparentalite-adoption-pma-gpa-ce-que-dit-la-loi-334629

8 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1385

9 https://www.enfant.com/bien-etre/couple-famille/etre-papa-au-xxi-e-siecle-14197

10https://www.linternaute.com/lifestyle/mode-de-vie/1155641-etre-un-homme-au-foyer/1155644-quelques-

chiffres

11 MARQUET, J. (2005)

12 https://www.cairn.info/pour-un-accueil-de-qualite-de-la-petite-enfance–9782749210452-page-365.htm

13 https://www.gpma-asso.fr/evolution-de-la-parentalite-les-chiffres/

14 https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/père/59470

15        https://lepetitjournal.com/varsovie/communaute/quest-ce-quetre-un-pere-la-parole-aux-papas-de-la- communaute-259209

16 ARNAUD, M. (2018)

17 ARNAUD, M. (2018)

18 LE CAMUS, J. (2005)

19 ARNAUD, M. (2018)

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22 VASCONCELLOS, D. (2003)

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26 LAMY, A. (2011)

27 NANZER, N. (2002)

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29 LINKUP COACHING, 2021, p66.

30        https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.emotivactions.com%2Fle-triangle-de- karpman%2F&psig=AOvVaw0A- N8q_7jNavJ6ld7vKN9c&ust=1670062924636000&source=images&cd=vfe&ved=0CBIQ3YkBahcKEwjY6u- s29r7AhUAAAAAHQAAAAAQBA

31 LINKUP COACHIN, 2021, p46.

32 LINKUP COACHING, 2021, p225.

33 LINKUP COACHING, 2021, p199.

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36 https://www.delphicoach.ch/equilibre-de-vie/

37 LINKUP COACHING, 2021, p124.

38 LINKUP COACHING, 2021, p175.

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41 LINKUP COACHING, 2021, p173.

42 LINKUP COACHING, 2021, p157.

43 https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=analyse_transactionnelle_th

44 LINKUP COACHING (2021), p240.

45 LINKUP COACHING, 2021, p234.

46 LINKUP COACHING, 2021, p108.

47 LINKUP COACHING, 2021, p227

48/49 https://jechoisislareussite.fr/episode8/

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