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Numéro 11 11/2021

Comment construire une pratique éprouvée du coaching ?

Cet article est une version condensée de mon mémoire de fin de formation de coach consultant, en conséquence les sources de réflexions qui ont alimenté cet article me sont venues relativement tôt pendant ma formation de coach consultant. Telle ou telle pratique est-elle efficace ? Quelles différences entre deux pratiques alternatives sont mesurables ? Sur quelles bases théoriques et expérimentales je me base pour construire ma pratique ?

Julien Cimetière
Article de recherche – Première publication le 19/11/2021

Julien Cimetière est coach professionnel certifié & coach interne chez l’opérateur téléphonique Orange. Il accompagne et forme des équipes de recherche et d’innovation sur les thèmes des méthodes agiles, de la collaboration/coopération et de la communication.


Introduction

Cet article est une version condensée de mon mémoire de fin de formation de coach consultant, en conséquence les sources de réflexions qui ont alimenté cet article me sont venues relativement tôt pendant ma formation de coach consultant. Telle ou telle pratique est-elle efficace ? Quelles différences entre deux pratiques alternatives sont mesurables ? Sur quelles bases théoriques et expérimentales je me base pour construire ma pratique ? Quelles preuves je peux utiliser pour les étayer ? Ces réflexions tiennent d’un automatisme pour moi, d’un mode de fonctionnement qui met souvent en perspective mes croyances et les bases factuelles sur lesquelles elles prennent appui. Une habitude prise au cours de ma formation à coloration scientifique en physique, mathématique et informatique où j’étais familier d’environnements où les questions amènent des réponses claires et définitives : Quelle expérience me permet de vérifier les règles théoriques ? Comment interpréter les résultats ? Quelle est la méthode la plus rapide pour trier cette liste ? Comment organiser des données de façon à économiser un maximum de place tout en facilitant une récupération rapide ?

Aujourd’hui, j’accompagne des équipes sur des thématiques de collaboration, d’organisation et j’ai abandonné l’idée d’avoir une réponse définitive pour les problématiques qui me sont proposées. Les facteurs en jeux sont bien trop nombreux pour pouvoir mener une réflexion logique et espérer obtenir une solution fiable ou unique. Est-ce que pour autant, il s’agit d’abandonner toute preuve ? Dans le domaine de l’informatique, parfois certaines questions aussi demandent une approche différente en raison de la présence de trop nombreuses variables pour pouvoir y répondre sur la base d’une simple réflexion. Nos machines pourront-elles supporter d’avoir autant de visiteurs sur notre site internet ? Dans cette situation, l’expérimentation est un moyen efficace d’en venir à bout : depuis la situation elle-même ou une simulation, tester différentes solutions en prenant des mesures, puis évaluer le résultat. Cependant, dans le cadre de l’accompagnement d’équipe ou du coaching individuel, cette approche n’est pas envisageable d’un point de vue pratique et éthique. Il serait impossible de copier et simuler fidèlement une équipe ou une personne. Il serait dangereux d’effectuer une expérimentation avec des personnes ou individus sans avoir un degré de confiance suffisant sur le résultat. Depuis ses conditions, comment trouver des éléments qui me permettent de baser ma pratique sur des éléments tangibles ? J’ai envie d’orienter ma réflexion vers les pratiques d’études en sciences. Les scientifiques ont déjà ouvert des pistes pour répondre à mon interrogation. Notamment à travers les méthodes expérimentales qu’ils ont développées et affinées. Avant de commencer ce travail, il me reste tout de même deux autres points à éclaircir. Le premier point : pour savoir comment la recherche et ses résultats s’interprètent par rapport à ma problématique, j’ai besoin de bien définir ce que j’entends par coaching. En effet, en parcourant la littérature, je me suis rendu compte que derrière le terme coaching peut se trouver des protocoles très divers : des séances d’entretien individuel menées par un tiers, des protocoles à dérouler seul, des journées de formation théorique prolongées d’un suivi en groupe, des entretiens orientés conseil, du co-coaching… L’interprétation ou la direction des recherches seront d’autant plus pertinentes que le protocole est proche de ma vision. Le deuxième point concerne l’impact attendu de coaching. Pouvoir construire une approche éprouvée du coaching demande d’évaluer son efficacité ce qui suppose de définir d’abord ce que le coaching est censé apporter, pour ensuite pouvoir mesurer et évaluer l’impact.  Dans le cadre de cet article, j’invite le lecteur à mener sa propre réflexion et à apporter sa propre réponse à ces deux questions.

Dans la suite, je propose de vous présenter le résultat de mes réflexions sur ce que pourrait être un coaching basé sur les preuves. Ensuite, je rappellerai les fondements de l’exigence déontologique qui sous-tend cette exigence d’une pratique éprouvée et comment notre fonctionnement et nos croyances peuvent entraver cette recherche pour vous proposer un modèle d’auto-évaluation de ses pratiques. Finalement, je terminerai sur un cas précis de mise en pratique de mes réflexions pour illustrer une démarche de remise en question de mes croyances.

 

1) Une approche basée sur des preuves

Bien évidemment, je ne suis pas le seul à me poser la question de la preuve et de l’approche scientifique dans le cadre du coaching et mes recherches m’ont amené à trouver des publications et livres qui traitent à la fois de la difficulté d’appliquer l’approche scientifique en coaching et donne des moyens de surmonter ces difficultés. Le mot sésame fut « evidence based coaching ». La littérature sur le sujet m’a particulièrement intéressée et dans cette première partie, je vous propose une première définition de cette approche « evidence based » que j’ai traduite par « approche basée sur les preuves ».

Pertinence d’une approche basée sur les preuves

Dans “Evidence Based Coaching Handbook: Putting Best Practices to Work for Your Clients” par Dianne R. Stober et Anthony M. Grant, “evidence-based” est défini ainsi:

“the term evidence-based … refer to the intelligent and conscientious use of the best current knowledge integrated with practitioner expertise in making decisions about how to deliver coaching to individual coaching clients and in designing and teaching training program”

J’ai hésité à traduire « evidence based coaching » par approche scientifique du coaching. En effet, cette approche trouve son origine dans l’approche scientifique en général, la recherche en science médicale et la recherche psychologique. En profitant de la méthodologie de recherche dans ces deux domaines pour construire un corpus de connaissances et de pratiques adaptées au coaching, l’idée est de construire une approche fiable et étayée. Ces deux domaines profitent d’une avance temporelle en termes d’organisation et d’expérience dans leur acquisition de connaissances. Le premier code déontologique des médecins, s’il est associé au serment d’Hippocrate, date du 4ème siècle avant J.C. Coté psychologie, la fondation du premier laboratoire dit de « psychologie expérimentale » serait datée de 1879 à Leipzig par le psychologue Wilhelm Wundt. Pour le coaching, l’apparition du terme coach serait datée aux environs des années 1960 aux Etats-Unis.  Placé dans cette perspective, le coaching me paraît une pratique récente à l’échelle de l’histoire humaine et je trouve pertinent de s’inspirer de la médecine et de la psychologie pour déterminer comment améliorer cette pratique.

L’apport de la médecine vient de la rigueur dans son approche notamment dans les protocoles d’études qui permettent de déterminer l’efficacité d’un traitement. Le diagramme qui suit est issu de la publication d’Anthony Grant[1]. J’y ai ajouté une colorisation pour faire le lien avec la suite de mon propos et mettre en avant la frontière entre début de preuves empiriques et sagesse professionnelle.

Figure 1 : Pyramide de sources de savoir scientifique

La pyramide permet de classer les différentes sources de savoirs dans une approche basée sur les preuves non-spécifiques au coaching. L’empilement dans la pyramide symbolise deux choses. D’abord une hiérarchie de véracité de preuve, les éléments les plus en bas sont les moins fiables, c’est-à-dire qu’ils sont les moins à même de constituer des preuves, tant dis que plus l’élément se trouve en haut de la pyramide plus le degré de confiance qu’il peut y avoir dans ses conclusions augmente. Ensuite, tous les éléments sont empilés, car ils participent tous à la création d’un savoir fiable, les fondations permettant aux étages supérieurs d’émerger. Je souhaite vous présenter un à un ces éléments en commençant par le bas de la pyramide, pour les traduire, les expliciter et faire le lien avec les informations qu’ils apportent:

  • Idées, opinions, éditoriaux, anecdotes (Ideas, Opinions, Editorials, Anecdote) :

Je pourrais renommer cette catégorie en zone des croyances réfléchies, dans le sens où les éléments qui la constitue ne peuvent constituer une preuve, pour autant ils sont le fruit d’une réflexion et alimentent la construction d’une recherche permettant de valider ou d’invalider des pratiques. D’un point de vue opérationnel, il serait dangereux de penser comme fiable les éléments de cette catégorie pour une intégration directe dans un coaching.

  • Article professionnel et texte de référence (Professionnal Article and Reference Text)

Ici, nous sommes dans la zone de la « sagesse professionnelle ». En termes de fiabilité de preuve, cette zone n’est pas beaucoup plus fiable que la précédente. Pour autant les conseils et pratiques qu’elle peut nous apporter mérite que nous nous y intéressions. Il ne s’agit plus d’idées d’un individu unique, mais plutôt d’une connaissance issue de l’expérience collective et compilée par la profession. En tant que coach débutant, c’est ici que je vais retrouver des bases solides pour construire ma pratique. La fiabilité ne vient pas de la preuve, mais de l’intelligence collective de la profession. Attention cependant, stopper la recherche ici pourrait s’apparenter à une forme de paresse intellectuelle. Afin de respecter la déontologie du coach et la nécessité de recherche d’une excellence dans la pratique, je pense important d’étayer plus solidement les pratiques.

  • Étude de cas (Cases studies)

Souvent basées sur une compilation d’interview, les études de cas ne donnent pas encore accès à des données quantitatives. Elles constituent une première approche dans la recherche qui permet de collecter des données qualitatives sur la problématique étudiée. En tant que coach, les cas concrets qu’elles décrivent peuvent servir d’inspiration et donner des éclairages pertinents sur des dérives possibles ou des pistes d’amélioration. D’une certaine façon, elles alimentent la « sagesse acquise par l’expérience » sans avoir à vivre l’expérience.

  • Étude ou analyse transversale (Cross-Sectionnal studies)

Ici commence les débuts de preuves mesurables. Les études transversales s’intéressent à un ensemble de mesures à un instant T pour une population dans sa globalité. Elles permettent l’étude d’une corrélation entre ces différents facteurs, mais ne permettent pas de déduire des liens de causalité. Elles posent des axes de réflexion chiffrés.

  • Étude longitudinale (Within-subject studies) et Étude multifacteur (Between-subject studies)

Ces études impliquent une mesure des facteurs qui nous intéressent avant et après l’application d’un protocole pour en valider les effets. Dans le cas des études multi facteurs, plusieurs groupes sont constitués afin de mesurer différents paramètres. Cela permet de mieux déterminer l’influence de certains paramètres. Bien que fiable, ce type d’étude ne permet pas d’annuler totalement le risque d’influence involontaire par celui qui réalise l’étude.

  • Étude randomisée contrôlée (Randomised controlled studies)

En intégrant un groupe de contrôle et en assurant une affectation aléatoire des personnes ce type d’étude minimise les risques précédemment évoqués. Pour éviter l’influence de l’effet placebo[2], ces études sont souvent réalisées selon la méthode dite en double aveugle, où ni le patient et ni le médecin ne savent si c’est le traitement testé, un autre ou rien qui est donné au patient. Je n’ai pas trouvé d’équivalent de ce type d’étude sur le sujet du coaching. En effet, le coach ne donne pas un médicament ou n’applique pas un traitement, comme son travail est construit dans l’interaction avec le client et le principe d’intentionnalité, il me paraît impossible d’agir sans avoir conscience du protocole ou de la méthode qu’il applique.

  • Méta-analyse (Meta-analisys)

Les méta-analyses correspondent à la compilation d’études sur un sujet précis, en agrégeant un grand volume de données chiffrées, les résultats et les conclusions de sources différentes, elles arrivent actuellement à produire le meilleur résultat en termes de fiabilité de preuve.

Naviguer dans la connaissance

Le sous-chapitre précédent se concentrait sur la façon d’obtenir et de ranger les preuves en fonction du degré de confiance que l’on peut leur accorder. Pour autant, il existe d’autres sources de connaissances pour alimenter les pratiques du coaching. La pratique du coaching ne se construit d’abord pas uniquement sur la théorie. De la même manière qu’un artisan potier progresse dans la réalisation de ses vases à chaque production, le coach progresse à chaque fois qu’il effectue un coaching, chaque fois qu’il se pose pour réfléchir à son auto-évaluation et à chaque fois qu’il échange avec ses pairs. Le coach acquiert des connaissances qui bien que ne répondant pas à la rigueur de la preuve constituent une base importante et essentielle pour sa pratique. Cette façon d’acquérir du savoir par l’expérience prend tout son sens pour construire l’adaptabilité du coach nécessaire au métier. Chaque client est différent, chaque coaching est différent, la théorie ou l’application stricte d’un protocole devient insuffisante. Cet acquis de savoir par l’expérience prend une autre dimension quand s’ajoute la participation à la communauté dans la construction de ce savoir. En additionnant, l’expérience individuelle de chacun, en la mettant en commun, les professionnels du coaching construisent un corpus de pratiques plus fiables. Attention, le collectif permet notamment de corriger les biais individuels pour autant s’en satisfaire ne permet pas de garantir l’efficacité ou l’amélioration des pratiques. Pour cela, il est nécessaire de faire un effort de recherche et d’intégrer les apports que constituent les preuves scientifiques (empiriques).

Le diagramme suivant à nouveau issue de la publication d’Anthony Grant[3], met en avant quatre catégories de contributions au coaching basé sur les preuves qui résume cette articulation entre plusieurs sources d’alimentation des connaissances. J’y ai ajouté une colorisation pour faire le lien avec les éléments de la pyramide présentée précédemment.

Figure 2 : Diagramme de contribution au coaching basé sur les preuves

Le diagramme présente deux branches. La première, à gauche, « professional wisdom » que je traduis par sagesse professionnelle est la branche de la connaissance construite par l’observation, la pratique et l’échange. Elle se divise en deux sous-groupes, « individual experience » expérience individuelle et « group experience consensus » consensus issu de l’expérience de groupe.

La seconde, à droite, « empirical evidence » que je traduis par preuve empirique est l’entrée dans le monde de la recherche avec une division en deux zones. En premier, la recherche spécifique au coaching « coaching-specific research » se concentre sur l’accumulation de preuves et savoirs spécifiques au coaching. Elle permet d’acquérir un savoir directement applicable dans le coaching, par exemple, une étude qui s’intéresse à l’effet du nombre de séances de coaching sur le résultat du coaching. En deuxième, la recherche pertinente pour le coaching « coaching-relevant research » est constituée de recherche dans d’autres domaines que celui du coaching, mais qui trouve une application dans le coaching. Par exemple, tout le domaine des études qui s’intéresse à la définition, l’émergence et la gestion des émotions, bien que ne traitant pas directement du coaching, elles pourront apporter des applications théoriques et pratiques au domaine du coaching.

2)  Conscientiser ses croyances pour construire la connaissance

Comme vu précédemment, organiser sa pratique du coaching à partir des études scientifiques n’est pas une chose aisée. En tant que coach, je peux rapidement me trouver perdu devant la multiplicité des sources et une fois le tri effectué, il ne m’est pas évident d’en déduire des changements concrets sur ma pratique du coaching. Pour autant, maintenir à jour ses compétences et construire une pratique éprouvée fait partie des exigences déontologiques pour le coach. Dans ce chapitre, je vous propose d’expliquer cette exigence déontologique, de mettre en avant certains biais cognitifs auxquels le coach est soumis, pour ensuite proposer une modélisation et son application pour construire une pratique personnelle plus fiable et étayée du métier de coach.

 

Une démarche scientifique : une exigence déontologique

Dans l’introduction de la charte déontologique EMCC[4] l’intention suivante est exprimée « nous nous engageons à promouvoir et appliquer l’excellence des pratiques du coaching» et un chapitre complet est réservé à l’excellence de la pratique. Cette déclaration est essentielle, avec l’obligation de la participation à la supervision qui contribue notamment à garder un regard critique sur sa posture de coach. Elle me pousse sur la voie du questionnement, comment garantir l’excellence au-delà de la supervision, sur quelles bases ma pratique repose-t-elle ? Je divise sa construction en trois temps, la découverte, la consolidation, l’extension.

Dans un premier temps, la découverte pendant ma formation, il s’agit d’abord d’acquérir les bases du métier, dans ce contexte, j’agis en confiance de façon à apprendre les concepts et le vocabulaire de base qui me permettront de pratiquer et de construire ma pratique. Si je reprends les catégorisations du chapitre précédent, de mon point de vue, je suis plutôt dans la zone d’acquisition du savoir à partir du consensus issu de l’expérience de groupe. Ayant un regard neuf et peu entraîné sur la discipline, je ne saurais par où commencer, ou bien comment organiser le savoir sur la profession. Je fais donc confiance à l’expérience, au travail pédagogique des enseignants coaches, mes futurs pairs. Je parle de confiance et ne classe pas ce savoir du côté des preuves empiriques non pas parce que ce savoir ne serait pas prouvé mais parce que l’effort personnel d’associer des preuves à chaque connaissance une à une représenterait un travail fastidieux qui rendrait impossible la formation.

Arrive ensuite la deuxième phase, celle de la consolidation. Une fois suffisamment de connaissances acquises, il m’est possible de naviguer plus librement et de faire preuve de curiosité. Je vais pouvoir creuser certains sujets, aller plus loin sur les outils, m’interroger sur leurs bases théoriques, pour affiner ma compréhension. Par exemple en creusant sur les fondements de l’analyse transactionnelle, quels sont l’ensemble des concepts qu’elle recouvre, quelle est son origine, comment a-t-elle été construite, sur quelles bases, comment a-t-elle évolué aujourd’hui, quels concepts sont venus s’ajouter ? Cette phase de questionnement ressemble à une enquête, elle permet de découvrir de nouveaux éléments qui vont nourrir ma pratique et la questionner. Elle permet aussi par la recherche de faire basculer les savoirs de la zone de la sagesse professionnelle à celle de la preuve empirique.

La dernière phase est celle de l’extension, ma curiosité m’amène plus loin, certains concepts me paraissent insuffisamment étayés dans ma pratique et je découvre d’autres concepts intéressants. Je rentre activement dans la construction d’une excellence de la pratique. Se pose alors la question du choix des pratiques, théories et connaissances à garder, renouveler, remplacer ou découvrir. Selon quels critères ?

Je vous propose de changer un instant de perspective sur cette question. Durant ma formation et en dehors, je suis tombé au grès du hasard sur différentes pratiques et outils. Certaines se retrouvent dans mon cursus de formation actuel comme l’écoute active, la physiologie du stress, les émotions, d’autre non ou sont juste évoquées comme la relation client-thérapeute, la programmation neurolinguistique, et d’autres m’interrogent comme les techniques graphologiques, les tests de personnalité, l’ennéagramme ou encore la psycho généalogie.  Et selon les coaches que j’interroge certifiés, non certifiés ou formés dans d’autres écoles, certains de ses outils s’avèrent de bénéfiques ou utiles à douteux et dangereux. Selon quels critères je me permets personnellement de classer les uns ou les autres ? La confiance et la sagesse collective ne me suffisent plus. En effet, je pourrais me baser sur le consensus issu de l’expérience de mes pairs à travers une communauté. Cependant, j’y vois un danger si cela se transforme en confiance aveugle, si j’oublie de faire preuve d’un esprit critique. Oublier ce danger pourrait me faire basculer d’une pratique raisonnée à une pratique communautaire (sectaire ?) qui ne se nourrirait que de croyances. Persuadé de faire le bien je pourrais me transformer en « charlatan ».

Ecrire au sujet de l’analyse transactionnelle précédemment m’incite à faire un parallèle dans mon esprit que je souhaite partager. La page 192 de mon classeur de formation (Linkup Coaching. (Edition 2019-II). Devenir coach consultant) présente le diagramme et les explications suivantes

«  En Analyse Transactionnelle, on distingue quatre niveaux de connaissances :

  • La méconnaissance inconsciente : la personne ne sait pas qu’elle ignore
  • La méconnaissance consciente : la personne sait qu’elle ne sait pas
  • La connaissance consciente : la personne sait qu’elle sait
  • La connaissance inconsciente : la personne ne sait pas, ou ne sait plus, qu’elle sait. »

Figure 3 : Courbe de l’apprentissage

Tant que je me trouve dans la zone, je sais que je sais, je suis capable de relier ma connaissance à source et il m’est possible de faire appel à mon sens critique pour retourner vers la zone, je sais que je ne sais pas. Malheureusement, si une croyance ou un savoir obsolète se glisse dans la zone, je ne sais pas (plus) que je sais, en réalité je suis retourné au tout début de la courbe, je ne sais pas que je ne sais pas.

Les critères qui me permettent de valider et de choisir parmi les pratiques, tels qu’exposés au chapitre 2, notamment sur la pyramide des différentes échelles de preuves sont donc importants, pour autant faire cette sélection de façon statique est insuffisant. Ma lecture personnelle du code déontologique m’impose une exigence, non pas celle de garantir une pratique du coaching complètement éprouvée, mais celle de m’engager à conserver mon esprit critique, de construire, déconstruire et consolider ma pratique en permanence sur la base de la recherche de preuve.

Croyances et biais : Une influence sur mes pratiques

En tant que coach, je suis familier de la notion de croyance et comme tout être humain je possède mon propre système de croyance. Si je reprends les notions de ma formation[5] : une croyance représente une affirmation que nous pensons vraie. Les croyances se construisent au cours de notre vie sur la base des expériences que nous vivons et s’organisent dans un système de croyances. Ce système regroupe notamment des croyances qui forgent notre identité où nous renseigne sur nos capacités et nous permettent d’appréhender le monde qui nous entoure de lui donner un sens et d’agir. Les croyances représentent une réalité personnelle sur nous, les autres et le monde. Elles donnent vie à une réalité personnelle qui peut être différente de la réalité logique. De plus, elles n’agissent pas toujours de façon explicite pour nous, une grande partie de ces représentations constituant un mécanisme inconscient qui nous influence.

Si je me pose la question des croyances, dans le cadre de la construction d’une pratique éprouvée du coaching, deux points importants ressortent :

  • Les croyances ne sont pas la réalité logique. En conséquence, si celles-ci ne sont pas alignées avec la réalité logique, ma pratique ne sera pas aussi efficace que je le pense. Tout le sens d’une recherche scientifique rigoureuse est justement de fournir un maximum de preuves et de connaissance pour que cette réalité personnelle se rapproche un peu plus de la réalité logique du monde.
  • Les croyances peuvent être inconscientes. Cela veut dire qu’il existe un risque élevé que je ne sois pas conscient des croyances qui me guident et si celles-ci s’avèrent éloignées de la réalité logique, je prends le risque d’agir incorrectement même avec de bonnes intentions.

Le premier point était directement en rapport avec la question de la fiabilité des preuves et de l’organisation de la connaissance scientifique. Comment se rapprocher de la réalité logique ? Les éléments de réponse sont ceux du chapitre deux avec la Figure 1 : Pyramide de sources de savoir scientifique. Le deuxième point implique la nécessité de faire un effort conscient pour mettre à jour ses croyances. C’est pour cela que je propose un modèle d’auto-évaluation de mes croyances dans la version complète de mon mémoire.

Le différentiel entre réalité personnelle et réalité logique renvoie à la notion de biais ou biais cognitif. Un biais trouve sa source dans une stratégie cognitive qui produit un traitement erroné de l’information (éloignement de la réalité logique) pour un individu. J’aimerais évoquer un certain nombre de ces biais qui me paraissent importants car ils peuvent influencer de façon néfaste la recherche d’une pratique éprouvée. Cette influence peut se manifester sur deux dimensions présentées précédemment[6] : l’expérience individuelle et la sagesse collective.

Biais de confirmation

Celui-ci peut s’expliquer par une tendance à vouloir préserver nos croyances. Nous allons chercher, trier ou traiter l’information de façon à éliminer la dissonance cognitive au profit de nos croyances actuelles. Les éléments qui mettent à mal nos croyances seraient donc omis ou minimisés et nous aurions tendance à nous nourrir plus facilement des éléments qui confirment nos croyances. L’impact individuel sur la recherche d’une pratique éprouvée peut être le suivant :

  • Dans l’interprétation des sources d’information, il existe un risque de discréditer les sources qui invalident notre hypothèse et donner une importance plus grande aux sources qui la confirment.
  • Une sélection inconsciente pourrait nous amener à choisir des lieux ou sources plus à même de confirmer nos croyances.
  • Cette même sélection pourrait éliminer inconsciemment des sources ou éléments contradictoires.

Dans une dimension collective, l’existence de croyances communes peut nourrir mutuellement le biais de confirmation de chacun et créer un environnement de confirmation collective.

L’illusion de corrélation

Mise en avant notamment par Chapman et Chapman[7], il s’agit d’un biais connu et documenté dans la psychologie sociale[8]. Cet effet peut être décrit comme « Un jugement erroné de relation entre deux variables basé sur la co-occurrence d’évènement stimulant distincts »[9]. Dans la pratique du coaching cela peut se traduire par exemple par le fait que lors d’entretien avec un client, celui-ci est mal à l’aise suite à un questionnement sur son objectif et que j’en déduise que c’est ce questionnement qui l’a mis mal à l’aise, alors que le client peut par exemple avoir pensé à son rendez-vous important après notre entretien et dont il ne m’a pas parlé. Je pourrais aussi construire une croyance suite à l’accumulation de concordance entre évènements similaires, par exemple : J’ai utilisé deux fois de suite l’outil SCORE avec deux clients et les deux clients ont pu clarifier leur demande en cinq minutes ; Croyance erronée : l’outil score permet de clarifier une demande rapidement.

L’analyse de pratique entre pair et la supervision sont notamment deux outils qui participent à la mise en lumière de ce biais. Dans le domaine de la recherche, la corrélation constitue d’abord une hypothèse et un protocole expérimental sera formulé pour confirmer ou infirmer le lien de corrélation ou de cause.

Effet halo et effet de notoriété

Il a été notamment étudié par Nisbett et Wilson[10]. Cet effet implique que le ressenti global sur une personne influence la perception de ses traits individuels. Si je trouve une personne antipathique, je vais sous-estimer ses compétences par exemple. Cette influence peut aussi jouer sur notre perception et la validation du discours de la personne. D’un point de vue individuel, le risque est de surestimer la validité du discours d’une personne charismatique. Sur le plan collectif, cela pourrait être un facteur dans l’émergence de « gourou » dont la parole n’est pas remise en cause collectivement. Dans la recherche, les études tentent d’éviter de subir cet effet en se concentrant au maximum sur la qualité méthodologique des contenus et évitent la compilation à partir de sources d’un auteur unique.

Biais de conformisme

Si je m’intéresse aux travaux de Solomon E. Asch[11], l’opinion de la majorité peut avoir un impact sur les croyances et le comportement. Dans le cadre des croyances acquises par l’expérience de la sagesse collective, cela peut impliquer le danger d’une autocensure personnelle (consciente ou inconsciente) pour ne pas contrevenir à l’avis du groupe même si celui-ci ne se base pas sur un socle de preuves. D’un point de vue du groupe, cela fait écho au biais de confirmation et peut participer à l’entretien de croyances erronées au sein d’une communauté.

Modèle dynamique de représentation de mes croyance

Objectif du modèle

Suite aux paragraphes précédents, je me pose la question d’un point de vue opérationnel, comment mettre en place un outil qui me permettrait de questionner mes pratiques et construire une pratique éprouvée du coaching en tenant compte de mes croyances et de l’existence de biais ? Dans ce chapitre, je propose une réponse très personnelle sous forme d’un modèle permettant de représenter mes croyances de coach. Ce modèle est l’équivalent d’une auto-évaluation dynamique. Dans un premier temps je compte utiliser le modèle pour représenter l’état actuel de mes connaissances. Cette construction sera l’occasion d’évaluer l’état de mes croyances et voir comment est construite ma pratique du coaching. Dans un second temps, je souhaite me focaliser sur les éléments qui m’interrogent dans ma pratique et effectuer des recherches pour les affiner, les étayer ou les invalider si nécessaire. Enfin, je souhaite pouvoir utiliser le modèle dans le futur pour continuer de m’autoévaluer et l’enrichir de nouvelles connaissances.

Description du modèle

Le modèle s’articule autour de trois concepts : les pratiques, les sources et le degré de confiance. Les pratiques sont le cœur du modèle, ce sont les éléments que je souhaite évaluer. Les pratiques sont rattachées à des sources qui permettent de déterminer sur quelles bases je m’en sers. De là je peux en déduire un degré de confiance qui me permet de garder, adapter, renouveler ou éviter la pratique en question. Un diagramme présente le modèle en fin de chapitre.

Les pratiques

Les pratiques représentent le métier du coach et modélisent les actions que peut réaliser le coach, le cadre qu’il se donne. Il est ici question de la dimension qui permet d’exercer le coaching d’un point de vue opérationnel, ainsi que des connaissances qui influencent et soutiennent la pratique du coach. Les pratiques se divisent elles-mêmes en trois catégories :

  • Les théories: Toutes les connaissances qui n’ont pas une application directe mais qui pourtant vont permettre au coach de lire, comprendre et s’adapter aux situations, de le guider dans le choix de ses protocoles et outils. Dans cette catégorie, je pense aux théories sur la construction de l’identité, à l’analyse transactionnelle ou encore aux théories sur le stress.
  • Les protocoles: Un protocole se définit par un déroulé précis délimité dans le temps. Il s’utilise selon des conditions préalables à remplir avec une suite d’opérations à réaliser pour mener vers un résultat attendu clairement défini. L’exemple de base est celui du protocole de coaching qui débute par un premier entretien de prise de contact (la présentation du coaching et du contrat au client), suivi d’un ensemble de séances organisées pour clarifier la demande du client puis la transformer en objectif respectant les critères du PDFO, amenant le client sur le chemin de la réalisation de son objectif, et se terminant par une séance de clôture. Ce protocole étant celui qui encadre complètement le coaching, il s’inscrit dans une durée de plusieurs séances et sa définition exhaustive reste complexe. D’autres protocoles plus élémentaires peuvent exister, notamment à l’intérieur de celui-ci, ils peuvent se dérouler sur un temps plus court et selon des conditions et résultats plus simple. Un exemple de ce type serait le SCORE qui permet de clarifier une demande en faisant naviguer le client physiquement dans l’espace sur différentes catégories (ressources, causes, situation, objectif, effet, méta).
  • Les outils: Cette catégorie regroupe les éléments de pratique utilisables par le coach de façon ponctuelle qui ne se retrouve pas forcement mise en œuvre dans une durée. Les outils sont utilisés pour répondre à une intentionnalité à un instant T et s’inscrivent comme une assistance dans la réalisation de protocole et l’adaptation aux différentes situations que peut rencontrer le coach. S’inscrivent dans cette catégorie des éléments comme la reformulation, l’écoute active, la contextualisation ou encore le renforcement.
Les sources

Les sources représentent l’origine des pratiques, pour quelles raisons j’utilise cette pratique en tant que coach. J’aurais pu choisir le mot croyance à la place de source, en effet, il serait équivalent pour moi de dire qu’il s’agit des croyances qui alimentent les pratiques. Leur division se base sur les conclusions du chapitre 2 avec une échelle de fiabilité, un dégrée de confiance, croissants qui va des croyances simples, aux croyances construites pour finir sur les croyances étayées. J’ai ajouté à cela la catégorie des principes déontologiques. Le choix du mot principe plutôt que croyance est guidé par une volonté de ma part de différencier cette catégorie des trois autres, non pas parce qu’il ne s’agit pas comme pour les autres d’un élément de croyance, mais parce que j’aimerais mettre en avant une différence de traitement de leur association à un dégrée de confiance. Voici une description plus détaillée de chacun de ses éléments :

  • Principes déontologiques: Comme je l’évoquais précédemment, il s’agit d’une catégorie particulière. Bien qu’étant une catégorie de croyance, elle se différencie des trois autres dans son traitement. Prenons les exemples suivants de principes déontologiques extraits de la charte EMCC[12] : « Veiller en permanence à favoriser l’indépendance et l’autonomie du client », « Les membres communiquent à tout client … … des informations précises et véridiques sur leurs qualifications professionnelles, … … leur expérience, leur formation, leurs certifications et accréditations. » Il me paraît hors de propos de se poser la question des preuves, de la pertinence ou de l’efficacité de ces principes. En effet, pour les questionner ou en débattre le curseur ne se situe pas sur le terrain de la science mais plutôt dans le domaine philosophique et plus précisément sur le terrain de l’éthique. La question n’est pas : «  Est-ce qu’être sincère sur ses qualifications participe à un coaching efficace ? » mais « Est-il moral de donner des informations fausses au client sur sa qualification ?». En conséquence cette catégorie se verra attribuer un niveau de confiance particulier.
  • Croyances simples: Comme le modèle que je présente est dynamique, il s’agit de la première catégorie associée à une affirmation en attendant que je sois capable de lui associer des éléments pour l’étayer. Par exemple, « la graphologie n’est pas une pratique de coaching fiable », je peux faire  basculer cette affirmation dans la catégorie suivante en trouvant des éléments concrets qui m’ont permis de construire ma croyance ou des preuves suffisantes pour l’étayer, mais tant que ce n’est pas le cas, l’affirmation reste dans la catégorie des croyances simples. De plus, il est possible pour moi d’y trouver des éléments de définition comme « Le coaching individuel se déroule en entretien entre un client et un coach ». Cette croyance est questionnable dans le sens où il serait possible d’imaginer la présence de deux coaches, ou de deux clients, associé à la question « Est-ce que cela ne permettrait pas un meilleur coaching » mais il ne s’agirait plus de coaching individuel, rien n’empêche quelqu’un d’autre d’avoir une définition différente sur le sujet. Les différences de définition peuvent être une source de débat amenant de nouvelles connaissances ou de nouvelles pratiques.
  • Croyances construites: Arrive dans cette catégorie les croyances associées à la sagesse par l’expériencementionnée dans la figure 2. Elles sont construites dans le sens où elles ont été expérimentées et validées par mon vécu, ou alors, elles appartiennent à la catégorie de la sagesse collective et j’ai internalisé ce vécu à travers mon expérience ou l’expérience de mes pairs. Par exemple, la croyance « Il est possible de faire des coachings par téléphone » est confirmée par l’expérience personnelle où je l’ai déjà fait. Et en même temps, avant de faire les coachings par téléphone, j’ai pu valider avec des formateurs et d’autres coaches que c’était possible. Sur la pertinence du coaching par téléphone, le passage dans la catégorie suivante « croyances étayées » pourrait se faire en me renseignant sur des études qui traiteraient de la question et qui donneraient des informations mesurées sur le sujet.
  • Croyances étayées: Les éléments classés dans cette catégorie sont associables à une première piste de preuve. Après avoir été construit par la pratique, j’ai fait l’effort de me pencher sur ces croyances pour y associer des études et une littérature suffisante pour les considérer comme étayées. Je pense notamment à des croyances sur la pratique du coaching en entreprise pour lesquelles j’ai trouvé une littérature abondante avec par exemple l’étude citée au chapitre 2[13] qui permet de faire le lien avec d’autres études et apporte un éclairage étayé sur l’impact du coaching en entreprise.
Le degré de confiance

Le degré de confiance est une mesure subjective pour permettre de classer les différentes pratiques en fonction des sources. J’ai défini 7 niveaux : Spécial, Nul, Faible, Modéré, Fort, Très fort :

  • Spécial : S’associe aux principes déontologiques pour noter leurs spécificités
  • Nul : Association directe avec les croyances simples.
  • Faible et modéré : Modulation pour les croyances construites en fonction de la force du consensus collectif.
  • Fort et très fort : Réservé aux croyances étayées en fonction du niveau de preuve.

Il est à noter que si la recherche révèle qu’une croyance n’est pas confirmée par les preuves, elle restera dans la catégorie croyance construire et sera associée à un niveau Nul ou Faible en termes de degré de confiance. 

Schéma récapitulatif

Figure 4 : Schéma récapitulatif du modèle dynamique de représentation de mes croyances

3) Un exemple de mise en application

Pour faciliter l’application du modèle j’ai choisi de représenter les informations sous forme de « mindmap » en utilisant l’outil framindmap[14]. Le modèle complet en dernière version est accessible publiquement sur internet[15]. Pour la construction du modèle, j’ai dans un premier temps passé en revue une sous-partie de mon classeur de formation[16], je me suis concentré sur les chapitres concernant l’accompagnement individuel. Au fur et à mesure de cette lecture, j’ai rempli le mindmap en conséquence. Afin de ne pas surcharger le diagramme, j’ai fait un choix dans les éléments présentés qui ne se veulent pas exhaustifs. Après cette première passe j’ai ajouté des éléments auxquels j’ai pensé et qui pouvaient manquer ou des pratiques que je souhaitais interroger. Enfin, j’ai réservé un encart pour m’interroger sur les croyances liées directement au modèle que je présente. Dans ce chapitre, je ne pense pas être pertinent de passer en revue tous les éléments du diagramme. Je vais plutôt traiter plusieurs pratiques spécifiques sur lesquelles le modèle m’a fait m’interroger : une pratique générale rencontrée avant et pendant ma formation (la programmation neuro-linguistique), deux outils présents dans le classeur (VAKOG et les mouvements oculaires). J’ai commencé en premier sur deux éléments que j’ai classé comme croyances construites (présence dans le classeur et vue en cours avec des formateurs-coaches) ce sont : l’indicateur de l’orientation sensorielle, le Vakog et le principe des mouvements oculaires. J’ai choisi ses éléments car j’avais des doutes sur leur mise en pratique et que les principes décrits peuvent faire directement l’objet d’un protocole expérimental. En menant des recherches sur leur origine, je suis tombé sur la programmation neuro-linguistique, ce qui m’a amené à creuser sur ce sujet pour obtenir plus d’information et mettre en application la recherche de preuves sur un sujet plus complexe que les deux principes cités précédemment. Suite à cette recherche, je reviens sur les apprentissages que j’en retire ainsi que les limites et améliorations possibles sur mon modèle de représentation de mes croyances.

1.   Un cas de mise en pratique spécifique : Vakog, mouvements oculaires

D’abord qu’est-ce que le VAKOG ? La théorie part du principe que notre cerveau encode les perceptions qu’il reçoit de l’extérieur selon une représentation interne qui répond à des registres sensoriels : visuel, auditif, kinesthésique, olfactif, gustatif. Dans le cadre de la communication, cela aurait des répercussions sur le langage utilisé par la personne et celle-ci aurait un canal de prédilection. Respecter ce canal, permettrait de créer une meilleure relation de confiance avec le client. La recherche en anglais que j’ai trouvé sur le sujet parle de PRS (Primary Representationnal System).

D’un autre côté, les mouvements oculaires permettraient de déterminer sur quel registre la personne recherche et traite l’information, comme présenté dans l’illustration suivante extraire de mon classeur de formation[17]. Cette information a deux utilisations :

– Aider à déterminer le canal de prédilection de la personne

– Nous informer des processus cognitifs en cours chez la personne

Dans la recherche en anglais le terme utilisé est EAC« Eye Accessing Cues »

Figure 5 : Direction du regard (extrait du classeur de formation[18])

Mon objectif était donc de trouver des éléments permettant d’étayer ces deux pratiques. Pour trouver des éléments de preuves sur le sujet, j’ai dans un premier temps effectué une recherche sur Google Scholar sur le terme VAKOG avec peu de succès sur la pertinence des résultats, bien que citant la technique, ils ne traitaient pas directement d’expérimentation ou d’études sur le sujet. En partant de ce point, je me suis donc intéressé à l’origine de ces techniques et je l’ai trouvé dans la programmation neuro-linguistique. Ayant une origine, j’ai pu mener une recherche plus précise sur les termes correspondant à cette pratique en anglais « primary representational system « neurolinguistic programming » » qui m’ont amené des résultats sur mes interrogations. Mon but n’étant pas de faire l’équivalent d’une méta-analyse complète sur le sujet, je vais présenter ce que j’ai appris du débat et commenter les études et références qui ont alimenté ma réflexion.

Le concept PRS (primary representational transfert) a été conçu par Richard Bandler et John Grinder dans les années 1970[19]. Ce modèle fut testé de façon empirique dans les années 80 et j’ai trouvé notamment pour cette période trois études pertinentes :

– Une première meta-analyse[20] par Shapley qui se base sur 15 études et dont la conclusion invalide le concept de PRS

– Une revue de 39 études par Einspruch  et Forman[21] qui pointe des erreurs de méthodologie dans la recherche en PNL (qui inclut les 15 précédentes)

– Une réponse à cette revue par Shapley[22] qui inclut 7 nouvelles études et une réfutation des critiques.

À ce stade de ma recherche, n’ayant pu avoir accès à ces études de façon complète, je ne me permettrais pas de juger de la pertinence de leur argumentation. Si je considère ces trois articles, je ne peux pas affirmer que le concept PRS est faux par contre je peux affirmer que je n’ai pas trouvé d’études démontrant sa véracité.

Partant de ce constat, j’ai poussé plus loin ma recherche, en privilégiant les méta-analyses, elles ont l’avantage de compiler une liste d’études et donnent donc des pointeurs intéressants, en plus d’une conclusion argumentée sur la base de ces études. Les études suivantes ne concernent plus le PRS ou l’EAC mais questionnent de façon générale la programmation neurolinguistique. L’étude de Jonathan Passmore et Tatiana Rowson de 2019[23] donne un avis défavorable sur le PRS et l’EAC et conclue négativement sur la programmation neurolinguistique (PNL):

“Given this review, we have no hesitation in coming to the view that coaching psychologists and those interested in evidenced based coaching would be wise to ignore the NLP brand in favour of models, approaches and techniques where a clear evidence base exists. However, moving forward, we might take with us the dream which NLP offered of drawing the best practices from multiple traditions to create a unified model of coaching and behavioural change.”

Ma traduction :

« Après cette étude, nous n’avons pas d’hésitation à adopter le point de vue que les coach-psycologues et ceux intéressés dans une approche basée sur les preuves du coaching seraient avisés d’ignorer la marque PNL en faveur de modèles, approches et techniques où une base de preuves claires existent. Cependant, en avançant, nous pourrions prendre avec nous le rêve que la PNL nous as offert en piochant dans les meilleures pratiques de multiples traditions pour créer un modèle unifié de coaching et de changement comportementaux »

Une autre étude[24] de Witkowski présente une conclusion similaire avec la particularité de s’être concentrée uniquement sur la Neuro-Linguistic Programming Research Data Base dans sa méta-analyse :

« The qualitative analysis indicates the greater weight of the non-supportive studies and their greater methodological worth against the ones supporting the tenets. Results contradict the claim of an empirical basis of NLP »

Ma traduction :

« Une analyse qualitative des résultats indique un poids plus grand des études négatives et une plus grande qualité méthodologique par rapport à celle qui soutiennent les principes. Les résultats contredisent l’affirmation d’une base empirique de la PNL»

À ce stade de ma recherche, je partage les mêmes conclusions. D’autant plus que d’autres études présentent des résultats négatifs sur l’approche même s’il ne concerne pas spécifiquement le coaching[25]. Je considère donc le VAKOG et les mouvements oculaires comme n’étant pas basés sur suffisamment de preuves empiriques. Je les place donc dans les croyances construites avec un faible degré de confiance.

Maintenant en tant que coach et d’un point de vue pratique, je ne souhaite pas m’arrêter à cette conclusion. Elle invalide deux outils, sans offrir une alternative. Si je mets de côté les théories PRS et EAP pour m’interroger uniquement sur la question des mouvements oculaires lors de l’entretien de coaching : Existe-t-il des éléments de preuve montrant un quelconque rapport entre le mouvement des yeux et un état du client ou une réaction du client ? La question posée sous cet angle-là offre une nouvelle direction de recherche et une nouvelle perspective sur les études précédentes. D’abord en revenant sur les études précédemment citées, quand elles invalident l’EAP, elles n’invalident pas le fait que les yeux bougent en réaction aux questions et certaines donnent même des tendances possibles pour ces directions. L’étude citée par Jonathan Passmore et Tatiana Rowson comme exemple d’invalidation et réalisée par Kamarul Zaman Ahmad [26]montre une faible corrélation (correspondance à 63.6%) sur la direction du « visuel souvenir ». Sur une étude que j’ai trouvée en m’intéressant au domaine de la reconnaissance par ordinateur du mouvement et de la position des yeux[27], une corrélation sur la dimension visuelle apparaît aussi et une prédominance sur la direction construite est visible. Le mouvement des yeux existe donc et pourrait servir d’indicateur pour le coaching, malheureusement actuellement je n’ai pas trouvé de système ou théorie fiable pour décrire ces mouvements. D’un point de vue pratique, je peux classer le mouvement des yeux en tant qu’élément observable durant le coaching. Je les inclus dans les éléments non-verbaux observables chez le client et je peux m’en servir par exemple en tant qu’élément de calibration.

Pour revenir sur la question de la programmation neurolinguistique en général. Il est intéressant de noter que l’invalidation d’une partie de ses théories ne constitue pas une preuve d’inefficacité de la méthode dans son ensemble ou d’autre élément spécifique de la théorie. Sur ce point l’étude de Cătălin Zaharia, Melita Reiner et Peter Schütz[28], bien que concluant à la nécessité d’approfondir le sujet dans le cadre de la psychothérapie, donne des pistes sur des cas où la méthode aurait un effet (applicable uniquement à la thérapie et non au coaching). De plus, obtenir un avis sur la programmation neurolinguistique suppose d’abord de la décrire de façon complète et académique. Ce qui selon les mots de Jonathan Passmore et Tatiana Rowson [29] n’est pas encore le cas : « Both the content and the construct of NLP are not yet sufficiently well-defined and agreed upon by experts in the field. » Cette difficulté de définition amène d’ailleurs parfois des avis tranchés et fortement négatifs sur la programmation neurolinguistique[30]. Le site midiluves du gouvernement français qui recense les dérives sectaires liste la PNL dans les méthodes dîtes « psychologisantes »[31](bien que la définition associée soit limitée) et il est possible de trouver des articles classant la PNL dans les pseudo-sciences[32]. D’un autre côté, l’institut français de programmation neurolinguistique délivre un diplôme dont le titre est reconnu par le répertoire national des certifications professionnelles[33]. Il est à noter que la réputation de la PNL ne constitue pas en soi une preuve scientifique pour ou contre.

Personnellement, après cette première recherche approfondie, je classerais les éléments de la PNL dans le domaine des croyances construites avec un degré de confiance faible. Je me note d’être vigilant sur les outils liés à cette approche tout en gardant l’esprit ouvert pour me permettre d’évaluer à la lumière d’éléments factuels et de preuves toute nouveauté qui lui serait liée.

Conclusion

Construire une pratique éprouvée du coaching représente une tâche difficile. En effet, le coaching est un processus complexe qui se construit autour de la relation entre un professionnel et un client. Le facteur humain est donc double, avec deux acteurs. Cela rend le coaching particulier par rapport à d’autres domaines de la science comme la chimie ou les mathématiques, pourtant le coaching appartient bien au domaine des sciences, celui des sciences humaines. Dans ce domaine, le coaching rejoint la psychologie dont les apports théoriques alimentent sa pratique. En termes de recherches en sciences et de déontologie, des parallèles intéressants peuvent se faire avec la médecine :

  • Deux approches centrées sur la personne avec leurs implications déontologique, d’excellence de la pratique, d’information, de liberté de choix…
  • Deux approches qui doivent prendre en compte la complexité et l’unicité de chacun dans leurs interventions.

Pour autant, il ne faut pas oublier une différence majeure dans leur façon d’aborder la relation. Le médecin comme le psychologue a un but thérapeutique et amène depuis l’extérieur une solution au patient. Le coach a un but d’accompagnement du client et amène celui-ci à trouver ses propres ressources à l’intérieur de lui-même.

Pour garantir une excellence de la pratique, je pense qu’il est essentiel au niveau individuel de conserver un regard critique et détaché sur ses pratiques. De la même façon que lors d’une séance avec son client le coach monte sur son « petit vélo » pour garder en permanence un regard d’observateur sur le client, lui-même et leur relation. J’invite les coaches à monter sur un « grand vélo » pour se questionner eux-mêmes, leurs pratiques et la relation qu’ils entretiennent avec elles. En tant que coach, même si je reste seul devant le client, je ne suis pas seul dans ma pratique et d’autres avant  moi se sont poser des questions sur la pratique d’un coaching éprouvé. La construction d’une pratique plus é prouvée du coaching s’inscrit dans une dimension collective. Je pense qu’en tant que communauté de professionnel, aider à construire cette pratique est essentiel pour garantir la confiance et une excellence dans nos accompagnements et je me sens enthousiaste à l’idée de faire progresser ensemble la qualité de nos pratiques au bénéfice de nos clients.


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https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/humanisme/40616?q=humanisme#40524


Notes

[1] Grant, Anthony. (2016). What constitutes evidence-based coaching? A two-by-two framework for distinguishing strong from weak evidence for coaching 1. International Journal of Evidence Based Coaching and Mentoring. 14. 74.

[2] L’effet placebo est le fait que se savoir traité puisse avoir une influence sur la pathologie indépendamment du traitement pris

[3] Grant, Anthony. (2016). What constitutes evidence-based coaching? A two-by-two framework for distinguishing strong from weak evidence for coaching 1. International Journal of Evidence Based Coaching and Mentoring. 14. 74.

[4] https://www.emccfrance.org/deontologie-coach-mentors/

[5] (Linkup Coaching, Edition 2019-II, p. 139)

[6] Figure 2 : Diagramme de contribution au coaching basé sur les preuves

[7] Chapman, Loren J., and Jean P. Chapman. « Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations. » journal of Abnormal Psychology 72.3 (1967): 193.

 

[8]  (voir ci dessous)

[9] Mullen, B., & Johnson, C. (1990). Distinctiveness‐based illusory correlations and stereotyping: A meta‐analytic integration. British Journal of Social Psychology, 29(1), 11-28

[10] Nisbett, R. E., & Wilson, T. D. (1977). The halo effect: Evidence for unconscious alteration of judgments. Journal of Personality and Social Psychology, 35(4), 250–256

[11] Asch, S. E. (1956). Studies of independence and conformity: I. A minority of one against a unanimous majority. Psychological monographs: General and applied, 70(9), 1.

[12] https://www.emccfrance.org/deontologie-coach-mentors/

[13] Tim Theeboom, Bianca Beersma & Annelies E.M. van Vianen 2013, Does coaching work? A meta-analysis on the effects of coaching on individual level outcomes in an organizational context.. The Journal of Positive Psychology.

[14] https://framindmap.org

[15] https://framindmap.org/c/maps/944702/public

[16] (Linkup Coaching, Edition 2019-II, p. 1 à 237)

[17] (Linkup Coaching, Edition 2019-II, p. 69)

[18] (Linkup Coaching, Edition 2019-II, p. 69)

[19] Bandler, Richard. (1975-) The structure of magic : a book about language and therapy. Grinder, John. Palo Alto, Calif.: Science and Behavior Books.

Bandler, Grindler, 1979 Frogs into Princes

[20] Sharpley, C. F. (1984). Predicate matching in NLP: A review of research on the preferred representational system. Journal of Counseling Psychology, 31(2), 238–248.

[21] Einspruch, E. L., & Forman, B. D. (1985). Observations concerning research literature on neuro-linguistic programming. Journal of Counseling Psychology, 32(4), 589–596.

[22] Sharpley, Christopher F. (1987) Research findings on neurolinguistic programming: Nonsupportive data or an untestable theory? Journal of Counseling Psychology, 34(1), 103-107

[23] Jonathan Passmore & Tatiana Rowson A review of NLP research and the application of NLP in coaching International Coaching Psychology Review l Vol. 14 No. 1 Spring 2019 67

[24] Witkowski, T. (2010). Thirty-five years of research on Neuro-Linguistic Programming. NLP research data base. State of the art or pseudoscientific decoration?. Polish Psychological Bulletin, 41(2), 58-66.

[25] Jackie Sturt, Saima Ali, Wendy Robertson, David Metcalfe, Amy Grove, Claire Bourne and Chris Bridle, Neurolinguistic programming: a systematic review of the effects on health outcomes British Journal of General Practice 2012; 62 (604)

Yasuhiro Kotera & Michael Sweet (2019) Comparative evaluation of neuro-linguistic programming, British Journal of Guidance & Counselling, 47:6, 744-756

 

[26] Ahmad, K. Z. (2013). Lying eyes: The truth about NLP eye patterns and their relationship with academic performance in business and management studies (MBA). International Journal of Business and Management, 8(23), 67.

[27] Vranceanu, R., Florea, L., & Florea, C. (2013). A computer vision approach for the eye accesing cue model used in neuro-linguistic programming. Sci. Bull. Univ. Politehnica Bucharest Ser. C, 75(4), 79-90.

[28] Zaharia, C., Reiner, M., & Schütz, P. (2015). Evidence-based neuro linguistic psychotherapy: a meta-analysis. Psychiatria Danubina, 27(4), 0-363.

[29] Passmore, J., & Rowson, T. (2019). Neuro-linguistic programming: A review of NLP research and the application of NLP in coaching. International Coaching Psychology Review, 14(1), 57.

[30] Roderique-Davies, G. (2009). Neuro-linguistic programming: cargo cult psychology. Journal of applied research in higher education, 1(2), 58-63.

[31]https://www.derives-sectes.gouv.fr/quest-ce-quune-d%C3%A9rive-sectaire/o%C3%B9-la-d%C3%A9celer/les-d%C3%A9rives-sectaires-dans-le-domaine-de-la-sant%C3%A9/quell

[32]https://en.wikipedia.org/wiki/Neuro-linguistic_programming

https://digest.bps.org.uk/2016/07/29/10-of-the-most-widely-believed-myths-in-psychology/

https://www.afis.org/La-programmation-neurolinguistique-ou-l-art-de-manipuler-ses-semblables

[33] https://certificationprofessionnelle.fr/recherche/rncp/27800

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